QScale ne chôme pas par les temps qui courent. En plus d’avancer la deuxième phase de son complexe de traitement de données à Lévis, l’entreprise québécoise prépare la feuille de route d’un deuxième campus estimé à 1,5 milliard avec des banquiers d’affaires, dont des Américains. Reste à voir si le projet verra le jour au Québec.

« On viserait 2023 pour démarrer ce projet, explique Martin Bouchard, président de QScale. Les banquiers d’affaires sont là pour planifier le montage financier, sur la façon dont on va bâtir tout cela. Je ne peux pas en dire plus pour l’instant, mais on parle de la feuille de route. »

M. Bouchard et ses associés Vincent Thibault et Dany Perron feront le point sur leurs projets ce mercredi. Ils sont les promoteurs de centres de traitement de données à haute intensité qui valorisent la chaleur émanant des puissants ordinateurs qui traitent de gigantesques quantités de données. Ces rejets thermiques sont par exemple utilisés pour chauffer des complexes serricoles – qui font pousser des fruits et des légumes – installés à proximité.

On ne parle pas de centres de données traditionnels, mais de puissants ordinateurs et serveurs de calcul à haute capacité qui sont capables d’effectuer les calculs permettant de faire circuler de façon sécuritaire des véhicules autonomes ou d’effectuer de la recherche scientifique.

L’intérêt pour ce type de service ainsi que la crise énergétique qui sévit en Europe dans la foulée de l’offensive militaire de la Russie contre l’Ukraine profitent à l’entreprise. À Lévis, QScale a pu avoir accès à un important volume d’hydroélectricité. À maturité, le complexe de 1 milliard prévu à Lévis doit consommer plus d’électricité dans une année qu’une ville de la taille de Drummondville.

« La première phase est sur le point d’être complétée et le deuxième volet a été déployé, dit M. Bouchard. Initialement, cette deuxième partie devait se décliner l’année prochaine. On accélère le processus. »

Forte croissance

Au total, huit phases sont prévues à Lévis, ce qui devrait permettre la création d’au moins 200 emplois. Le dirigeant de QScale n’a pas nommé de clients, mais en coulisses, les choses avancent.

« Il y a des ententes de confidentialité signées avec plusieurs géants de l’industrie, affirme M. Bouchard. Si on lance la phase deux, c’est parce qu’on a de la prévisibilité sur la demande. Nous ne sommes plus à l’étape du plan d’affaires. Le projet serait 50 % plus grand que celui de Lévis. »

ILLUSTRATION FOURNIE PAR QSCALE

Le complexe envisagé par QScale à Lévis table sur huit phases adjacentes à des complexes serricoles.

C’est pour cette raison que QScale a retenu les services de banquiers d’affaires qui travaillent pour Houlian Lockey (États-Unis), la Banque Scotia (Canada) et le Mouvement Desjardins (Québec).

« Il faut maintenant regarder partout dans le monde si on veut recueillir des milliards à des conditions intéressantes, souligne le président de QScale. On fait maintenant affaire avec des spécialistes qui ont de l’expérience. Ce sont de très grosses sommes, il faut élargir nos horizons. »

L’entreprise scrute déjà les quatre coins du Québec pour élargir son empreinte. Des rencontres ont déjà eu lieu avec des villes comme Baie-Comeau (Côte-Nord), Thurso (Outaouais) et au Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Toutefois, avec l’ère des surplus qui tire à sa fin au Québec, Hydro-Québec est désormais plus sélective à l’endroit des projets énergivores. L’accès à de l’« énergie verte » est « extrêmement important » pour QScale, qui a décidé d’ouvrir ses horizons. Les options sont toutefois limitées, puisque peu d’endroits sont capables d’offrir d’importants volumes d’énergie renouvelable.

« On ne veut pas s’imposer des limites, dit M. Bouchard, sans s’avancer sur la question de l’emplacement du futur campus. L’expansion en 2023 est très importante. La rapidité avec laquelle on peut nous accueillir et nous donner accès à de l’énergie constitue des éléments très importants. On ne demande pas de cadeaux ou de subventions. »

Initialement, le deuxième complexe de QScale devait voir le jour à Saint-Bruno-de-Montarville, en banlieue sud de Montréal. L’entreprise a toujours de l’intérêt pour l’endroit, mais ce dossier n’occupe plus la même place dans la liste des priorités.

En savoir plus
  • 40 000 pi⁠2
    Superficie (3715 m⁠2) de chacune des phases de QScale à Lévis
    source : qscale
    90 millions
    Pour démarrer son premier campus, QScale avait reçu 90 millions – un prêt et un investissement – du gouvernement québécois.
    source : gouvernement du québec