Les principaux dirigeants de Metro se partageront des primes totalisant 3,7 millions en 2022, alors que la chaîne d’alimentation québécoise dit avoir dépassé ses objectifs financiers dans un contexte où l’inflation, qui fait bondir la facture du panier d’épicerie, a contribué à « stimuler les ventes » de ses magasins.

Cette donnée ainsi que les explications de l’épicier se trouvent dans la circulaire de sollicitation récemment envoyée à ses actionnaires en vue de l’assemblée annuelle prévue le 24 janvier prochain. L’évènement se tiendra une fois de plus de manière virtuelle.

Dans l’ensemble, les cinq principaux patrons de Metro ont eu droit à une rémunération globale – qui tient compte du salaire de base, des primes et autres avantages – de 13,2 millions, ce qui constitue une hausse d’environ 4 % par rapport à 2021.

En ce qui a trait aux primes annuelles, elles ont bondi de 12 %.

« Une inflation alimentaire significative a stimulé les ventes et accéléré un déplacement des consommateurs vers les enseignes à escompte », explique l’entreprise, dans son document où elle précise avoir établi des « cibles élevées de ventes » pour ses divisions alimentaires.

Propriétaire de la chaîne de pharmacies Groupe Jean Coutu, Metro a généré des revenus avoisinant 19 milliards en 2022. Il s’agit d’une augmentation de 3,3 % sur un an. Ses profits nets ont grimpé de 2,9 %, à 850 millions, tandis que son bénéfice ajusté, qui exclut les éléments non récurrents, a atteint 922 millions, en hausse de 8 %.

Sans surprise, c’est le président et chef de la direction de l’épicier, Eric La Flèche, qui a été le mieux rémunéré cette année. Il a vu sa paye totale s’établir à 5,4 millions, en progression de 7 % par rapport à 2021. Sa prime annuelle se chiffre à environ 1,5 million (+ 14 %). M. La Flèche est le seul haut dirigeant à obtenir une prime supérieure à 1 million, mais ses quatre principaux subalternes recevront tous au moins un demi-million.

Une accélération

Selon Metro, la première moitié du dernier exercice s’est déroulée sous le signe de la stabilité. Le portrait a été différent pendant les six derniers mois.

« Les conditions d’exploitation en lien avec la pandémie étaient davantage comparables à l’année précédente et […] l’inflation alimentaire s’est accélérée dans le monde entier en raison de nombreux facteurs tels que la guerre en Ukraine, la hausse des prix des matières premières et de l’énergie », est-il écrit dans la circulaire.

En raison de la flambée des prix des aliments, les grandes chaînes d’alimentation canadienne ont été montrées du doigt. À l’occasion de la présentation des résultats du quatrième trimestre, le 16 novembre dernier, Metro s’est défendue de tirer profit de la situation. La chaîne avait souligné que ses marges étaient demeurées relativement stables. Sa marge brute s’était néanmoins établie à 20,4 %.

Metro et ses concurrents sont également sous les projecteurs depuis l’automne. En octobre dernier, le Bureau de la concurrence avait annoncé son intention de scruter à la loupe l’augmentation du prix des aliments en plus de s’intéresser à la concurrence entre les principales enseignes du secteur. Cependant, des experts consultés par La Presse ont estimé que la portée de cette démarche risquait d’être limitée.

Lisez l'article « La hausse des prix sous la loupe du Bureau de la concurrence »

Des représentants de grandes chaînes ont également été interrogés par un comité de la Chambre des communes dans le cadre d’une enquête parlementaire réclamée par le Nouveau Parti démocratique (NPD).

Malgré une inflation record, les consommateurs ne sont vraisemblablement pas au bout de leurs peines. Le prix du panier d’alimentation devrait bondir de 5 à 7 % en 2023, selon le Rapport sur les prix alimentaires canadiens dévoilé début décembre et rédigé par des experts des universités de Guelph, Dalhousie, de Saskatchewan et de Colombie-Britannique. Pour une famille de quatre personnes, la facture pourrait grimper de plus de 1000 $.

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  • 11 %
    Hausse moyenne du prix des aliments dans les épiceries en novembre dernier
    SOURCE : Statistique Canada