Alimentation Couche-Tard a annoncé jeudi l’achat de près de 2200 magasins en Europe appartenant au géant français TotalEnergies, une transaction évaluée à 4,5 milliards de dollars canadiens.

En tenant compte de la dette que Couche-Tard assumera dans le cadre de cette opération, la valeur de la transaction monte à 5,2 milliards de dollars canadiens.

Il s’agit de la plus grosse transaction de Couche-Tard depuis les acquisitions de CST il y a sept ans, et de Statoil en 2012.

L’acquisition permet à la chaîne de dépanneurs de Laval de pénétrer de nouveaux marchés en ajoutant à son réseau des établissements en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas et au Luxembourg. Environ 1000 lave-autos font partie de l’ensemble des actifs acquis.

L’opération est complémentaire pour le réseau de Couche-Tard qui s’étendait à plus de 14 300 magasins dans 24 pays et territoires avant cette transaction.

Le grand patron de Couche-Tard, Brian Hannasch, a indiqué jeudi que l’entreprise tente d’être opportuniste et sélective en Europe. Les magasins achetés détiennent une forte position dans leur marché respectif à l’intérieur des quatre pays où Couche-Tard fera son entrée.

Il y a de la place pour la croissance dans les marchés de ces quatre pays, en particulier en Allemagne qui est de loin la plus importante économie en Europe.

Brian Hannasch, grand patron de Couche-Tard

Couche-Tard planchait sur cette transaction depuis presque deux ans. « Ce n’est donc pas un pari à court terme offert par le contexte macroéconomique », dit Claude Tessier, chef de la direction financière de Couche-Tard.

Ce dernier concède néanmoins que le moment pour réaliser l’opération tombe pile compte tenu de la faiblesse actuelle de l’euro par rapport au dollar américain.

Couche-Tard paie un multiple d’évaluation équivalent à huit fois le bénéfice d’exploitation. « Un prix très attrayant pour nous », dit Claude Tessier.

« Le contexte économique actuel est favorable pour des entreprises avec un bilan financier sain comme Couche-Tard », ajoute Brian Hannasch.

Il croit par ailleurs que le réseau d’établissements acquis est bien positionné pour offrir des services de recharge électrique.

« Nous tirerons des enseignements de l’expérience de TotalEnergies en cette matière. Total est plus verticalement intégrée que nous et produit notamment de l’électricité. Nous allons combiner leur expertise avec celle que nous développons en Norvège. Il faudra assurément continuer d’investir dans le réseau. »

Un œil sur le futur

Le géant français devient un partenaire qui, en plus de fournir de l’essence aux établissements de Couche-Tard, conservera une participation minoritaire dans les sites impliqués dans la transaction qui sont situés en Belgique et au Luxembourg.

Brian Hannasch soutient qu’il s’agit d’un partenariat à long terme. « On espère que ça évoluera vers quelque chose de plus important encore dans le futur. On veut voir comment on peut travailler ensemble pour créer plus de valeur pour les deux entreprises. »

Nous avons des ambitions de croissance ailleurs dans le monde et TotalEnergies est une entreprise mondiale.

Brian Hannasch, grand patron de Couche-Tard

En marge de la transaction, le principal dirigeant de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, mentionne que la transformation de la mobilité amène les clients à changer leurs habitudes dans les stations-service. « Cette tendance de fond nécessite d’y développer de nouveaux services et de nouvelles activités, notamment dans les boutiques. Les stations-service doivent devenir de véritables lieux d’accueil au service des clients, plutôt que de simples points de distribution de carburants. »

Il affirme que c’est la raison pour laquelle l’entreprise fait appel au savoir-faire de Couche-Tard.

La transaction, qui devrait permettre la réalisation de synergies évaluées à 120 millions d’euros sur trois ans, est intéressante autant du point de vue stratégique que financier aux yeux de l’analyste Irene Nattel, chez RBC. « Les établissements achetés sont de haute qualité », souligne-t-elle dans une note envoyée à ses clients.

« Cette transaction présente toutes les caractéristiques d’une opération signée Couche-Tard : stratégiquement convaincante, géographiquement complémentaire, valorisation attrayante permettant de réaliser un gain immédiat pour les actionnaires. »

L’annonce de la transaction coïncide avec la présentation de résultats trimestriels inférieurs aux attentes des analystes. Le bénéfice par action ajusté des mois de novembre, décembre et janvier s’est élevé à 74 cents US alors que les experts attendaient 79 cents US.

L’analyste Chris Li, chez Desjardins, soutient que la performance s’explique notamment par la faiblesse des marges sur le carburant en Europe (taux de change, entre autres choses) et les pressions inflationnistes sur les frais de vente et d’administration.

L’action de Couche-Tard s’est appréciée de 3 % jeudi pour clôturer à 62,61 $ à la Bourse de Toronto.