PyroGenèse est la cible de propos affligeants sur l’internet et la direction de l’entreprise montréalaise souhaite identifier les auteurs de ces allégations pour mettre un terme à ce qu’elle dit être une « stratégie » visant à permettre à ces individus de réaliser des profits.

« Plusieurs entreprises de notre taille sont la cible de fausses allégations, mais peu d’entreprises ont le courage ou les moyens en temps et en argent de faire ce qu’on fait en ce moment », dit Rodayna Kafal, vice-présidente aux relations avec les investisseurs et au développement stratégique des affaires de l’entreprise montréalaise.

« Si on ne le fait pas, personne ne le fera pour nous. On le fait pour protéger nos actionnaires, nos employés et nos clients. Il faut que cette manipulation cesse », précise-t-elle.

PyroGenèse a obtenu mardi de la Cour supérieure du Québec une ordonnance visant à contraindre le site Stockhouse à lui fournir des informations sur les gens qui se cachent derrière des pseudonymes pour discréditer l’entreprise.

Identifier les auteurs des messages est une première étape qui pourrait à terme mener à des actions en justice.

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Rodayna Kafal, vice-présidente aux relations avec les investisseurs et au développement stratégique des affaires chez PyroGenèse

La direction de PyroGenèse soutient ne pas être préoccupée par les commentaires simplement négatifs ou les remises en question de l’approche de l’entreprise. « Ce qui nous préoccupe, ce sont les informations calomnieuses et intentionnellement incorrectes présentées par les mêmes quelques participants sur des forums, de manière répétée, avec des dizaines ou des centaines de messages par jour, dans le seul but de déstabiliser les actions afin d’en tirer un profit financier », explique Rodayna Kafal.

Des messages diffusés sur le site Stockhouse cette année affirmaient notamment que PyroGenèse n’avait aucune valeur, que le titre était frauduleux et que la direction embauchait des gens uniquement dans le but de manipuler les investisseurs (paid pumpers).

Rodayna Kafal affirme qu’il est déjà suffisamment difficile pour les petites entreprises industrielles canadiennes de se faire connaître. À plus forte raison lorsque des investisseurs potentiels font des recherches sur l’entreprise et qu’ils sont parfois inondés de messages « intentionnellement inexacts ». « Nous considérons ça comme un problème », dit-elle.

« Le marché fait ce qu’il fait. Nous ne pouvons pas contrôler le prix de l’action en Bourse. Mais nous avons le devoir de servir nos investisseurs et de protéger l’entreprise en diffusant des informations correctes et en essayant d’arrêter le flux de déclarations incorrectes et diffamatoires. »

Établie dans Griffintown, PyroGenèse se décrit comme une entreprise technologique qui développe et commercialise des procédés industriels au plasma. Ses actions sont inscrites à la Bourse de Toronto et au NASDAQ.

Le titre de l’entreprise a migré de la Bourse de croissance TSX vers la Bourse de Toronto à la fin de l’année 2020.

L’action de PyroGenèse est passée d’une valeur inférieure à 1 $ en 2020 à plus de 12 $ l’année dernière avant de redescendre à son cours actuel sous la barre des 2 $.

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Peter Pascali, PDG de PyroGenèse

Les actions de « nombreuses » sociétés cotées en Bourse sont soumises à la pression de pratiques manipulatrices, dit Rodayna Kafal.

« Les sociétés de croissance à petite capitalisation sont particulièrement visées, en raison de la possibilité d’une forte hausse du cours de l’action basée sur le potentiel, mais en l’absence – pour le moment – de ce qui est considéré comme un revenu correspondant. »

Lorsque le cours de l’action est élevé, ajoute-t-elle, les manipulateurs s’empilent pour tenter de faire baisser le titre à leur avantage, en utilisant toutes sortes de tactiques, notamment en dénigrant constamment l’entreprise en ligne par des déclarations incorrectes et non factuelles.

Les sociétés canadiennes cotées sur les marchés boursiers canadiens ont longtemps été considérées comme un refuge pour les auteurs de pratiques manipulatrices, selon elle, en raison d’une « réglementation beaucoup plus faible et d’une surveillance insuffisante ».

Rodayna Kafal affirme que cette situation a fait l’objet de nombreux écrits, notamment dans un rapport du cabinet d’avocats McMillan, qui a effectué une analyse du paysage de la vente à découvert au Canada en 2019.

Et en décembre dernier, poursuit-elle, le département de la Justice des États-Unis a lancé une enquête sur la manipulation des marchés boursiers, en particulier sur les activités de vente à découvert et les campagnes de dénaturation qui les accompagnent.

« Les organismes de réglementation canadiens considèrent également cette question comme préoccupante, le groupe de travail sur la mondialisation des marchés financiers de 2021 faisant spécifiquement mention de ces mêmes préoccupations et promettant d’étendre les pouvoirs de poursuite pour les déclarations trompeuses sur les sociétés publiques dans divers forums », dit Rodayna Kafal.

« Les régulateurs eux-mêmes ont confié aux entreprises la responsabilité de trouver et de présenter des preuves de tactiques manipulatrices. C’est ce que nous faisons. »