Investissement Québec vient au secours du constructeur montréalais de véhicules récréatifs 100 % électriques Taiga, aux prises avec de « graves difficultés financières » nécessitant une aide urgente pour répondre à un manque de liquidités.

Pour la sauver, l’entreprise se tourne vers deux investisseurs institutionnels : Investissement Québec et Northern Private Capital, une firme privée d’investissement de Toronto qui est le plus important actionnaire de Taiga.

Ces deux investisseurs fournissent en tout 40 millions dans le cadre d’un financement privé de débentures convertibles portant intérêt au taux annuel de 10 %.

Démontrant l’urgence de la situation et le peu de solutions de rechange s’offrant à elle, Taiga doit procéder rapidement et explique ne pas avoir le temps de convoquer l’assemblée extraordinaire des actionnaires normalement requise pour approuver un tel placement privé.

Taiga demande donc à la Bourse de Toronto de la dispenser d’organiser une assemblée, même si la conversion des débentures pourrait à terme entraîner une émission d’actions susceptible de causer une dilution significative et influer considérablement sur le contrôle de l’entreprise.

En supposant la pleine conversion des débentures, la participation actuelle de 11 % en actions détenues par Northern Private Capital pourrait monter à 33 % et même jusqu’à 40 % selon certaines modalités. Investissement Québec, qui ne détient actuellement pas d’actions de Taiga, pourrait éventuellement se retrouver avec une participation en actions frôlant 25 %, selon certaines hypothèses liées au placement privé.

Cette bouée de sauvetage entraîne le départ de quatre des sept administrateurs au conseil. Investissement Québec obtient désormais un siège d’administrateur.

Northern Private Capital, qui fournit 25 des 40 millions du financement, obtient deux sièges pour représenter la firme en plus de pouvoir nommer un troisième administrateur indépendant de son choix.

Taiga a vendu au total 104 véhicules en 2022 et disposait de liquidités de 23 millions pour commencer l’année 2023. Ces liquidités avaient fondu à 8 millions début mars.

Les observateurs anticipaient depuis un moment que Taiga pourrait manquer de ressources.

L’analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, soulignait en novembre dernier que Taiga aurait bientôt besoin d’aide financière pour soutenir ses activités.

Inquiets, les investisseurs ont fait reculer l’action de Taiga jusqu’à un creux de 1,97 $ plus tôt ce mois-ci à la Bourse de Toronto. Le titre valait plus de 15 $ peu après son inscription en Bourse il y a deux ans.

L’action de Taiga a gagné 2 % vendredi pour terminer la semaine à 2,10 $ à Toronto, ce qui confère une valeur boursière de 66 millions à l’entreprise.

Le PDG et cofondateur de Taiga, Samuel Bruneau, soutient que les fonds obtenus permettent de protéger la chaîne d’approvisionnement et de maintenir les activités.

L’entreprise entend notamment utiliser les 40 millions récoltés d’urgence pour rembourser des dettes et payer des dépenses liées au développement d’une capacité de fabrication additionnelle et à l’approvisionnement en outils, en moules, etc.

Soutien à l’électrification

Engagée à créer un pôle d’électrification des transports dans la province, Investissement Québec dit vouloir soutenir Taiga dans son projet de croissance et d’augmentation de sa production.

« Notre intervention permettra de stimuler l’innovation dans les technologies propres, contribuera à la réduction de l’empreinte environnementale du secteur et favorisera le développement et le rayonnement d’un joueur de calibre mondial », affirme le grand patron d’Investissement Québec, Guy LeBlanc.

« L’avantage de Taiga comme pionnière en matière d’électrification lui permettra de devenir chef de file de l’industrie en croissance rapide des sports motorisés électriques au cours des prochaines années », commente de son côté Andrew Lapham, cofondateur et chef de la direction de Northern Private Capital.

Taiga reconnaît des revers dans l’exécution de son plan d’affaires et les attribue notamment à la pandémie, au défaut de certains fournisseurs de respecter leurs engagements, à des contraintes liées à la chaîne d’approvisionnement et aux défis liés à l’accélération de la production.

La direction dévoilera à la fin du mois la performance financière de fin d’exercice de Taiga.

Tant qu’Investissement Québec détiendra des débentures ou des actions de Taiga, l’entreprise devra conserver son siège social au Québec.