L’action de Marché Goodfood s’est appréciée de 39 % à Toronto vendredi après que l’entreprise montréalaise a révélé avoir amélioré ses marges malgré une diminution du nombre de clients actifs à ses produits.

Le nombre de clients actifs a diminué à 157 000 à la fin de l’exercice 2022, alors que l’entreprise en comptait 211 000 trois mois plus tôt et 249 000 il y a un an.

Cette situation inquiète l’analyste Frédéric Tremblay, chez Valeurs mobilières Desjardins. Il s’attendait à un nombre de 193 000. Il sera important de rapidement stabiliser les abonnements hebdomadaires aux livraisons de paniers-repas et de produits complémentaires et même de les augmenter, selon lui.

« C’est un défi de taille à relever compte tenu des changements observés dans les comportements des consommateurs dans le contexte inflationniste actuel », commente cet expert dans une note envoyée à ses clients. « Des investissements supplémentaires en marketing pourraient être nécessaires », ajoute-t-il.

Baisse des ventes nettes

Les ventes nettes de 50 millions générées durant les mois d’été se révèlent conformes aux attentes des analystes. Elles sont néanmoins en baisse de 37 % sur un an. Le retrait continu des restrictions de confinement, la couverture vaccinale plus étendue et la conjoncture économique peuvent notamment expliquer la pression sur les ventes.

La marge brute a augmenté à 28,3 % au quatrième trimestre, une amélioration de 5 % par rapport à la période correspondante il y a un an.

La perte nette du trimestre a toutefois plus que doublé sur un an à 58 millions. La direction l’explique essentiellement par des charges non récurrentes liées aux initiatives de réorganisation.

La perte d’exploitation ajustée du trimestre de fin d’exercice a de son côté diminué à 2 millions. Les analystes s’attendaient à une perte d’exploitation ajustée de 3,4 millions.

De l’aveu même du grand patron, Goodfood a connu son lot de défis en 2022.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Le cofondateur et PDG de Goodfood, Jonathan Ferrari

Qu’il s’agisse des consommateurs qui délaissent le commerce électronique, un comportement qui, selon nous, revêt un caractère temporaire, ou des conditions difficiles sur les marchés de capitaux en raison de forces macroéconomiques jamais vues en 40 ans, nous sommes confrontés à des vents contraires qui ont fait de l’exercice 2022 de Goodfood le plus difficile depuis sa création en 2014.

Jonathan Ferrari, cofondateur et PDG de Goodfood

À la mi-octobre, Goodfood a annoncé l’abandon de son service de livraison rapide d’épicerie sur demande et l’optimisation de son réseau d’installations de fabrication en regroupant plusieurs installations au pays. Le resserrement de la présence géographique de Goodfood a mené à une réduction de l’effectif et au regroupement de la production dans deux installations, à Montréal et à Calgary.

L’entreprise a aussi diminué ses dépenses d’investissement, augmenté le prix des repas prêts à cuisiner et des produits complémentaires, en plus de réduire ses sources d’approvisionnement en ingrédients qui ont été ramenés de 400 à moins de 200.

La direction prévient qu’il existe toujours une incertitude significative à l’égard de la capacité de l’entreprise à poursuivre son exploitation.

Pour réduire le risque de voir l’entreprise manquer de liquidités, les dirigeants tentent de maximiser les gains d’efficience avec des initiatives de réorganisation, travaillent avec les prêteurs pour mettre en place une facilité de crédit révisée, et considèrent d’autres options de financement.

La direction a toujours pour objectif de dégager un bénéfice d’exploitation ajusté d’ici la fin février et pense même pouvoir générer des flux de trésorerie positifs à cette date.

Des ventes nettes entre 46 à 48 millions pour le trimestre de début d’exercice (mois de septembre, octobre et novembre) sont prévues par les dirigeants, de même qu’une marge brute entre 32 % et 34 %. Le consensus des analystes s’articulait autour de ventes de 56,2 millions et de marges de 27,8 % pour le premier trimestre de 2023 dont les résultats seront présentés le mois prochain.

Après avoir atteint un sommet de 13 $ en janvier l’an passé, l’action de Marché Goodfood a glissé sous la barre des 1 $ à la Bourse de Toronto. Le titre a terminé la semaine à 50 cents.