Après avoir rempli ses entrepôts dans un contexte de perturbation de la chaîne d’approvisionnement, Quincaillerie Richelieu veut écouler ses stocks, ce qui pourrait exercer une pression à la baisse sur les prix.

« Il va y avoir de la déflation pour certains produits, a prévenu, jeudi, le président et chef de la direction du fabricant et distributeur de quincaillerie spécialisée Richard Lord, lors d’une conférence téléphonique visant à discuter des résultats du quatrième trimestre. Ça ne fait aucun doute, en raison de nos stocks excédentaires. »

Les stocks de l’entreprise montréalaise atteignent 660 millions au 30 novembre, contre 395 millions à la même période l’an dernier. Cela représente la valeur des ventes pour 124 jours, a illustré l’analyste Zachary Evershed, de la Financière Banque Nationale, dans une note. Cet indicateur était de 106 jours trois mois plus tôt et de 84 jours l’an dernier.

Le chef de la direction financière, Antoine Auclair, a expliqué que l’augmentation des prix des produits de quincaillerie représentait de 45  à 60 millions de l’augmentation de la valeur des stocks. Une autre tranche de près de 30 millions est liée aux acquisitions.

Les stocks ont encore augmenté en décembre et janvier. Ça va se stabiliser en février. Par la suite, ça va descendre substantiellement en 2023.

Antoine Auclair, chef de la direction financière, Quincaillerie Richelieu

L’entreprise devrait être en mesure d’atteindre des marges bénéficiaires avant intérêts, impôts et amortissement (marge BAIIA) d’entre 14 % et 15 %, malgré la baisse des prix, a assuré M. Lord. « On ne s’attend pas à un désastre. Ça ne sera pas dramatique. »

Le dirigeant avait précédemment identifié une fourchette de 14 % à 15 % de marge BAIIA comme une cible réaliste dans un contexte de retour à la normale post-pandémique.

Pour la totalité de l’exercice 2022 (terminé le 30 novembre), la marge BAIIA s’est établie à 15,9 %, comparativement à 16,3 % en 2021.

M. Lord a reconnu que les conditions ne seraient pas aussi favorables en 2023 qu’en 2022, mais il a ajouté que la demande restait vigoureuse. « Je ne pense pas qu’on puisse surpasser ce que nous avons fait l’an dernier, mais le marché est toujours bon. […] Quand on parle à nos vendeurs, ils pensent que nos clients seront encore occupés pour au moins les six prochains mois. »

Résultats supérieurs aux attentes

Quincaillerie Richelieu a dévoilé, plus tôt jeudi, des bénéfices supérieurs aux attentes, malgré la hausse des taux d’intérêt qui exerce une pression sur le marché immobilier et alourdit le coût des prêts pour financer des rénovations.

Au quatrième trimestre (terminé le 30 novembre), le bénéfice net attribuable aux actionnaires est demeuré relativement stable, en hausse de 0,8 % à 44,9 millions.

Le bénéfice dilué par action s’est établi à 80 cents. Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice par action de 75 cents, selon la firme Refinitiv.

Les ventes, pour leur part, se sont établies à 457,5 millions, une progression de 14,9 % par rapport à la même période l’an dernier. De cette croissance de 14,9 %, l’entreprise a précisé que 6,7 points de pourcentage étaient liés à ses activités existantes et que 8,2 points de pourcentage étaient attribuables aux acquisitions. En excluant l’effet des devises, l’augmentation totale aurait été de 11,7 %.

Richelieu a précisé que la marge BAIIA est passée de 17,9 % à 16,8 % au quatrième trimestre. Cette baisse s’explique par « les marges légèrement plus basses de certaines acquisitions ».

Au cours de l’exercice 2022, l’entreprise a réalisé quatre acquisitions, trois aux États-Unis et une autre au Canada. Ensemble, ces quatre transactions génèrent 125 millions en ventes annuelles.

Après le 30 novembre, la société a réalisé quatre plus petites acquisitions au Canada pour des ventes annuelles d’environ 18 millions. M. Lord a mentionné que les acquisitions récentes permettaient de diversifier l’offre et la clientèle de l’entreprise.

L’action a terminé la journée en hausse de 28 cents, ou 0,8 %, à 37,25 $ à la fermeture de la Bourse de Toronto.