Les terrains sur lesquels se trouvait autrefois l’usine d’explosifs de la Canadian Industries Limited (CIL), en banlieue sud de Montréal, intéressent Northvolt, qui envisage de construire une usine de cellules de batteries en Amérique du Nord, a appris La Presse. L’entreprise européenne s’intéresse aussi à la Côte-Nord et à Montréal dans ses démarches.

Dans la filière des batteries, la fabrication de cellules constitue la dernière étape avant l’assemblage d’une batterie lithium-ion que l’on retrouve dans les véhicules électriques. Il s’agit du chaînon manquant dans l’écosystème que souhaite mettre en place le gouvernement Legault.

L’intérêt de l’entreprise suédoise – qui compte BMW, Volvo et Volkswagen parmi ses clients – pour McMasterville et Saint-Basile-le-Grand figure dans sa récente inscription au Registre des lobbyistes. Les noms de Baie-Comeau et de Montréal se sont ajoutés dans des mises à jour subséquentes.

« Northvolt étudie la possibilité de construire et d’exploiter une production de batteries en Amérique du Nord et est donc en communication avec le Québec afin d’identifier des sites potentiels dans la région », peut-on lire.

Sans surprise, les activités de lobbyisme visent notamment à identifier les aides publiques potentielles pour boucler le financement de l’usine et s’assurer d’obtenir l’approvisionnement énergétique nécessaire. En plus d’Investissement Québec – le bras financier de l’État québécois –, Northvolt veut aussi frapper à la porte de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Vendredi, la jeune pousse suédoise a réitéré qu’elle envisageait toujours un complexe nord-américain après avoir annoncé la construction d’une usine en Allemagne, un projet qui recevra de généreuses subventions en provenance des autorités allemandes. Une décision serait prise dans les prochains mois.

Le Québec en ligne de mire

La Presse avait déjà révélé l’intérêt de Northvolt pour le Québec, mais ses recherches se précisent. L’entreprise n’effectue cependant pas de lobbyisme en Ontario – qui a attiré chez lui l’usine de batteries de Volkswagen – pour l’instant.

Des trois emplacements québécois envisagés (McMasterville, Baie-Comeau et Montréal), celui de la Rive-Sud semble avoir une longueur d’avance.

Selon le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, il serait surprenant de voir un fabricant de cellules venir s’établir dans la métropole.

L’est de Montréal, il n’y aura pas de celluliers ici, selon moi. Il peut y avoir d’autres entreprises reliées à la filière des batteries, ça pourrait arriver.

Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie

Chose certaine, ce genre de projet ne verrait pas le jour dans le parc industriel et portuaire de Bécancour, l’endroit privilégié jusqu’à présent par Québec pour jeter les bases de la filière des batteries. Non seulement l’espace commence à manquer, mais le bassin de main-d’œuvre est vraisemblablement insuffisant.

« Il faut être réaliste, dit M. Fitzgibbon. On ne va pas bâtir une usine de cellule de 3000, 4000 personnes à Bécancour. Ça n’arrivera pas. Il faut pouvoir dire aux entreprises étrangères : “On peut vous accommoder et vous allez pouvoir recruter ici.” »

En s’implantant en banlieue sud de la métropole, Northvolt se rapprocherait du principal bassin de main-d’œuvre de la province.

Ancienne usine d’explosifs

Les terrains et bâtiments de l’ancienne usine Canadian Industries Limited (CIL) se trouvaient à la limite de McMasterville et Saint-Basile-le-Grand. Situé au bord du Richelieu, le site, qui fabriquait entre autres des explosifs, a mis la clé sous la porte en 1999. Les travaux de démolition avaient débuté l’année suivante.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

L’usine de McMasterville de l’entreprise Canadian Industries Limited (CIL) a mis la clé sous la porte en 1999, et les bâtiments ont été démolis l’année suivante.

Interrogées par La Presse, les deux municipalités n’ont pas voulu commenter l’intérêt de Northvolt. Le maire de Saint-Basile-le-Grand, Yves Lessard, n’a même pas voulu dire s’il savait que le nom de Saint-Basile-le-Grand apparaissait dans l’inscription du fabricant de cellules.

« La Ville n’est pas propriétaire du terrain, a-t-il répondu, dans un courriel. Elle n’est donc pas nécessairement au fait de l’ensemble des discussions. »

Sur son site web, le promoteur immobilier Luc Poirier dit envisager un « projet multi-usage principalement résidentiel au cœur d’un site de 182 hectares (1,8 million de mètres carrés) » à l’endroit autrefois occupé par la CIL. L’ancien participant à l’émission de téléréalité Occupation double a dirigé les questions de La Presse vers Habitations Jasmont Deschênes, ses « partenaires » qui s’occupent du projet. Au moment d’écrire ces lignes, il n’avait pas été possible de s’entretenir avec l’entreprise.

Du côté de Baie-Comeau, le maire Michel Desbiens, élu en février dernier, ignorait l’intérêt de Northvolt.

« Nous n’avons pas eu de discussions avec cette entreprise, a-t-il dit, en entrevue téléphonique. Si elle nous contacte, on va être heureux de discuter. Il y a plusieurs entreprises qui lorgnent notre parc industriel. »

Northvolt en bref

  • Année de fondation : 2015
  • Siège social : Suède
  • Produits : Matériaux de batteries, systèmes de stockage d’énergie et infrastructures de chargement
  • Effectif : Plus de 4000 personnes
  • Investisseurs connus : Goldman Sachs, Volkswagen, Régime de retraite des employés de l’Ontario
En savoir plus
  • 40
    Il y a une quarantaine de projets qui font l’objet de discussions dans la filière des batteries, selon le ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon.
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