Il y a toujours un chaînon manquant dans la filière québécoise des batteries, mais cela n’empêche pas l’écosystème de se solidifier ailleurs. Vale franchit une étape importante vers la construction d’une usine de sulfate de nickel – un élément clé des batteries que l’on retrouve dans les véhicules électriques – à Bécancour grâce à une entente avec General Motors (GM).

Les modalités de l’entente annoncée jeudi n’ont pas été dévoilées, mais le géant brésilien approvisionnera le constructeur américain pour lui permettre d’alimenter annuellement 350 000 véhicules électriques comme des Chevrolet Silverado EV, Blazer EV et Equinox EV.

« Ce n’est pas tant le projet en soi dans sa finalité qui est intéressant, mais son intégration, souligne le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, en entrevue téléphonique. Nous sommes dans le graphite et le lithium […] il manquait le sulfate de nickel. »

Si tout se déroule comme prévu, les livraisons devraient débuter dans la deuxième moitié de 2026. À l’entreprise établie à Rio de Janeiro, jeudi, personne n’était disponible pour accorder des entrevues. Vale n’a pas encore confirmé la construction de son usine – un projet qui pourrait atteindre 200 millions selon nos informations – en bonne et due forme. L’engagement de GM vient confirmer la solidité du projet.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon

Québec et Ottawa discutent de la contribution financière potentielle des deux ordres de gouvernement avec la multinationale brésilienne, confirme M. Fitzgibbon. En novembre 2021, La Presse avait révélé l’intérêt de Vale, qui sollicitait un appui financier gouvernemental dans ses démarches.

« On travaille étroitement avec eux, affirme le ministre Fitzgibbon. Je ne peux pas encore dire que c’est le niveau de confort absolu, mais ils savent ce que nous sommes prêts à faire. »

Un morceau important

Le sulfate de nickel entre dans la composition des cathodes, le principal élément d’une batterie lithium-ion. Bécancour doit accueillir deux usines de fabrication : celle de BASF et l’autre émanant de l’alliance entre POSCO et GM. Selon nos informations, Ford évalue un « projet sérieux ». Cela explique l’intérêt de Vale.

Le géant minier piloterait le premier projet nord-américain de production de sulfate de nickel.

« Il s’agit d’une extension naturelle de nos activités », estime Deshnee Naidoo, vice-présidente chez Vale Métaux de base.

L’entente entre Vale et GM survient au moment où les nouvelles ont été moins bonnes pour la filière québécoise des batteries. Pour des raisons différentes, Britishvolt et StromVolt, qui faisaient miroiter depuis l’an dernier des projets d’usine de cellules – la dernière étape avant l’assemblage des batteries –, ont mis leurs ambitions sur la glace.

Invité à commenter la tournure des évènements, M. Fitzgibbon répond qu’il est toujours possible, à son avis, d’attirer un cellulier.

« On a bâti la chaîne d’approvisionnement de la bonne façon, dit-il. J’aime mieux avoir une fondation solide dans les cathodes et les anodes plutôt que d’avoir un seul morceau de la chaîne. Ultimement, un cellulier, c’est faisable. »

Le minerai transformé dans l’usine envisagée par Vale à Bécancour pourrait provenir de sa mine de Voisey’s Bay, à Terre-Neuve-et-Labrador. L’entreprise ne veut toutefois pas s’avancer sur cette possibilité. Au Canada, elle est également présente en Ontario ainsi qu’au Manitoba.

Vale figure également parmi les fournisseurs de Tesla.

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    En plus de son entente avec Vale, GM a noué des partenariats avec POSCO et Recyclage Lithion au Québec.
    SOURCE : La presse