Les licenciements pandémiques ne semblent être qu’un mauvais souvenir dans l’industrie aéronautique québécoise. La plupart des entreprises sont à la recherche d’employés, et Airbus espère recruter 700 personnes cette année. Dans le secteur, on souhaite que cela permette aux centres de formation de regarnir les bancs d’école après des années de vaches maigres.

Production, ingénierie, technologies de l’information… Le géant européen dit avoir des postes à pourvoir dans tous les départements alors que la cadence de production de l’A220 s’accélère et que les départs à la retraite se poursuivent. Les cibles seront publiquement dévoilées ce mercredi. Elles font partie de la stratégie globale d’Airbus qui croit pouvoir créer 7000 nouveaux postes à l’échelle mondiale en 2023.

Ailleurs au pays, la multinationale souhaite ajouter près de 100 personnes à son équipe, notamment dans sa division des hélicoptères.

L’objectif est ambitieux, concède Airbus, qui a réalisé 400 embauches à Mirabel l’an dernier, où s’effectue l’assemblage de l’ancienne C Series de Bombardier. Il y a désormais près de 3000 personnes qui travaillent dans le complexe situé dans les Laurentides.

« Nous croyons que cela a un grand pouvoir pour attirer de nouvelles recrues localement, explique le président-directeur général d’Airbus Canada, Benoît Schultz. Nous planifions recruter la vaste majorité des gens localement. C’est l’objectif premier, et nous croyons être en mesure de le faire. »

L’an dernier, Airbus Canada anticipait 200 départs à la retraite (à un âge moyen de 65 ans) échelonnés sur cinq ans.

Si tout se déroule comme prévu, les deux tiers des effectifs se consacreront à des fonctions de soutien : ingénierie, finances, technologies de l’information. Les autres embauches seront effectuées pour accroître le personnel dans l’usine d’assemblage. L’A220 est toujours déficitaire. Airbus produit mensuellement six appareils à Mirabel et à Mobile, et vise un rythme mensuel de 14 avions vers 2025. Cela est essentiel à l’atteinte de la rentabilité.

Recrues recherchées

Le géant de Toulouse n’est pas le seul à chercher de la main-d’œuvre.

Chez Bombardier, qui s’est recentré vers l’aviation d’affaires au terme d’une douloureuse restructuration, il y a actuellement 400 postes à pourvoir dans la province. Sur cinq ans, c’est 3000 personnes que l’avionneur québécois devra embaucher – une cible qui tient compte des retraites et du roulement de personnel.

« Nous sommes en mode recrutement et nous travaillons d’arrache-pied pour nous assurer que la relève soit au courant, affirme le porte-parole Mark Masluch. Les activités sont prévisibles et stables. »

Pour les représentants du secteur, on espère que ce sont des signaux qui permettront de regarnir les écoles de formation. Au-delà des campagnes publicitaires et des efforts de promotion, il n’y a rien comme un grand donneur d’ouvrage qui s’engage sur la voie du recrutement.

La plus belle preuve que les besoins de main-d’œuvre sont réels et que ce n’est pas un exercice de publicité, c’est de voir de la création d’emplois comme cela.

Mélanie Lussier, nommée présidente-directrice générale d’Aéro Montréal le 13 février dernier.

« Cela montre que le secteur de l’aérospatiale est plus résilient que jamais. »

Selon l’organisme, il y aura quelque 38 000 postes à pourvoir dans le secteur d’ici la fin de la décennie. Dans deux ans, il devrait y avoir une pénurie dans « plus de 30 catégories de postes professionnels », comme les machinistes et programmeurs, souligne Aéro Montréal.

À Longueuil, sur la Rive-Sud, l’École nationale d’aérotechnique (ENA) peut accueillir jusqu’à 1300 élèves pour une formation collégiale. On en recensait 842 l’automne dernier, comparativement à 857 en 2021.

Cependant, le vent semble finalement vouloir tourner, explique le directeur de l’établissement d’enseignement, Pascal Désilets. Sa plus récente journée portes ouvertes, le 11 février dernier, témoigne du changement, croit-il.

« Il y avait 50 % plus de candidats par rapport à l’année précédente, explique M. Désilets. On sait que la moitié des étudiants inscrits à l’ENA viennent aux journées portes ouvertes. Au chapitre des inscriptions, on connaît actuellement notre meilleure année depuis 2015, qui était la meilleure de la dernière décennie. Nous avons beaucoup d’espoir. »

Du côté de l’Association internationale des machinistes et des travailleurs de l’aérospatiale, le contexte actuel signale que l’aérospatiale est un « secteur d’avenir pour les études », affirme l’agent d’affaires Éric Rancourt.

Chez Airbus, l’annonce tombe à point, puisque la convention collective vient à échéance à la fin de l’année. Selon M. Rancourt, Airbus « aura une occasion de démontrer » qu’elle peut « offrir des conditions alléchantes ».

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