Les partis de l’opposition sont déçus par la vente au rabais de Rona par le quincaillier américain Lowe’s à une firme d’investissement new-yorkaise et par l’inaction du gouvernement Legault.

« Est-ce que le gouvernement du Québec était au courant que Lowe’s était en processus de vente ? Si la réponse, c’est oui, ont-ils tenté de le ramener au Québec ? », s’est demandé le député péquiste Pascal Bérubé.

M. Bérubé rappelle que dans l’opposition, François Legault « est souvent intervenu pour dénoncer à grands cris la perte de sièges sociaux ». Il se demande aujourd’hui ce que le premier ministre est prêt à faire pour en ramener au Québec.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Pascal Bérubé, député péquiste de Matane-Matapédia

M. Bérubé a déploré la multiplication de ce qu’il appelle des « sièges sociaux de façade » : il montre du doigt les entreprises Molson Coors, Bell et la Banque de Montréal, et s’inquiète des mouvements de personnel1 chez Saputo.

Il cite également la décision du géant pharmaceutique français Sanofi, qui a fermé son siège social au Québec pour se concentrer sur l’Ontario, et le rachat des forestières Produits forestiers Résolu et Domtar par Paper Excellence, établie en Colombie-Britannique, mais appartenant à l’homme d’affaires indonésien Jackson Widjaja.

Des résultats

L’entreprise a maintenant accès à des centaines de milliers d’hectares de forêt publique et 160 000 autres de forêt privée. En entrevue avec La Presse en septembre2, François Legault avait été piqué au vif lorsqu’on lui avait rappelé ce contrôle étranger sur une bonne partie de la forêt québécoise.

« La vente des grandes entreprises forestières a commencé avant le gouvernement de la CAQ, malheureusement. On va essayer de retrouver le contrôle, avait-il affirmé, énigmatique. Dans les quatre dernières années, on a beaucoup plus acheté d’entreprises d’ailleurs que l’on s’est fait acheter des entreprises québécoises. Dans le secteur forestier, c’est bien de valeur, s’il n’y a pas d’acceptabilité sociale, il n’y aura pas d’exploitation. »

Mais Pascal Bérubé, lui, veut des résultats et estime qu’un parti politique qui pratique le nationalisme économique doit vouloir le plus de sièges sociaux possible au Québec.

Inertie

Du côté de Québec solidaire, le critique en matière d’économie, Haroun Bouazzi, affirme qu’il est « triste de voir un pilier de l’économie québécoise se retrouver à être l’objet de flip financier d’un investisseur étranger sans considération pour l’histoire et la mission de ce fleuron québécois ».

François Legault dénonçait l’inertie des libéraux face à la perte de nos fleurons à des mains étrangères, mais force est de constater que le gouvernement s’accommode bien de l’économie mondiale financiarisée.

Haroun Bouazzi, critique en matière d’économie de Québec solidaire

Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a affirmé jeudi qu’il « aurait aimé que ce soit vendu à des Québécois, mais [que] le mal a été fait en 2016 », et qu’il prévoit maintenant de « travailler avec des Québécois pour être prêts » quand Sycamore sera « prêt à revendre ».

Dans une déclaration écrite laconique, le député libéral André Fortin a affirmé qu’il est « difficile de prédire les impacts de la transaction sur le marché québécois et les consommateurs ». « L’important pour nous est donc de protéger les emplois et de s’assurer que le siège social demeure au Québec », a-t-il dit. Sa cheffe, Dominique Anglade, venait tout juste d’être nommée ministre de l’Économie lorsque Rona a été vendue, en 2016.

1. Lisez notre article « Saputo s’enracine en Floride » 2. Lisez notre entrevue de septembre dernier avec François Legault