Alors que les investisseurs boudent Thérapeutique Knight, un gestionnaire d’actifs de Saint-Bruno-de-Montarville garde confiance et devient le plus important actionnaire institutionnel de cette société pharmaceutique montréalaise.

La firme Medici a bonifié le mois dernier sa participation dans Knight pour dorénavant détenir plus de 10 % des actions. Medici a amorcé le mois de mai avec 11,5 millions d’actions de Knight en portefeuille, indique un document déposé auprès des autorités réglementaires.

Au cours actuel, cette participation dans Knight est évaluée à 55 millions de dollars.

Medici ne cherche pas à obtenir un siège au conseil d’administration. « On apprécie ce que les dirigeants font. On ne veut pas prendre une position activiste », commente le gestionnaire de portefeuille, Pierre-Olivier Langevin.

Si le fondateur et président exécutif du conseil, Jonathan Goodman, demeure le principal actionnaire de Knight avec environ 20 % des actions, Medici vient de passer devant l’homme d’affaires George Armoyan au deuxième rang dans l’actionnariat.

L’action de Knight continue de se négocier près de son prix plancher. Le titre a clôturé la séance de mercredi à 4,74 $ à la Bourse de Toronto. Il valait plus de 10 $ il y a six ans.

La pression sur le titre s’est accentuée à la fin de mars après la publication des résultats de fin d’exercice. Devant la faiblesse du titre, Knight a racheté massivement des actions à des fins d’annulation durant tout le mois d’avril.

Medici ne cache pas que la performance boursière de Knight met sa patience à « rude épreuve ». Mais le gestionnaire d’actifs dit garder le cap parce que la croissance des revenus et des profits est au rendez-vous. « Le multiple d’évaluation du titre ne le reflète pas », dit Pierre-Olivier Langevin.

Il précise que Knight présente depuis plusieurs trimestres une croissance supérieure à 10 %. Les revenus ont augmenté de 21 % en 2022 tandis que le bénéfice d’exploitation a monté d’environ 50 %.

« L’évaluation se situe à approximativement 5x les bénéfices d’exploitation excluant l’encaisse et les actifs superflus au bilan. C’est très faible. Des entreprises privées obtiennent des évaluations plus généreuses que ça », souligne Pierre-Olivier Langevin.

Selon lui, la récente baisse du titre semble liée à la déception du marché quant aux projections financières diffusées par la direction pour 2023.

Grande prudence

Medici note que les dirigeants de Knight ont historiquement fait preuve d’une grande prudence lorsqu’ils faisaient part de leurs prévisions en début d’année.

Par exemple, en 2022, Medici souligne que Knight a livré une croissance des revenus de 21 %, alors que la direction avait présenté une prévision de croissance de seulement 8 % 12 mois plus tôt. Medici croit probable que la situation se répète en 2023 et que les prévisions présentées s’avèrent trop prudentes.

Depuis 2019, les revenus sont passés de 48 millions à presque 300 millions. Le bénéfice d’exploitation ajusté est pour sa part passé de 7 millions, à 55 millions au cours de cette période. Pendant ce temps, Medici remarque que Knight a racheté environ 18 % de ses propres actions à un cours inférieur à sa valeur intrinsèque.

Medici prévoit une croissance « vigoureuse » des bénéfices pour les prochaines années, car Knight ajoute quelques nouvelles licences de médicaments chaque année.

Considérant sa situation financière et les bénéfices qu’elle génère, Knight devrait aussi être en mesure d’acquérir d’autres produits parvenus à maturité ou des rivales, selon Medici.

De mauvais résultats sur une période prolongée ou une perte d’espoir que le capital puisse être déployé sur un horizon raisonnable sont les éléments qui viendraient à bout de la patience de Medici.

Sur Bay Street, ils sont 4 analystes sur 7 à dire d’acheter. La cible moyenne sur 12 mois est à 6 $, ce qui laisse miroiter un rendement potentiel de 25 % par rapport au cours actuel.

Avant de fonder Knight en 2014, Jonathan Goodman avait cofondé et dirigé Laboratoires Paladin, une société pharmaceutique rachetée par Endo Health en 2013 pour 3,2 milliards de dollars.

Le désintérêt persistant des investisseurs envers Knight peut s’expliquer de plusieurs façons, selon Pierre-Olivier Langevin. La présence importante de Knight en Amérique latine, où l’instabilité politique et celle des devises peuvent effrayer certains investisseurs. Il y a aussi encore beaucoup de capital au bilan et certains investisseurs pourraient ne pas apprécier.

Pierre-Olivier Langevin note aussi que Knight détonne comparativement à d’autres sociétés pharmaceutiques. Plusieurs entreprises du secteur ont des bilans peu reluisants et il croit que Knight en souffre peut-être par la bande. On peut notamment penser aux débâcles des Valeant, Concordia Healthcare et Endo.