Le grand patron d’Hexo affirme qu’une « guerre des prix » a pris forme ces cinq derniers mois, ce qui pourrait causer des dommages « importants » à l’industrie canadienne du cannabis.

« Personne ne gagne dans une guerre des prix », a déploré vendredi Charlie Bowman aux analystes, lors d’une conférence téléphonique.

« Beaucoup de détaillants indépendants, particulièrement petits, saignent simplement à cause de la pléthore de détaillants qui sont actuellement sur le marché et se font concurrence. »

Statistique Canada a indiqué qu’un gramme de cannabis légal coûtait en moyenne 10,29 $ en 2019, l’année suivant la légalisation du cannabis récréatif au Canada (les prix les plus récents n’étaient pas disponibles). À cette époque, un gramme de cannabis acheté sur le marché illicite coûtait 5,96 $.

Les prix de la marijuana légale ont chuté de façon spectaculaire ces dernières années, la Société ontarienne du cannabis faisant la publicité de plusieurs marques qui se vendaient entre 3,50 $ et 4,50 $ le gramme ces derniers mois.

Les commentaires de M. Bowman interviennent alors que les producteurs de cannabis autorisés, qui ne sont pour la plupart pas rentables, blâment les vendeurs illicites, ainsi que les taxes d’accise et la législation pour leurs difficultés.

Plusieurs d’entre eux ont mis à pied des centaines d’employés, fermé des installations, décidé de rationaliser leur gamme de produits et lancé des initiatives de restructuration destinées à réduire les coûts.

Ces compressions ont exercé une certaine pression sur les gouvernements fédéral et provinciaux pour qu’ils agissent.

Le gouvernement fédéral a lancé en septembre dernier un examen statutaire de la Loi sur le cannabis, qui fixe les limites d’achat et de possession à 30 grammes de cannabis séché ou l’équivalent, limite l’accès des jeunes à la marijuana et établit des exigences de sécurité pour la culture, la vente et le transport de la substance.

Le groupe chargé de l’examen a déclaré que son travail pourrait entraîner des changements économiques pour l’industrie.

Le distributeur provincial de cannabis de l’Ontario s’implique également pour aider à la rentabilité. La Société ontarienne du cannabis a annoncé son intention de réduire ses marges, plus tard cette année, ce qui pourrait aider les producteurs autorisés à ravir des parts au marché illicite.

M. Bowman espère que cette décision aidera les producteurs autorisés à « s’emparer d’une part du marché illicite, car (il) a connu une croissance fantastique l’année dernière et, par conséquent, il a fait des avancées dans tout le pays ».

Selon les calculs de la Société ontarienne du cannabis, le marché illicite représentait 43 % du marché du cannabis en Ontario en mars dernier, contre 75 % en juin 2020.

Cependant, la lutte d’Hexo contre le marché illicite est aggravée par d’autres problèmes.

Amélioration des résultats

Avant que M. Bowman ne prenne la barre au printemps dernier, la société de cannabis établie à Gatineau, au Québec, avait constamment accumulé des millions de pertes chaque trimestre, mis en péril sa cotation au NASDAQ et vu passer plusieurs chefs de la direction.

Un examen de l’entreprise effectué par PricewaterhouseCoopers LLP en 2021 a montré qu’Hexo « (n’avait) pas maintenu, à tous égards importants, un contrôle interne efficace sur ses divulgations financières » et que plusieurs facteurs « (soulevaient) un doute substantiel sur sa capacité à poursuivre son exploitation ».

La société derrière des marques telles que 48North, Redecan et Original Stash a fait état jeudi soir d’une perte nette de 11,1 millions pour son deuxième trimestre, contre une perte de 690,3 millions pour la même période un an plus tôt.

Ses revenus ont atteint 24,2 millions, en baisse de 54 % par rapport à l’année précédente, ce qu’elle a attribué à la baisse de sa part de marché et de ses performances en Ontario, en Alberta et au Québec.

M. Bowman s’est dit fier de la « stratégie dynamique de réduction des coûts » qu’il a utilisée pour s’attaquer au « bilan hérité » qu’il a repris.

Au cours de plus récent trimestre, Hexo a enregistré un bénéfice net avant impôt positif pour la première fois de son histoire.

« Cette transition n’a été ni simple ni facile, mais je ne peux remercier davantage mes coéquipiers pour leurs engagements et leurs efforts pour faire d’Hexo un succès », a affirmé M. Bowman.