Lightspeed s’attend à ce que les dépenses des consommateurs demeurent sous pression à court terme, ce qui risque d’affecter les revenus récoltés par le fournisseur montréalais de solutions technologiques pour commerçants.

Les risques macroéconomiques grandissants tempèrent donc les perspectives de croissance au point d’amener les dirigeants à prévenir les investisseurs que ses revenus de l’exercice 2023 devraient se situer dans le bas de la fourchette des prévisions de 730 à 740 millions US.

Puisque les produits tirés du traitement des transactions représentent plus de la moitié des revenus des activités de l’entreprise, Lightspeed soutient que cela constituera une difficulté pour les mois à venir.

La direction réitère cependant son engagement de générer un bénéfice d’exploitation ajusté équilibré ou mieux au cours de l’exercice 2024.

Perte en 2023

Pour l’exercice 2023 qui se terminera fin mars, Lightspeed prévoit une perte d’exploitation ajustée de 37 millions US, c’est-à-dire une perte un peu moins importante que celle de 40 millions US évoquée précédemment dans ses prévisions.

Les résultats trimestriels présentés jeudi pour la période d’octobre, novembre et décembre sont qualifiés de « largement conformes » à ce qui avait été préannoncé le 17 janvier, soutient l’analyste Daniel Perlin, de la firme RBC.

Les revenus du trimestre sont notamment en hausse de 24 % à 189 millions US alors que Lightspeed poursuit son objectif d’attirer un certain profil de clients, c’est-à-dire ceux affichant un volume de transactions brut plus élevé et ayant des besoins plus complexes.

Une charge exceptionnelle de dépréciation de l’écart d’acquisition sans effet sur la trésorerie de 749 millions US représentant 92 % d’une perte nette inhabituellement élevée de 815 millions US est par ailleurs inscrite dans les résultats présentés jeudi.

Cette charge provient du test de dépréciation du goodwill effectué le 31 décembre chaque année. Compte tenu de l’important repli de l’action de Lightspeed en Bourse, l’actif net de l’entreprise a dépassé sa capitalisation boursière, ce qui a déclenché une dépréciation pour l’entreprise. Ce test sert à savoir si le goodwill au bilan reflète toujours sa véritable valeur actuelle.

Bilan d'acquisition

Le chef de la direction, JP Chauvet, souligne en entrevue que Lightspeed avait 2,1 milliards de goodwill au bilan, une valeur qui a été réduite d’approximativement 33 %.

Ça me semble être relativement standard étant donné que l’ensemble du secteur a perdu 30 % de sa valeur.

JP Chauvet

JP Chauvet explique que le goodwill reflète l’accumulation de toutes les entreprises acquises au fil. « Les deux dernières acquisitions, Ecwid et NuOrder, représentent environ un tiers du goodwill au bilan », dit-il.

« Ce qui me rassure, c’est qu’on n’a jamais acheté une compagnie à un multiple d’évaluation faramineux. Même les plus chères étaient à 10 fois les revenus. À titre de comparaison, Shopify est encore aujourd’hui évaluée à 11 fois ses revenus, alors je ne crois pas qu’on a surpayé pour réaliser nos acquisitions. »

À propos de l’annonce il y a deux semaines de l’élimination de 300 postes au sein de l’entreprise – dont 50 % chez les employés-cadres –, JP Chauvet indique que la rationalisation touche uniquement une quarantaine de postes au siège social de Montréal.

« On a encore près de 200 postes ouverts en Amérique du Nord », précise-t-il.

JP Chauvet indique que les nombreuses annonces de mises à pied chez Google, Microsoft et autres grandes entreprises technologiques dans les dernières semaines ont rendu disponibles plusieurs candidatures intéressantes.

Il note au passage que la stratégie de Lightspeed à partir de maintenant est de recruter près des gros bureaux de l’entreprise de manière à recréer une dynamique d’entreprise en présentiel et non pas virtuelle.

L’action de Lightspeed a amorcé la séance boursière de jeudi en forte hausse. Un pivot a toutefois été observé en cours de matinée et le titre a finalement clôturé en recul de 6 % à 23,37 $ à la Bourse de Toronto.