Le constructeur de motoneiges et de motomarines électriques Moteurs Taiga pourrait revoir à nouveau l’échéancier de son projet d’usine à Shawinigan pour tenir compte de ses ressources financières limitées et des contraintes de production liées à la chaîne d’approvisionnement.

« Nous sommes en train de réévaluer le rôle stratégique de l’usine de Shawinigan et nous réfléchissons à son échéancier pour obtenir une efficacité optimale de la production et pour que le déploiement du capital et la capacité de production soient alignés avec les plans d’accélération de la production », a déclaré le président et chef de la direction et cofondateur, Samuel Bruneau, lors d’une conférence téléphonique visant à discuter des résultats du troisième trimestre.

La construction du projet, annoncée en 2021, devait initialement être terminée cette année. Dans la foulée des perturbations de la chaîne d’approvisionnement qui ont retardé ses plans de production, Moteurs Taiga avait déjà repoussé le début de la construction au deuxième trimestre de 2023 pour commencer la production en 2024. La société a obtenu des engagements financiers d’une valeur de près de 50 millions de la part du fédéral, de Québec et de la Ville de Shawinigan pour ce chantier.

Le constructeur montréalais a déjà une usine fonctionnelle à Montréal, qui pourrait produire « au moins » 8000 véhicules. L’objectif reste de construire une deuxième usine à Shawinigan qui amènerait la capacité de production totale à 70 000 véhicules.

La direction de Moteurs Taiga veut se donner le temps de mettre à profit les apprentissages faits à son usine de Montréal, qui a livré ses premiers véhicules électriques en mars dernier, a précisé le chef de la direction financière, Eric Buissières. Il a ajouté que les échéanciers seraient révisés « au besoin ».

« Nous voulons seulement être prudents avec notre allocation du capital. Nous avons la possibilité d’accélérer la production jusqu’à 8000 unités [à Montréal]. À ce stade-ci, la priorité est d’accélérer la production adéquatement à Montréal pour que nous puissions exporter les meilleures pratiques de Montréal à l’usine de Shawinigan. »

Le maire de Shawinigan, Michel Angers, ne s’inquiète pas de voir « ce super beau projet » prendre plus de temps à se concrétiser. Taiga aura besoin de l’usine prévue à Shawinigan lorsque l’entreprise sera parvenue à augmenter sa cadence de production, selon lui.

Il est normal que des délais accompagnent le lancement d’une nouvelle entreprise, selon lui. Il compare le potentiel de Taiga à celui du constructeur de voitures électriques Tesla, qui a bouleversé l’industrie.

Ce n’est pas un problème, on vit avec ça. On est prêt à attendre.

Michel Angers, maire de Shawinigan

La municipalité prévoit toujours effectuer des travaux de prolongement du réseau de distribution d’eau dans ce secteur industriel au printemps, confirme le maire. Dans l’éventualité où Taiga était incapable de réaliser son projet, ce qu’il n’anticipe pas, le terrain pourrait toujours être utilisé pour un autre projet.

Taiga a commencé à livrer ses véhicules électriques en mars dernier. À la fin de septembre, elle avait vendu 68 véhicules au cours de l’année.

Moteurs Taiga estime qu’elle sera en mesure de livrer entre 2500 et 3500 véhicules en 2023. Les plans de production ont été perturbés au cours de l’année en raison de la disponibilité de composants. La société estime qu’elle serait en mesure d’accélérer le rythme de production d’ici la fin de l’année.

M. Bruneau a indiqué que l’entreprise avait fait des changements à ses installations montréalaises afin d’y permettre la production de motoneiges et de motomarines en même temps, plutôt que selon un cycle saisonnier. La société a aussi fait des réserves de certains composants afin de pouvoir accélérer le rythme de production.

Bilan et résultats

Moteurs Taiga a aussi fait une mise à jour sur ses ressources financières. L’entreprise avait indiqué en août être à la recherche de sources de financement additionnelles tandis qu’elle a enregistré des pertes pour financer le lancement de la production et ses projets d’expansion. « Nous continuons à faire des démarches et nous ferons une mise à jour lorsqu’une entente aura été conclue », a dit M. Buissières.

Au 30 septembre, la société disposait d’une trésorerie de 31,2 millions, comparativement à 52,4 millions trois mois plus tôt.

L’entreprise a signé une entente, le 1er novembre, avec l’Agence de développement économique du Canada pour l’obtention d’un financement de 10 millions.

L’accélération de la production devrait alléger la pression sur les finances de Moteurs Taiga, croit son chef des finances.

« En toute franchise, nous ne sommes pas où nous aurions aimé être en ce qui a trait au rythme de production au troisième trimestre », a dit M. Buissières.

Nous essayons de nous rattraper afin de réduire nos stocks et libérer de l’argent que nous pourrons utiliser pour racheter des composantes importantes en vue de la production de l’été.

Eric Buissières, chef de la direction financière de Moteurs Taiga

Au troisième trimestre, l’entreprise a dévoilé une perte nette de 15,6 millions, comparativement à une perte de 4,9 millions à la même période l’an dernier. La société a enregistré des revenus de 1,3 million, comparativement à ses revenus initiaux de 141 000 $ au premier trimestre.

L’action a clôturé lundi en baisse de 13 cents, ou un peu plus de 3 %, à 4,11 $, à la Bourse de Toronto.