(Pékin) Cinq employés chinois du bureau de Pékin de la société d’audit américaine Mintz Group ont été arrêtés par les autorités chinoises, a affirmé le groupe vendredi.

« Les autorités chinoises ont arrêté les cinq employés du bureau à Pékin de Mintz Group, tous de nationalité chinoise, et y ont fermé nos opérations », explique l’entreprise dans un communiqué à l’AFP.  

La société assure qu’elle « n’a pas reçu d’avis officiel à propos d’une procédure légale » contre elle, et a « demandé aux autorités de libérer ses employés ».  

Elle dit avoir fait appel à des avocats pour « dialoguer avec les autorités et aider (ses) employés et leurs familles ».

« Nous avons toujours travaillé de manière transparente, éthique et en respect des lois et règlements applicables » en Chine, déclare l’entreprise, ajoutant qu’elle travaillerait avec les autorités pour « résoudre tout quiproquo qui aurait pu conduire à ces évènements ».  

Chaînes aux portes

Vendredi, des journalistes de l’AFP ont constaté que ses locaux à Pékin étaient vides, ses portes bloquées par des chaînes.  

Les bureaux de police de la zone ont refusé de répondre à l’AFP. Le ministère des Affaires étrangères chinois a lui dit ne pas être au courant de ces informations.  

Mintz Group, dont le siège social se trouve à New York, est une société spécialisée dans les enquêtes pour accusations de fraude, de corruption et de mauvais comportements au travail, ainsi que les vérifications d’antécédents.  

Elle compte 18 bureaux au total, dont à Washington. Sur son site, Mintz Group précise que ses employés « creusent profondément les questions qui concernent nos clients – du palais présidentiel à la plateforme pétrolière en mer ».  

En 2017, directeur de la branche Asie du groupe, Randal Phillips, avait estimé que les États-Unis devaient se saisir de problèmes de déséquilibres structurels engendrés par les politiques chinoises et pénalisant le commerce.  

Une page web de Mintz Group avait alors titré : « La Chine doit subir des conséquences », avec des citations de M. Phillips. Elle semble avoir été supprimée, bien que des versions archivées restent disponibles en ligne.

Ancien de la CIA

Selon des documents du gouvernement américain également disponibles en ligne, Randal Phillips avait témoigné avant la remise en 2018 d’un rapport d’une commission du Congrès américain centré sur les tentatives chinoises d’étendre son influence à l’étranger.

Sur le site de Mintz Group, M. Phillips est décrit comme un ancien de la CIA où il a travaillé 28 ans, « le plus récemment en tant que représentant en chef de la CIA en Chine ».

Ces arrestations surviennent au moment où les relations États-Unis–Chine sont au plus bas depuis des décennies, les deux premières puissances mondiales s’opposant sur tous les sujets, du commerce aux droits de la personne.

Les tensions se sont encore accrues en février quand Washington a abattu un ballon d’espionnage présumé, que Pékin continue de qualifier de dispositif météorologique.