(Montréal) La féroce concurrence et la forte demande dans l’industrie canadienne du transport aérien se sont manifestées au cours du week-end lorsque quatre avions de Flair Airlines ont été brusquement saisis pour un problème de paiements de location.

Les Boeing 737 Max avaient été cloués au sol samedi en raison d’un « différend commercial » avec la new-yorkaise Airborne Capital, a expliqué Flair.

Une personne familière avec l’affaire, mais qui n’était pas autorisée à en parler publiquement, a indiqué que les paiements pour les avions concernés avaient quelques jours de retard et que le montant dû était faible par rapport aux revenus globaux de Flair.

Flair a depuis « initié » les paiements de location, a précisé la ligne aérienne, qualifiant les saisies de « sans précédent, […] extrêmes et inhabituelles ».

Les prix de location ont grimpé en flèche depuis la pandémie en raison de la forte demande pour les voyages, même si les tarifs aériens intérieurs ont chuté avec l’arrivée de nouveaux transporteurs et les expansions chez d’autres concurrents, a observé John Gradek, responsable du programme de gestion de l’aviation de l’Université McGill.

En conséquence, le « moindre éternuement » dans un plan de paiement pourrait déclencher la résiliation du bail, permettant au bailleur de trouver un nouveau client prêt à payer davantage chaque mois pour utiliser les avions.

« Si vous ratez votre paiement avec le bailleur, il saisira l’avion à la première occasion, le ramènera, puis le recommercialisera à un niveau de revenus beaucoup plus élevé que celui que vous obtiendriez normalement avec Flair. »

Selon M. Gradek, les 737 Max 8 peuvent désormais coûter jusqu’à 450 000 $ par mois aux locataires, par rapport à environ 150 000 $ en 2021. Un retard de paiement peut en outre ternir le crédit et la réputation de Flair, rendant ses futurs baux encore plus coûteux, a-t-il ajouté.

La saisie soudaine de plus d’un cinquième de sa flotte a vu Flair se précipiter pour déployer d’autres avions au cours du week-end, alors que ses passagers à Toronto, Edmonton et Waterloo, en Ontario, ont dû faire face à des annulations de vols de dernière minute.

Les Canadiens, toujours marqués par les souvenirs de confinement pandémique, sont friands de voyages par avion cette année, ce qui fait que les appareils sont encore plus demandés par les compagnies aériennes et les sociétés de location.

Le nombre de vols réguliers d’Air Canada et de WestJet a bondi de 31 % pour atteindre 47 362 ce mois-ci, contre 36 062 à la même période l’an dernier, selon la société de données de vol Cirium.

Les prix des billets intérieurs ont chuté de 15 % par rapport à 2019, dans un contexte de concurrence accrue entre les compagnies aériennes – six transporteurs assurent désormais la liaison Toronto-Vancouver contre deux il y a quelques années – ce qui laisse aux transporteurs des marges bénéficiaires plus minces, selon la société montréalaise de données de voyage Hopper.

Le porte-parole de Flair, Mike Arnot, a indiqué qu’un certain nombre de vols Flair avaient été annulés samedi matin, mais que la compagnie disposait de trois avions de rechange pour combler ces vols.

Les passagers voyageant dans les 72 heures suivantes seront soit hébergés sur des vols Flair, soit sur une autre ligne aérienne aux frais de la compagnie si un vol Flair n’est pas disponible, a-t-il poursuivi.

Dans une mise à jour de la société communiquée plus tard samedi, Flair a indiqué que les clients pouvaient également réserver leur propre vol et recevoir un remboursement dans les sept jours.