Après la PDG Sophie Brochu, c’est au tour du numéro deux de la société d’État, Éric Filion, d’annoncer son départ le 17 février prochain.

Le vice-président exécutif et chef de l’exploitation quittera ses fonctions « pour entamer un nouveau chapitre de sa carrière ». Il n’a pas précisé qui sera son prochain employeur. Il s’agit d’une entreprise québécoise.

Le départ d’Éric Filion, arrivé chez Hydro-Québec en 2016, laisse entendre qu’il n’aurait pas été considéré pour la succession de Sophie Brochu à la tête de la société d’État.

Selon le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, sa démission « n’a aucun lien avec des frictions avec le gouvernement » et ne s’explique « pas du tout » par le fait que sa candidature au poste de PDG n’aurait pas été retenue. « Ça n’a pas rapport avec le gouvernement, ça n’a pas rapport avec le départ de Mme Brochu », a-t-il soutenu, ajoutant que le départ de M. Filion représente « une grosse perte ». « Il rejoint une entreprise québécoise, ils sont chanceux. »

Éric Filion sera remplacé, a fait savoir la société d’État. En attendant, les deux vice-présidents qui relevaient de lui, Régis Tellier, vice-président – Opérations et maintenance, et Geneviève Fournier, vice-présidente – Marketing et expérience client, se rapporteront directement à la PDG, dont le départ est prévu le 11 avril.

Je tiens à saluer les qualités de leader d’Éric, notamment sa capacité à mobiliser les équipes, de même que sa grande rigueur. J’espère que les nouveaux défis qu’il relèvera lui apporteront tout le succès qu’il mérite.

Sophie Brochu, PDG d’Hydro-Québec, dans un communiqué

« Je me considère privilégié d’avoir œuvré, au cours des sept dernières années, auprès d’une équipe qui se consacre au quotidien à la réalisation de la mission de base d’Hydro-Québec et au service à la clientèle, ajoute Éric Filion. J’ai côtoyé des personnes engagées et compétentes qui possèdent une grande expertise et qui se dévouent pour la société québécoise. »

Ancien dirigeant de Bombardier, Éric Filion avait été amené chez Hydro-Québec par Éric Martel, qui est retourné chez Bombardier après un bref mandat à la tête de la société d’État.

Inquiétude à l’interne

L’annonce du départ d’Éric Filion est survenue au moment même où deux autres vice-présidents de la société d’État témoignaient devant la commission parlementaire qui étudie le projet de loi 2 du ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon.

Cet autre départ s’expliquerait-il par des frictions entre le gouvernement Legault et la haute direction d’Hydro-Québec ? La vice-présidente – Développement durable, relations avec les communautés et communications, Julie Boucher, a répondu qu’« il y a plusieurs éléments qui démontrent que, quoi qu’on en dise, le gouvernement et Hydro-Québec, on travaille ensemble sur différentes choses », comme le projet de loi 2. « On avance dans le bon sens pour la transition énergétique. »

Elle a reconnu que cette autre démission suscitait de l’inquiétude à l’interne. Comme pour « toute grande entreprise qui vit une période de changement, on ne peut pas nier qu’il y ait des préoccupations et des questionnements. On le dit à nos employés aussi : “c’est normal dans une période de transition de vivre certaines inquiétudes, certaines préoccupations”. Mais autour de la table du comité de direction d’Hydro-Québec, il reste huit personnes pleinement engagées avec un plan stratégique clair et on a bien l’intention de le réaliser », a-t-elle affirmé lors d’une mêlée de presse.

Selon le vice-président – Planification intégrée des besoins énergétiques et risques, Dave Rhéaume, « il n’y a rien dans la décision [d’Éric Filion] qui est lié à une restructuration ou une décision collective ». « Ça fait sept ans qu’il est là, c’est un super leader. Il est rendu à d’autres défis, une belle opportunité pour lui. On respecte le choix », a-t-il ajouté.

Julie Boucher a souligné qu’Éric Filion « a fait de grandes réalisations à Hydro-Québec et a choisi d’aller relever de nouveaux défis professionnels. On pense que c’est tout à fait à son honneur de nous le dire rapidement et que ce soit clair ».

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