Le Royalmount se paie du luxe. Louis Vuitton, Gucci, Tiffany & Co. et RH comptent parmi les grandes marques qui éliront domicile dans les locaux du futur centre commercial, au printemps 2024, doit annoncer ce mercredi Andrew Lutfy, président-directeur général de Carbonleo, société qui développe le projet situé à Mont-Royal, à l’angle des autoroutes 15 et 40.

En dépit du climat d’incertitude économique ambiant, M. Lutfy persiste et signe : le marché du luxe a bel et bien sa place dans la métropole. « J’ai eu la même question en 2018 et en 2019, juste avant qu’on ouvre le Four Seasons et le Holt Renfrew, a-t-il affirmé au cours d’une entrevue accordée à La Presse. Je connais ma ville. Oui, il y a un marché. »

M. Lutfy a été derrière le projet d’ouverture de l’hôtel de luxe Four Seasons en 2019 au centre-ville de Montréal. L’établissement donne un accès direct au magasin Holt Renfrew Ogilvy. De son côté, le Royalmount bénéficie d’un budget global de 7 milliards de dollars.

Par ailleurs, selon l’homme d’affaires, 85 % des produits de luxe que se procurent les Montréalais sont achetés à l’extérieur de la métropole. « Ça veut dire que c’est un Montréalais qui s’en va à New York, à Toronto, à Paris, à Londres qui achète une belle sacoche ou un autre produit et qui le ramène », illustre-t-il, rappelant dans la foulée qu’il se fait également beaucoup d’achats en ligne.

PHOTO FOURNIE PAR CARBONLEO

Andrew Lutfy, président-directeur général de Carbonleo

Il y a des fuites économiques énormes que l’on va récupérer ici au Québec.

Andrew Lutfy, président-directeur général de Carbonleo

Ainsi, après plusieurs mois de négociations, des adresses luxueuses s’installeront à l’angle des autoroutes 15 et 40. Louis Vuitton, reconnu notamment pour ses sacs à main, y ouvrira un magasin d’une superficie de 9150 pieds carrés. RH, entreprise américaine d’ameublement de haut de gamme, y aménagera son magasin phare, son premier à Montréal, dans un espace de 45 600 pieds carrés. À cela s’ajouteront Gucci, Tiffany & Co., Sandro et Maje. Toutes ces boutiques, parmi les premières à élire domicile dans ce centre commercial, accueilleront leurs clients à partir du printemps 2024.

IMAGE FOURNIE PAR CARBONLEO

Illustration du projet Royalmount

« Certaines de ces marques n’ont aucune connaissance de Montréal, donc ç’a été beaucoup plus long [avant d’avoir des confirmations] », admet le grand patron de Carbonleo. « Elles se sont demandé pourquoi elles ne s’étaient jamais installées à Montréal. Pour certaines d’entre elles, les espaces et l’offre n’étaient jamais convenables, dit-il. Certaines de ces grosses marques de luxe ne s’installeraient jamais rue Sainte-Catherine. Aller sur la Rive-Sud ou la Rive-Nord n’était pas une option non plus. »

« On a toujours dit que ça serait un projet d’envergure. On annonce des noms qui sont des leaders mondiaux. On honore notre promesse », affirme fièrement M. Lutfy, dont le projet a été l’objet de vives critiques.

Andrew Lutfy assure également que le Royalmount sera à la portée de toutes les bourses. « Il y aura aussi une offre beaucoup plus abordable. Il y aura un beau mélange de local et d’international. »

Il a toutefois été impossible d’avoir plus de détails à propos des futurs locataires. D’autres noms seront révélés au cours des prochains mois. Le Royalmount accueillera un total de 170 magasins et une soixantaine de restaurants. On y aménagera également un parc linéaire de 3 km. Des bureaux et des salles de spectacles feront éventuellement partie du décor.

En ce qui concerne la construction de condos et de logements, la question n’est toujours pas réglée. « À ce jour, on n’a pas de zonage résidentiel. Le résidentiel est dans les plans, mais on a du travail à faire pour obtenir le zonage. »

Or, peu de temps après son élection en 2021, le nouveau maire de Mont-Royal, Peter Malouf, avait clairement indiqué qu’il s’opposait au volet résidentiel du projet. Depuis le début, le Royalmount ne fait pas l’unanimité. Manque de mesures d’atténuation de la congestion routière et trouble du voisinage appréhendé par la direction de Dollarama, dont les entrepôts et le centre de distribution sont situés tout près, comptent parmi les critiques faites au projet au cours des dernières années.

Congestion routière

Ainsi, à l’heure où tous les yeux sont rivés sur les problèmes de congestion causés notamment par la fermeture partielle du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine ou par d’autres travaux routiers, Andrew Lutfy, dont le projet sera situé dans un secteur autoroutier déjà fort achalandé, rappelle n’avoir aucun « contrôle sur le trafic ».

Il se dit également sûr de voir bon nombre de visiteurs se rendre sur place en transport en commun. Les promoteurs ont décidé de faire construire une passerelle entre la station de métro De la Savane et le centre commercial.

« Le trafic a toujours existé. Il n’y a rien qui va changer, signale-t-il. On ne voit aucun impact sur notre projet. Le Royalmount peut d’ailleurs agir comme un bassin de rétention. À l’heure de pointe, si on est pris dans le trafic, on peut toujours aller au Royalmount, prendre un café, souper, magasiner. C’est peut-être un peu farfelu… Chose certaine, je ne suis pas en contrôle du trafic. »