Les investisseurs ont accueilli avec prudence mercredi la performance trimestrielle de la Banque Nationale et ce même si le bénéfice par action a surpassé les attentes.

Alors que les perspectives macroéconomiques continuent de soulever des questions, les profits trimestriels de la plus grande banque au Québec ont reculé de 5 % à 847 millions durant les mois de février, mars et avril. Les profits avaient atteint 889 millions à la même période l’an passé.

Le profit par action du trimestre s’est élevé à 2,38 $ par action, ce qui se compare avantageusement aux 2,36 $ par action attendus par les analystes.

Comme prévu, la banque a relevé son dividende trimestriel de 5 % à 1,02 $ par action.

La direction de la banque soutient que la « bonne performance de tous les secteurs d’exploitation attribuable à la croissance des revenus a été contrebalancée par l’augmentation des dotations aux pertes de crédit, résultant en partie d’une détérioration des perspectives macroéconomiques, ainsi que par l’impact sur la charge d’impôts des mesures fiscales 2022 du gouvernement du Canada ».

Les dotations aux pertes de crédit pour le trimestre – c’est-à-dire les fonds mis de côté pour couvrir les prêts susceptibles de ne pas être remboursés – s’élèvent à 85 millions, un niveau largement inférieur aux prévisions des experts. Ces derniers prévoyaient 110 millions.

« C’est anormalement bas », commente l’analyste Mike Rizvanovic, de la firme Keefe, Bruyette & Woods.

Pour cette raison, cet expert considère les résultats de la banque comme étant de « moindre qualité » et anticipait une certaine pression en Bourse.

L’action de la Banque Nationale a perdu 2,8 % mercredi pour clôturer à 97,32 $ à la Bourse de Toronto.

Mike Rizvanovic soulignait que le fait que le titre de la Banque Nationale profitait d’une évaluation favorable depuis un moment sur les marchés laissait présager une réaction prudente de la part des investisseurs dans le contexte actuel.

Son collègue Meny Grauman, de la Scotia, ajoute que la Banque Nationale et la Banque Royale sont les seules grandes banques canadiennes bénéficiant de primes d’évaluation en Bourse.

« L’évaluation relative de l’action de la Nationale est un facteur important pour juger de la réaction des investisseurs à des résultats décidément mitigés », dit-il.

Malgré certains points positifs, notamment le bénéfice par action, l’amélioration des prévisions en matière de pertes sur prêts, et un ratio des fonds propres supérieur aux attentes, Meny Grauman note plusieurs points négatifs susceptibles d’avoir affecté l’humeur des investisseurs.

Ces points négatifs, précise-t-il, comprennent une certaine pression sur les marges nettes, et des profits inférieurs aux prévisions – et en baisse – autant du côté de la banque asiatique en propriété exclusive ABA que du côté de Credigy, la filiale américaine de financement d’actifs appartenant à la Banque Nationale.

« Notre positionnement défensif, avec des niveaux élevés de fonds propres et de liquidités et des niveaux prudents de provisions pour pertes de crédit, continuera à soutenir notre croissance rentable et nous aidera à traverser toute période d’incertitude », a commenté le PDG de la banque, Laurent Ferreira tout en qualifiant l’environnement actuel de « difficile ».

La Banque Nationale était la dernière des six grandes banques canadiennes à présenter ses résultats financiers ce printemps.