Les sociétés montréalaises de gestion d’actifs Jarislowsky Fraser et AlphaFixe Capital sont parmi les sept firmes gagnantes du Grand championnat canadien ESG qui se partagent une cagnotte de 104,5 millions de dollars en mandats de gestion d’actifs axée sur les normes d’environnement, de société et de gouvernance (ESG) en matière d’investissement responsable.

Lancé en mars par neuf investisseurs institutionnels canadiens à vocation sociale et philanthropique, le Grand championnat canadien ESG visait à répondre à la demande croissante pour des occasions d’investissement responsable en fonction de deux objectifs principaux.

Le premier était de faire connaître les gestionnaires d’actifs au Canada qui se distinguent dans le secteur de l’investissement responsable et ESG pour qu’ils puissent en inspirer d’autres.

Le second était de donner aux gestionnaires d’actifs et aux investisseurs d’envergure des points de référence permettant de stimuler leurs activités d’investissement de type ESG.

60 candidats

À partir d’un contingent initial de 60 candidats, les sept firmes de gestion d’actifs gagnantes ont été récompensées sur la base de la performance financière et de la conformité ESG de leurs fonds et de leurs placements. Leur classement était également basé sur l’arrimage de leur stratégie de gestion d’actifs avec les priorités d’investissement et les objectifs ESG de chacun des neuf investisseurs institutionnels à l’origine du Grand championnat canadien ESG.

Parmi les sept firmes gagnantes, c’est la société montréalaise de gestion de placements AlphaFixe Capital qui a obtenu le plus gros mandat de gestion, à hauteur de 38 millions sur les 104,5 millions adjugés au total.

C’est une autre firme montréalaise, Jarislowsky Fraser, filiale de la Banque Scotia, qui a obtenu le deuxième mandat en importance, d’un montant de 25 millions.

Parmi les neuf investisseurs institutionnels impliqués dans le Grand championnat canadien ESG, quatre sont établis à Montréal : la Fondation familiale Trottier, la Fondation de l’Université Concordia, la Fondation du Grand Montréal et la Fondation McConnell.

Selon Éric St-Pierre, directeur général de la Fondation familiale Trottier et organisateur principal du Grand championnat canadien ESG, cette compétition visait à « mettre en évidence les meilleures pratiques dans le but d’accroître la compétitivité des gestionnaires d’actifs et d’identifier les lacunes à combler au sein de l’industrie ».

En fin de compte, selon M. St-Pierre, le Grand championnat canadien ESG a démontré que « le secteur canadien de l’investissement responsable est assez mature, alors que nous avons dû faire des choix parmi plusieurs excellentes propositions ».

Manque de clarté déploré

En contrepartie, note Éric St-Pierre, le déroulement du championnat a démontré que « le manque de clarté quant à l’étiquetage et à la définition des normes ESG complique toujours la tâche des investisseurs ».

À ce propos, d’ailleurs, dans un rapport sur l’état de la situation au Canada préparé par la firme d’analyse-conseil montréalaise Millani, spécialisée en évaluation ESG et collaboratrice du championnat canadien, on constate « la nécessité d’une communication claire de la part des gestionnaires d’actifs et de l’instauration de normes exhaustives de la part des régulateurs financiers afin que le secteur [de la gestion d’actifs au Canada] puisse maintenir une base solide et demeurer compétitif face à l’évolution rapide de la concurrence internationale dans le domaine ESG ».

Selon Milla Craig, fondatrice et PDG de Millani, « il est devenu évident au fil du championnat canadien que certaines firmes de gestion d’actifs intègrent l’ESG dans l’ensemble de leurs activités. Mais d’autres firmes ont une déconnexion entre la façon dont les fonds [d’investissement] ont été conçus et la façon dont ils sont mis en marché ».

De l’avis d’Andrea Moffat, vice-présidente de la Fondation Ivey et membre du jury du Grand championnat canadien ESG, « bien qu’il n’y ait pas de bonne ou de mauvaise approche » en matière de stratégie ESG, « il est nécessaire de communiquer de manière plus concise sur les politiques ESG des entreprises et la façon dont elles sont intégrées dans leurs investissements ».

« L’investissement aux normes ESG comporte de nombreuses nuances, et nous ne pouvons pas nous contenter de formuler des recommandations générales », ajoute Mme Moffat.

« Pour aider les firmes d’investissement à réussir, il faut un engagement plus soutenu et une meilleure collaboration entre le gouvernement, les régulateurs et les investisseurs — surtout au niveau des appellations et d’une classification standardisées en ESG. »