En achetant le chantier maritime Verreault, Groupe Océan fait d’une pierre deux coups : l’entreprise permet à sa nouvelle prise de rester sous contrôle québécois et devient mieux outillée pour obtenir une  part des milliards qui seront dépensés par Ottawa dans le cadre de sa Stratégie nationale de construction navale.

« C’est un achat stratégique pour nous, a affirmé au bout du fil le président et chef de la direction de Groupe Océan, Jacques Tanguay, en entrevue téléphonique. Comme plusieurs employeurs, on manque de main-d’œuvre. La transaction permet d’ajouter une centaine de travailleurs hautement qualifiés et des gestionnaires aguerris. »

Établie à Québec, la société se spécialise dans la construction et la réparation navales, le remorquage portuaire ainsi que le dragage. Elle exploite déjà des chantiers à L’Isle-aux-Coudres – où sont construits quatre remorqueurs pour la Défense nationale – ainsi qu’un autre dans la Vieille Capitale.

Avec son chantier situé au village Les Méchins, Verreault permet à Groupe Océan d’ajouter une corde à son arc avec sa cale sèche de 244 mètres de long (800 pieds) sur 56 mètres de large (184 pieds).

Chez Verreault, qui a vu le jour en 1956, personne n’était disponible pour accorder des entrevues, mercredi. Au cours des dernières années, en raison de problèmes de santé, Denise Verreault, fille du fondateur Borromée Verreault, s’était retirée de la gestion pour confier la barre à Richard Beaupré.

PHOTO FOURNIE PAR GROUPE OCÉAN

Le chantier maritime Verreault est situé aux Méchins, en Gaspésie.

Le montant de la transaction annoncée mercredi n’a pas été dévoilé.

« En bon acheteur, moi, je trouve que c’est trop cher, mais en bon vendeur, je pense que [Richard] pense que ce n’est pas assez », a lancé à la blague M. Tanguay.

Une potentielle vente avait été évoquée par Verreault il y a environ quatre ans, selon le dirigeant de Groupe Océan. Les pourparlers se sont intensifiés au cours des deux dernières années.

« Sans relève familiale pour reprendre le chantier, c’était l’intention de la famille de vendre, a dit M. Tanguay. Il y avait sûrement des acteurs internationaux qui avaient l’œil sur le chantier, mais je pense que Denise et Richard souhaitaient léguer tout cela à une compagnie québécoise. »

Plus d’options

Les activités de construction et de réparation navales devraient désormais représenter jusqu’à 30 % du chiffre d’affaires de Groupe Océan. Malgré cette acquisition, l’entreprise n’empiétera pas sur les plates-bandes de Chantier Davie, l’un des principaux acteurs au pays. L’entreprise se concentre essentiellement sur le marché des navires de petite et moyenne taille.

Trois chantiers – Chantier Davie, Seaspan (Vancouver) et Irving (Halifax) – ont été préqualifiés par Ottawa dans le cadre de grands projets comme la construction de brise-glaces de la Garde côtière.

Le processus est toutefois différent pour les plus petits navires de moins de 1000 tonnes de déplacement. N’importe quel chantier peut convoiter ces projets qui seront accordés par l’entremise d’appels d’offres. C’est le créneau qui intéresse Groupe Océan.

« Il y en a pour plusieurs années, affirme M. Tanguay. La dimension de la cale sèche [de Verreault] et notre nouvelle capacité de production nous permettront de démontrer que nous avons les moyens de livrer la marchandise. »

Chez les travailleurs, qui sont représentés par la Confédération des syndicats nationaux (CSN), on perçoit la transaction d’un bon œil. Il faudra néanmoins prendre le temps de s’asseoir avec le nouveau propriétaire, souligne Éric Dubois, conseiller pour la Fédération de l’industrie manufacturière.

« Il y avait des rumeurs qui couraient sur le chantier depuis plusieurs mois, explique-t-il. S’il y a eu une transaction pour acheter le chantier, c’est parce qu’il doit y avoir des occasions d’affaires. »

L’empreinte de Groupe Océan dépasse les frontières du Québec. Elle est présente en Ontario, en Alberta, en Colombie-Britannique ainsi que dans les Caraïbes. Son effectif est supérieur à 1000 employés.

En savoir plus
  • 112 millions
    Somme injectée conjointement par la Caisse de dépôt et placement du Québec et le Fonds de solidarité FTQ dans Groupe Océan en 2018
    SOURCE : CDPQ