Les investisseurs ont réagi avec enthousiasme mercredi à la vente d’une filiale de mdf commerce à un concurrent de l’exploitant de plateformes de commerce électronique de Longueuil.

La direction de mdf commerce cède sa filiale InterTrade à SPS Commerce, une transaction évaluée à 65 millions. Le prix de vente équivalait à 60 % de la valeur de mdf commerce à la Bourse de Toronto en date de mercredi matin alors qu’InterTrade ne générait qu’approximativement 10 % de son chiffre d’affaires.

Spécialisée dans les processus d’échange de données informatisées interentreprises (B2B), InterTrade offre des solutions facilitant le transfert de documents d’affaires et optimisant la chaine d’approvisionnement.

L’offre de SPS Commerce correspond à un multiple de 5x les revenus de 13 millions d’InterTrade, dont les activités sont par ailleurs rentables.

En réaction, l’action de mdf a bondi de 30 % pour clôturer la séance à 2,92 $ à Toronto.

« La transaction met en évidence la valeur intrinsèque de mdf », commente l’analyste Nick Agostino, de Valeurs mobilières Banque Laurentienne. Cet expert estime que le titre de mdf pourrait mériter un multiple d’évaluation plus élevé encore si la direction réalise des progrès dans l’exécution de sa stratégie.

Son camarade Richard Tse, de la Financière Banque Nationale, souligne que la transaction vient évidemment soulager le bilan. « Il est toutefois prématuré de conclure que les autres filiales de mdf sont fondamentalement sous-évaluées », prévient-il cependant.

Un bon coup

SPS Commerce est arrivée avec une offre difficile à refuser, selon ce que laisse entendre le PDG de mdf commerce, Luc Filiatreault.

« InterTrade avait été achetée pour 8 millions de dollars en 2010. C’est un sapré bon rendement », lance-t-il.

Le PDG souligne que cette opportunité s’est présentée d’elle-même et qu’elle n’est pas le fruit d’une démarche proactive. « Ils sont venus cogner à notre porte », dit-il.

InterTrade avait été achetée en 2010 alors que mdf commerce s’appelait encore Mediagrif. À cette époque, SPS Commerce s’intéressait déjà à InterTrade, souligne Luc Filiatreault.

SPS Commerce s’est informée de la « disponibilité » d’InterTrade à quelques reprises au fil des ans, précise-t-il.

Ils ont cogné à la porte à nouveau en début d’année et cette fois-ci, ça faisait notre affaire. Ça nous permet d’assainir le bilan. Il n’y a plus de dette. Ça devrait rassurer nos actionnaires.

Luc Filiatreault, grand patron de mdf commerce

mdf s’était endettée l’année dernière en payant 260 millions pour acheter Periscope, une plateforme d’approvisionnement en ligne desservant des organismes gouvernementaux américains. C’était la plus importante acquisition jamais réalisée par mdf.

Luc Filiatreault souligne que la vente d’InterTrade amènera mdf à se concentrer dans les domaines que l’entreprise souhaite développer, notamment l’approvisionnement gouvernemental.

« Pour ça, on a besoin d’avoir des moyens pour bouger », dit-il.

Les deux gros moteurs de croissance de mdf commerce sont l’approvisionnement gouvernemental et le commerce électronique. Luc Filiatreault explique qu’InterTrade se situait entre ces deux plateformes et était donc un peu « orpheline ».

SPS Commerce est un leader en Amérique du Nord dans les processus d’échange de données informatisée (EDI). « InterTrade a une grande valeur pour SPS car ça leur permet de développer ces technologies-là », dit Luc Filiatreault.

Inscrite à la Bourse américaine NASDAQ, SPS Commerce est une entreprise de Minneapolis dont la valeur boursière s’élève à 4,7 milliards US.

Quelque 70 des 800 employés de mdf commerce travaillent pour InterTrade et sont maintenant appelés à joindre l’effectif de SPS Commerce.

Pancarte à vendre retirée

Par ailleurs, la plateforme de places de marchés électroniques de mdf a déjà été à vendre, mais elle ne l’est plus aujourd’hui, soutient Luc Filiatreault.

« Nos places de marchés sont très rentables. Depuis la pandémie, Broker Forum est en forte croissance avec notamment ses activités dans le domaine des pièces électroniques, alors que notre site d’emplois Jobboom fait très bien dans le contexte actuel où les employeurs cherchent du personnel. »

Le PDG ajoute qu’il n’y a pas d’investissement à faire dans cette plateforme. « On ne cherche pas à faire croître nos places de marchés. On tente simplement de les exploiter de la façon la plus rentable possible, contrairement à nos plateformes d’approvisionnement électronique et de commerce électronique où on continue de développer de nouvelles technologies et de nouvelles fonctions. »

Au printemps dernier, Long Path Partners, une firme privée d’investissement du Connecticut, a perçu une occasion et fait l’acquisition d’une participation supérieure à 10 % dans mdf.

Le Fonds FTQ (13,6 %), Investissement Québec (12,2 %) et Long Path Partners (11 %) sont les trois plus importants actionnaires de mdf commerce.