Ne vous attendez pas à voir des présentoirs de vins à moins de 12 $ pousser comme des champignons cet automne à la SAQ. La société d’État n’a pas l’intention de modifier sa stratégie de vente parce qu’un vent inflationniste souffle sur la province. Les Québécois ont beau voir leur pouvoir d’achat sous pression, ils continuent de boire et choisissent soigneusement ce qu’ils mettent dans leur panier. Tour d’horizon, en six tendances.

Le petit vin pas cher perd des adeptes

Chaque consommateur a son idée de ce qu’est un vin « pas cher ». À la SAQ, on estime que la catégorie à 12 $ et moins répond à cette description. Et, contrairement à ce qu’on pourrait croire, le petit vin pas cher est de moins en moins populaire.

« La gamme de produits à 12 $ et moins est en évolution, explique Josée Dumas, directrice de la gestion de l’offre et de la mise en marché de la SAQ. La demande depuis les cinq dernières années a diminué : elle n’est plus au rendez-vous. »

Malgré cela, la SAQ va continuer d’offrir des vins de cette catégorie.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Josée Dumas, directrice de la gestion de l’offre et de la mise en marché de la SAQ

Il va toujours y avoir un client pour le 12 $, le 15 $ dit Josée Dumas. Et il va toujours y avoir un client pour le 30 $ ou le 50 $.

Josée Dumas, directrice de la gestion de l’offre et de la mise en marché de la SAQ

Pour l’instant, les consommateurs n’ont pas réduit le prix de leurs bouteilles de vin, malgré l’inflation, selon les analyses de la SAQ.

La popularité de l’espace Cellier

En fait, Josée Dumas explique que ça n’est pas l’inflation qui a affecté nos habitudes d’achat, mais la COVID-19.

D’abord, au début de la crise, nos visites à la SAQ ont été plus rares et plus rapides. « En début de pandémie, on a vu des consommateurs qui entraient dans nos succursales et se dirigeaient vers des valeurs sûres, explique Josée Dumas. Des produits qu’ils connaissaient. Ils n’avaient pas l’intention de rentrer dans nos succursales, d’y rester et de se faire conseiller par nos conseillers en vin. Donc la zone Cellier a été désertée et on a vu la croissance des ventes sur des valeurs un peu plus sûres. »

Et qu’est-ce qui est une valeur sûre, en 2022 ? Les produits qui se retrouvent sur les tablettes de l’entrée des magasins, comme le classique sauvignon blanc néo-zélandais Kim Crawford, donne en exemple Josée Dumas.

Un an après le début de la pandémie, le vent a tourné et les Québécois sont retournés dans l’espace Cellier, qui propose des vins plus chers.

Les consommateurs avaient envie de se faire plaisir, explique Josée Dumas. « Quand tu vas au restaurant, tu payes la bouteille de vin un peu plus cher, dit-elle. À ce moment-là, il n’y avait pas de repas à payer au restaurant, alors on a vu les consommateurs se diriger vers des appellations un peu plus prestigieuses, beaucoup plus dans la zone Cellier, et on l’a vu sur le prix moyen qui a augmenté. » Cette tendance n’a pas été affectée par l’inflation pour l’instant.

Plus de vins sans alcool

La SAQ n’est pas près de devenir la SSAQ, mais elle se lance à l’assaut des produits sans alcool qui sont de plus en plus populaires : elle propose maintenant 60 produits sans alcool, ce qui a mené à une augmentation des ventes de 40 % en un an.

« La catégorie sans alcool est une catégorie émergente à la SAQ et on veut la développer davantage », confirme Josée Dumas.

« Ça fait partie de notre plan de nourrir cette catégorie-là, de l’actualiser et de lui trouver une place en succursale, précise-t-elle. Présentement, elle est en bout de caisse, on se questionne maintenant si c’est le bon emplacement ou si on la positionne ailleurs. C’est une catégorie qui est importante pour nous. Ça s’inscrit dans la consommation responsable. »

Le prêt-à-boire fait fureur

Boire un cocktail sans se donner la peine de le préparer ? Apparemment, les gens aiment beaucoup ça.

Selon Josée Dumas, le prêt-à-boire, avec ou sans alcool, a été très populaire l’année dernière, alors que les règles sanitaires s’assouplissaient et que les gens se retrouvaient, mais beaucoup à l’extérieur, dans la cour ou le parc.

Les ventes de prêt-à-boire ont augmenté de 43,7 % en dollars et de 40,8 % en volume, en 12 mois — du printemps 2021 au printemps 2022.

Il y a eu un ralentissement cette année qui devrait se traduire dans les prochaines analyses.

Selon la directrice de la gestion de l’offre et de la mise en marché de la SAQ, la météo n’a pas été favorable à la consommation de ce genre de produits, en début de saison 2022. Mais aussi, les gens ont accouru sur les terrasses où ils pouvaient désormais prendre leurs cocktails.

Multiplication des vins québécois

L’offre de vin québécois continue de grandir à la SAQ. « Pendant la pandémie, on a vu que l’achat local a été une priorité pour les consommateurs québécois qui étaient soucieux d’encourager l’économie locale », explique Josée Dumas.

Le prix moyen d’une bouteille de vin du Québec vendue à la SAQ est 17,21 $.

Le vin d’ici représente désormais 3,9 % des ventes de vins de la SAQ.

Toujours plus de blancs

Le vin blanc continue de gagner en popularité : quatre bouteilles de vin sur dix vendues à la SAQ sont du vin blanc.

Le rouge continue sa décroissance, de 55,4 % des bouteilles de vin vendues en 2021 à 53,4 % en 2022. Les ventes de vin rouge sont en recul au Québec depuis 2005, et la tendance est mondiale.

Les quelque 6 % restants sont du vin rosé — pour les curieux, le vin orange n’étant pas officiellement une catégorie de vin, ses ventes sont comptabilisées avec les blancs puisqu’il est fait de raisins blancs.