La cyberattaque qui a temporairement paralysé les usines de BRP en août dernier lui a coûté environ 25 millions, mais l’épisode n’a pas empêché l’entreprise de fracasser des records au troisième trimestre. Pour l’instant, les ventes de motoneiges et d’autres véhicules récréatifs défient les craintes liées aux risques de récession.

« Plus de 40 % de nos ventes anticipées en Amérique du Nord au quatrième trimestre sont des précommandes », a souligné le président et chef de la direction de la multinationale québécoise, José Boisjoli, mercredi, en conférence téléphonique avec les analystes. « Le taux d’annulation est très faible. »

M. Boisjoli a été interrogé à plus d’une reprise sur ce qui pourrait éventuellement freiner l’élan de l’entreprise établie à Valcourt. Les restrictions de déplacement liées à la pandémie ont stimulé les ventes de véhicules récréatifs. Certains analystes financiers se demandent si l’intérêt demeurera au rendez-vous si le budget discrétionnaire des ménages se resserre en cas de ralentissement économique.

Le constructeur des Ski-Doo, Sea-Doo et Can-Am a noté une diminution de l’achalandage chez ses concessionnaires, mais sa performance financière n’en souffre pas pour l’instant. Les commandes des détaillants ont même été plus fortes qu’anticipé, selon BRP.

« Les publicités sont moins nombreuses parce que nous ne voulons pas attirer les consommateurs chez les concessionnaires s’il n’y a rien à acheter sur place, affirme M. Boisjoli. Nous observons les mêmes choses que vous […] mais ça ne se voit pas dans nos chiffres. »

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

José Boisjoli est président et chef de la direction de BRP.

Chez les concessionnaires, les stocks sont toujours de 20 % sous les seuils prépandémiques, ce qui signale que BRP ne semble pas sur le point de ralentir ses livraisons.

Une page tournée

Visiblement, l’entreprise n’a pas mis de temps à rattraper le temps perdu à la suite de la cyberattaque détectée le 8 août dernier. En plus des données dérobées par les cyberpirates, l’évènement avait contraint la société à mettre ses usines à l’arrêt pendant environ une semaine.

Lisez « Cyberattaque chez BRP : les plans de la décennie dévoilés par les pirates »

Dans son rapport trimestriel, BRP a inscrit une charge de 23,3 millions liée aux « coûts de reprise » et des dépenses « d’inactivité, comme le coût de la main-d’œuvre direct pendant l’interruption ».

Mais la forte demande, combinée à un assouplissement des pressions sur la chaîne d’approvisionnement – ce qui permet notamment d’obtenir des pièces comme des cadrans, des capteurs et d’autres pièces électroniques –, a permis à l’entreprise d’accélérer sa production. Elle a aussi pu accentuer les livraisons de pièces manquantes chez ses concessionnaires, qui ont pu terminer l’assemblage d’un plus grand nombre de véhicules dans leurs ateliers.

« Notre stratégie a donné d’excellents résultats », a souligné M. Boisjoli.

La preuve : pendant les mois d’août, septembre et octobre, les ventes de produits motorisés (motoneiges, motomarines, motos à trois roues, véhicules tout-terrain et autoquads biplaces) chez les concessionnaires ont grimpé de 39 % en Amérique du Nord, de 34 % en Europe et de 41 % en Amérique latine. Un recul de 3 % a été observé du côté de l’Asie-Pacifique, mais selon BRP, ce déclin est moins prononcé que celui de l’industrie, qui a été d’environ 30 %.

Seule ombre au tableau, la production a mis plus de temps à retrouver sa vitesse de croisière dans le groupe marin, le dernier segment à redémarrer chez BRP. Les recettes de cette division ont donc décliné de 15 % pendant les mois d’août, septembre et octobre.

Cible rehaussée

Dans l’ensemble, la performance trimestrielle de BRP a été accueillie favorablement par les analystes financiers.

« Au troisième trimestre l’an dernier, les ventes avaient fléchi de 20 % en raison des pénuries plus sévères dans la chaîne d’approvisionnement », rappelle Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, en ajoutant que cette situation avantageait les comparaisons financières du troisième trimestre de cette année.

Toutefois, l’analyste estime que la plupart des indicateurs suggèrent que BRP n’a pas fini de rouler à vive allure au cours des prochains mois.

Même si la fin de l’année financière approche, la société a relevé ses prévisions. Son bénéfice par action devrait osciller entre 11,65 $ et 12 $. Par rapport à l’an dernier, il s’agit d’une croissance qui oscillera entre 17 % et 21 %.

À la Bourse de Toronto, mercredi, l’action de BRP a grimpé de 3,66 %, ou 3,55 $, pour clôturer à 100,66 $ dans le cadre d’une séance où le principal indice boursier de Bay Street a également terminé dans le vert.

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    Nombre d’usines de BRP réparties au Canada, aux États-Unis, en Autriche, en Finlande, au Mexique et en Australie
    SOUrCE : BRP