En dépit des ennuis financiers et des doutes quant à la capacité de poursuivre les activités, la direction de Marché Goodfood maintenait depuis plusieurs mois qu’un bénéfice d’exploitation allait être dégagé en début d’année et elle a gagné son pari.

Non seulement l’entreprise montréalaise spécialisée dans les repas prêts à cuisiner a généré un bénéfice d’exploitation ajusté de 3 millions pour le trimestre couvrant les mois de décembre, janvier et février, elle affiche même un profit net de 100 000 $.

Cette performance liée étroitement aux initiatives de réduction des coûts est enregistrée malgré une baisse marquée des ventes et du nombre de clients actifs.

Les ventes du trimestre ont reculé de 43 % sur un an, à 42 millions, reflétant un changement de comportement chez les consommateurs et la modification de l’offre de services.

Goodfood a laissé tomber à l’automne la livraison rapide de produits d’épicerie sur demande et annoncé en janvier qu’elle mise désormais davantage sur ses meilleurs clients, c’est-à-dire ceux qui commandent le plus de repas prêts à cuisiner. La direction soutient que ces clients à valeur élevée favorisent de plus grandes économies par unité.

« Les ventes ont reculé en raison surtout de l’attention que nous portons sur la prospection et la fidélisation de clients à valeur élevée pour lesquels les besoins sont moindres en matière d’incitatifs », commente le grand patron de Goodfood, Jonathan Ferrari.

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Jonathan Ferrari, grand patron de Goodfood

Les revenus sont maintenant sous pression – c’est-à-dire en baisse – depuis sept trimestres et l’analyste Martin Landry, de la firme Stifel/GMP, a de la difficulté à voir quand et comment cette tendance sera renversée.

« L’entreprise est limitée en termes de capacité à déployer des capitaux pour attirer de nouveaux clients et fait face à une forte concurrence de la part de ses pairs mieux financés. »

C’est pourquoi Goodfood se concentre sur l’acquisition et la fidélisation de clients à plus forte valeur ajoutée en proposant des produits différenciés comme des repas paléo et keto, ou en s’associant à des chefs cuisiniers, précise-t-il.

Introduire une plus grande sélection de repas prêts à consommer ainsi que des kits de repas moins chers pour attirer une clientèle différente sont des possibilités. Ça pourrait toutefois rendre l’entreprise plus complexe et placer la rentabilité sous pression comme par le passé, selon Martin Landry.

Le nombre de clients actifs s’élevait à 124 000 au début de mars alors qu’il était de 137 000 trois mois plus tôt. Cette diminution surprend l’analyste Frédéric Tremblay, chez Desjardins, qui s’attendait à ce que Goodfood ait plutôt gagné des clients actifs. Il prévoyait que l’entreprise allait révéler avoir 139 000 clients actifs.

Cet expert souligne néanmoins que l’amélioration de la rentabilité est bien meilleure qu’anticipé. Il s’attendait à un bénéfice d’exploitation de 300 000 $ et non pas de 3 millions.

Il souligne aussi que la marge brute de 41 % est du jamais-vu chez Goodfood. Cette marge avait atteint 36 % au trimestre précédent et s’élevait à 24 % il y a un an.

La direction de Goodfood dit s’attendre à dégager à nouveau un bénéfice d’exploitation pour le trimestre en cours. Le consensus des analystes s’articule actuellement autour d’un bénéfice d’exploitation de 700 000 $ pour les mois de mars, avril et mai.

Jonathan Ferrari soutient que les résultats présentés mercredi mettent en lumière l’exécution réussie en ce qui a trait au redressement de l’efficience opérationnelle et que l’entreprise met maintenant l’accent sur une croissance rentable.

L’analyste Martin Landry fait par ailleurs remarquer que le bilan s’est renforcé à la suite du financement réalisé cet hiver et il croit que Goodfood peut soutenir ses opérations pendant encore au moins 18 mois avec ses moyens actuels.

Après avoir atteint un sommet de 14 $ en Bourse il y a deux ans, l’action de Goodfood s’est repliée et vaut aujourd’hui une soixantaine de cents.