(Montréal) Les dirigeants de Résolu voulaient obtenir une offre plus élevée de Papier Excellence, qui a refusé de payer plus. Ils ont cependant obtenu un prix de consolation qui prend une forme inusitée : ils mettront la main sur une partie des droits compensateurs de 500 millions versés au gouvernement américain qui seront remboursés à la fin de l’épisode actuel du conflit du bois d’œuvre.

Les actionnaires de Produits forestiers Résolu ont accepté majoritairement lundi l’offre d’achat de Groupe Papier Excellence pour une contrepartie de 2,7 milliards US, ou 20,50 $ l’action.

Cette offre, même augmentée une première fois de 18,00 $ à 20,50 $, a été jugée insuffisante par le conseil d’administration, qui voulait obtenir 25 $ l’action, révèle la circulaire d’information à l’intention des actionnaires.

Fairfax Holdings, le principal actionnaire de Résolu avec 39,8 % des actions, « était d’avis que la Société devait essayer d’obtenir un prix de 25 $ » et qu’il « n’était pas prêt à appuyer un prix plus bas », relate le document.

La direction a même brandi une autre offre d’achat concurrente, reçue d’un acquéreur non identifié, qui s’intéressait à toutes les activités de Résolu, sauf le bois et le papier tissu. Cette offre était estimée à entre 0,9 et 1,1 milliard de dollars, et excluait le lourd passif lié aux régimes de retraite de l’entreprise centenaire.

Papier Excellence n’a pas refusé catégoriquement de bonifier son offre d’achat de Résolu, mais a signifié « qu’une autre augmentation était peu probable et que cette augmentation, le cas échéant, serait en cents plutôt qu’en dollars ».

L’acquéreur a plutôt proposé de remettre aux actionnaires de Résolu les droits compensateurs versés par l’entreprise au gouvernement américain depuis le début du nouvel épisode du conflit du bois d’œuvre canado-américain, entamé il y a six ans.

Produits forestiers Résolu a versé jusqu’à maintenant 500 millions en taxes sur ses exportations de bois d’œuvre aux États-Unis, sommes qui sont conservées en fiducie en attendant un règlement du différend qui a été soumis par le Canada aux instances commerciales internationales.

Résolu était l’entreprise canadienne la plus affectée par les droits américains, qui avaient d’abord été fixés à 29,66 % avant d’être ramenés récemment à 14,86 %.

2,94 $ l’action de plus

Les entreprises canadiennes exportatrices de bois d’œuvre accusées de dumping par leurs concurrents américains ont toujours eu gain de cause dans les épisodes précédents d’une guerre qui dure depuis plus de 30 ans.

Encore cette fois, la direction de Résolu pense que l’industrie canadienne aura gain de cause et qu’elle pourra récupérer au moins en partie les 500 millions versés.

« La direction ne peut attribuer une probabilité, une valeur ou un moment à un tel recouvrement », précise la circulaire d’information aux actionnaires. « La direction note que, lors du précédent règlement de tels droits en 2006, environ 80 % des droits déposés ont été recouvrés. »

Sur cette base, le remboursement éventuel a été estimé à un maximum de 2,94 $ l’action, ce qui bonifierait l’offre d’achat de 20,50 $ à 23,44 $.

Même s’il n’y a aucune certitude que ces remboursements se concrétiseront, l’actionnaire principal Fairfax s’est dit satisfait de l’offre reformulée de Papier Excellence, et le conseil d’administration a recommandé son acceptation.

L’autre option, soit la vente partielle de l’entreprise à l’acheteur intéressé non identifié, a été jugée trop incertaine et plus compliquée à réaliser.

La transaction annoncée officiellement le 6 juillet dernier et avalisée lundi par les actionnaires réunis en assemblée extraordinaire marque la fin de Produits forestiers Résolu comme entreprise inscrite en Bourse.

Résolu devient une filiale de Domtar, rachetée aussi par Papier Excellence l’année dernière.

Papier Excellence a récemment fait l’objet d’un rapport critique de Greenpeace, qui questionne la structure juridique complexe de l’entreprise et de ses sociétés affiliées disséminées un peu partout dans le monde, de même que son bilan environnemental.