Après avoir été ignoré par les transporteurs aériens canadiens à bas prix ces dernières années, le marché québécois est en train d’inverser la tendance. On en comptera bientôt deux à Montréal-Trudeau – une première – avec l’arrivée prochaine de Lynx Air.

Un peu plus d’un an après son vol inaugural, la compagnie albertaine se posera dans la métropole le 5 juin prochain, une expansion qui coïncide avec la saison estivale où la demande s’annonce vigoureuse.

« Montréal a toujours été sur notre liste, explique en entrevue la présidente et cheffe de la direction de Lynx, Merren McArthur. Notre objectif est de nous implanter dans les régions mal desservies par les transporteurs à très bas prix, et le Québec est l’un de ces marchés. »

Cette avocate de formation, capable de s’exprimer en français, connaît bien l’industrie aérienne. Avant de faire ses valises pour Calgary, elle a passé dix ans chez Virgin Australia, où elle a redressé les services régionaux en plus de démarrer une division cargo. Elle a aussi été aux commandes de Tigerair Australia – un transporteur à bas prix – pendant près de deux ans.

Avec l’objectif d’exploiter 46 appareils – des Boeing 737 MAX – d’ici 2028, Lynx voit grand. Mais la croissance doit être ordonnée, affirme sa dirigeante. Les nouveaux marchés s’ajoutent progressivement. La flotte de sept avions passera à dix d’ici la fin de l’année.

Désireuse d’accorder une attention particulière à la question linguistique, Mme McArthur explique en partie pourquoi Lynx a pris son temps avant de desservir la métropole.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Merren McArthur, présidente et cheffe de la direction de Lynx Air

Nous voulions nous assurer d’avoir du personnel capable de parler français. Ces personnes sont très recherchées, comme vous pouvez l’imaginer. Notre engagement est clair sur le bilinguisme.

Merren McArthur, présidente et cheffe de la direction de Lynx Air

De Montréal-Trudeau, Lynx commencera par offrir des liaisons directes vers Vancouver, Calgary et Saint John’s, à Terre-Neuve-et-Labrador. Par la plaque tournante qu’est la ville de Calgary, les voyageurs en provenance de la métropole auront accès à plusieurs villes canadiennes comme Vancouver et Victoria, ainsi qu’à quelques villes américaines comme Las Vegas, Los Angeles et Phoenix.

Les grands centres

Le modèle d’affaires de ces transporteurs, connus en anglais sous l’appellation d’ultra-low cost carriers, repose généralement sur l’utilisation d’aéroports secondaires, parce que leurs frais sont moins élevés et que leur achalandage moindre réduit les risques de retard.

Au Canada, il doit être adapté, affirme la présidente de Lynx. Cela explique pourquoi la compagnie aérienne s’implante dans les principaux aéroports du pays. Pour le reste, la stratégie ne change pas : on évite de rivaliser directement avec les grandes compagnies aériennes pour maintenir des prix plus bas. Cela signifie que les services comme l’enregistrement des bagages entraînent des frais supplémentaires.

« On n’offre que de l’eau à bord, souligne Mme McArthur. Nous n’offrons pas de nourriture ni d’autres boissons, même en payant. Il n’y a pas de divertissement, pour conserver la simplicité de notre modèle d’affaires. De toute façon, personne n’aime la nourriture dans un avion. On préfère dire : apportez votre repas. »

Des quatre transporteurs canadiens à bas prix, Lynx et Flair Airlines seront les deux seuls avec une présence québécoise. Dans le cas de Flair, son arrivée remonte à l’été 2021. Swoop, filiale à bas prix de WestJet, ainsi que Canada Jetlines sont absents.

Contrairement à l’Europe et aux États-Unis, les transporteurs à bas prix ont mis du temps à s’implanter au Canada. Il reste à voir si cette fois-ci sera la bonne.

« La question, c’est de voir quelle sera la réponse d’Air Canada et des grands transporteurs, affirme l’expert en aviation et chargé de cours à l’Université McGill John Gradek. J’ai l’impression qu’Air Canada se repositionne vers les liaisons internationales et vers le marché américain et qu’il va laisser les plus petites compagnies rivaliser dans le bas du marché. »

Lynx compte parmi ses actionnaires la firme d’investissement privé Indigo Partners LLC de l’homme d’affaires Bill Franke, également présent dans des compagnies à bas prix comme Frontier Airlines et Wizz Air. Cela joue en faveur de l’entreprise albertaine, croit M. Gradek.

« Je pense qu’on a quelqu’un qui va vouloir rester au Canada, dit-il. On a un concurrent avec beaucoup de connaissances en matière de gestion des coûts dans le secteur aérien. »

Lynx Air en bref :

  • Début des activités : 2022
  • Siège social : Calgary
  • Présidente et cheffe de la direction : Merren McArthur
  • Effectif : Environ 280 personnes
  • Taille de la flotte : 7 appareils (objectif de 46)
  • Actionnaires : Claridge, Indigo Partners LLC, Torquest Partners
En savoir plus
  • 60 $
    Prix minimum pour un bagage enregistré chez Lynx Air. Cette somme n’est pas comprise dans le prix du billet.
    lynx air