(Montréal) Le syndicat des pilotes de la plus grande ligne aérienne du pays a ouvert la porte à des négociations hâtives – dès le mois prochain, au milieu de la haute saison des voyages – ajoutant de la pression sur une industrie sous surveillance après une année difficile.

Le groupe de pilotes d’Air Canada a annoncé mardi qu’il avait invoqué une clause pour mettre fin à sa convention collective de 10 ans un an plus tôt et lancer des négociations en vue d’une nouvelle entente.

Cette décision intervient après que les pilotes de WestJet et de sa filiale à bas prix Swoop ont conclu ce mois-ci une entente de principe qui leur garantit une augmentation de salaire de 24 % sur quatre ans, ainsi qu’un horaire plus flexible et une forte augmentation des indemnités journalières.

Depuis qu’ils ont conclu une entente en 2014, les pilotes d’Air Canada ont obtenu une augmentation de salaire de 2 % chaque année.

Compte tenu des négociations hâtives, l’accord actuel restera en vigueur jusqu’au 29 septembre, mais ses dispositions s’appliqueront toujours après cette date, ont précisé les deux parties.

« Les pilotes d’Air Canada sont impatients de travailler avec l’entreprise en vue d’un contrat qui répondra aux problèmes de progression de carrière et de sécurité d’emploi pour ses pilotes, et comblera l’écart salarial croissant entre les États-Unis et le Canada », a affirmé dans un courriel la porte-parole de l’Air Line Pilots Association, Camilla Castro.

« L’accord actuel, qui est en place depuis près d’une décennie, témoigne de la relation productive que nous entretenons avec nos pilotes. Nous nous attendons à ce que les négociations à venir se déroulent dans le même esprit », a pour sa part indiqué le porte-parole d’Air Canada, Peter Fitzpatrick, dans une déclaration transmise par courriel.

L’Association des pilotes d’Air Canada, dont les 4500 membres ont rejoint la Air Line Pilots Association (ALPA) il y a deux semaines, a déjà indiqué qu’elle pourrait envisager de lancer les négociations dès le 1er juin. Le syndicat s’attend à signifier ses intentions à la direction au début du mois prochain, a précisé Mme Castro.

La fusion avec ALPA, à laquelle appartiennent également les équipages de WestJet, signifie que 95 % des pilotes professionnels canadiens sont représentés par un seul syndicat, a souligné Charlene Hudy, présidente du conseil du syndicat d’Air Canada.

L’accord entre WestJet et ses pilotes — qui devrait être soumis à un vote de ratification début juin — servira de référence pour d’autres groupes d’aviation, allant des équipages de conduite aux agents de bord, a estimé le consultant en aviation Rick Erickson.

« Je soupçonne que le syndicat des pilotes d’Air Canada a probablement les mêmes documents devant lui », a-t-il affirmé vendredi, lors d’une entrevue.

Les négociations en cours surviennent alors que les compagnies aériennes font face à une intense concurrence intérieure et transfrontalière de la part de transporteurs à très bas prix tels que Flair Airlines et Lynx Air. En outre, les compagnies aériennes canadiennes cherchent à renouer avec les bénéfices après avoir enregistré des centaines de millions de dollars de pertes pendant la pandémie.

Les pénuries de main-d’œuvre continuent de sévir dans l’industrie aéronautique alors que le secteur émerge de la pandémie de COVID-19 et de la tourmente des voyages de l’année dernière. Les travailleurs se font rares dans des domaines allant du contrôle du trafic aérien à la manutention au sol.

En mars, les pilotes de Delta Air Lines ont conclu un accord qui prévoit une augmentation de salaire de 34 % sur quatre ans.

Les pilotes d’American Airlines ont pour leur part autorisé une grève pendant les négociations contractuelles au début du mois, avant de parvenir à un accord préliminaire la semaine dernière.

Les pilotes d’United Airlines sont également au milieu de négociations, réclamant un salaire encore plus élevé que leurs homologues de Delta, ainsi que des dispositions comparables au chapitre de la qualité de vie.