Les vagues répétitives de la pandémie, des véhicules électriques en rupture de stock et la refonte de l’industrie du taxi : la « tempête » était « parfaite » quand les taxis électriques de Téo ont redémarré, il y a deux ans. Le coup de frein n’a pas tardé, mais son directeur général, Frédéric Prégent, préfère voir le verre à moitié plein. Il ne referait pas les choses autrement.

« Je ferais juste gérer mes attentes par rapport au lancement », raconte le patron de Taxelco, également propriétaire de Taxi Diamond et Taxi Hochelaga, en entrevue avec La Presse. « On a fait le pari qu’il n’allait pas y avoir de vagues et finalement, il y en a eu pendant deux ans. »

Un exemple des conséquences ? Les 55 Kia Soul de l’entreprise électriques étaient loués à des chauffeurs en octobre 2020. Puis, le confinement des Fêtes est venu jouer les trouble-fête. Dès janvier, les chauffeurs, qui sont désormais des travailleurs autonomes et non des salariés, remettaient des véhicules parce qu’ils ne pouvaient plus respecter leur contrat de location-acquisition, raconte M. Prégent.

Quand on lui demande si les taxis vert et blanc sont moins visibles au centre-ville, qui ne s’est pas encore relevé de la crise sanitaire, le gestionnaire ne se défile pas. « Clairement », répond-il, en reconnaissant qu’il y a eu un exode vers les banlieues nord et sud de Montréal. Traditionnellement, le centre-ville de la métropole était considéré comme payant pour les chauffeurs qui pouvaient accumuler les courses et chaque fois facturer le prix de base — désormais fixé à 3,45 $.

L’électrification ne va pas aussi vite que prévu chez Taxelco, qui appartient à l’homme d’affaires et actionnaire de contrôle de Québecor Pierre Karl Péladeau. Cela ralentit l’expansion de Téo.

Malgré les écueils, M. Prégent voit du positif. L’entreprise est en « super bonne situation financière » avec un propriétaire aux « reins solides ».

« L’application de Téo continue de fonctionner et elle se distingue bien, dit-il. Aujourd’hui, tout est intégré [avec Diamond et Hochelaga]. Comme client, on peut décider quel type de véhicule on commande. On a pu uniformiser et offrir un meilleur service. »

Un virage plus lent

M. Prégent et son équipe devront toutefois s’armer de patience. Ce n’est pas demain la veille que de nouveaux véhicules électriques viendront grossir les rangs du parc de Téo. À l’instar de bien des particuliers, l’entreprise peine à se procurer des voitures électriques.

« On a commandé 10 [Chevrolet] Bolt en janvier dernier, raconte le dirigeant de Taxelco. Elles devaient être livrées en août. Aujourd’hui, on ignore toujours quand elles vont arriver. Inévitablement, cela ralentit le projet de Téo. C’est sûr et certain. Si j’inscris 100 véhicules électriques dans mon plan d’affaires, je ne le réaliserai pas. »

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Frédéric Prégent est directeur général de Taxelco, propriétaire de Téo Taxi, Taxi Diamond et Taxi Hochelaga.

Dans sa nouvelle mouture, Téo ambitionne de grossir son parc grâce à deux moyens : en épaulant le chauffeur dans son acquisition d’une voiture électrique ainsi qu’en étant propriétaire de véhicules cédés aux conducteurs par l’intermédiaire d’un contrat de location-acquisition.

La prochaine année s’annonce sous le signe de la sobriété en matière d’électrification. Taxelco accueille quand même des propriétaires de véhicules électriques. On en recense environ 40 chez Diamond et Hochelaga avec des voitures qui n’arborent pas les couleurs de Téo. Il faudra attendre « quelque part vers la fin de 2023 ou au début de 2024 » pour envisager d’acquérir des véhicules, dit M. Prégent.

Même si je les voulais, il n’y en a pas, ajoute-t-il. C’est un moment de consolidation dans l’industrie du taxi, mais avec un plan d’électrification plus sobre.

Frédéric Prégent, directeur général de Taxelco

De la patience

Téo doit donc tempérer ses ambitions d’expansion. En plus de la région de Montréal, cinq taxis circulent en Outaouais. Son directeur général affirme discuter avec des « régions » intéressées au service, mais rien ne semble sur le point de se matérialiser. De plus, l’arrivée de Téo à Québec est toujours au stade de projet.

« Ce n’est certainement pas 2023 pour Québec, confirme M. Prégent. C’est plus quelque chose pour 2024. »

À plus court terme, d’ici l’été 2023, Taxelco croit pouvoir ajouter quelque 100 véhicules à son parc, mais cette croissance s’effectuera du côté des véhicules à essence. L’autre volet consiste à « solidifier » des partenariats avec des organismes comme la Société de transport de Montréal, la Société de transport de Laval ainsi qu’avec Exo.

« Mieux vaut se concentrer nos efforts à faire croître ce créneau, dit M. Prégent. Lorsque les voitures électriques seront disponibles, le chauffeur n’aura pas besoin de chercher du travail pour payer son véhicule. Le transfert vers l’électrification va se faire plus naturellement. »

En savoir plus
  • 1500 véhicules
    Taille du parc chez Taxelco avec ses marques Téo, Taxi Diamond et Taxi Hochelaga
    Source : TAXELCO