L’entreprise montréalaise Lightspeed se prépare à ouvrir le mois prochain un restaurant au rez-de-chaussée de son siège social dans la gare Viger. Il sera exclusivement réservé aux employés, qui n’auront pas un cent à débourser pour y prendre des repas.

« Ce ne sera pas une cafétéria. Mais bien un restaurant. On veut que l’ambiance soit celle d’un restaurant. On veut créer un environnement avec une vraie cuisine professionnelle de chef », dit JP Chauvet, PDG de Lightspeed.

C’est une initiative peu commune ici, mais dans le secteur des technologies — en Californie notamment –, c’est fréquent, selon le grand patron du fournisseur de solutions technologiques pour les commerces.

Sa femme travaille aussi dans le secteur des technologies, et c’est elle qui lui a donné cette idée. « Elle rentrait d’un voyage en Californie et m’a raconté ce qu’elle avait vu », relate JP Chauvet.

Dès qu’il y a des difficultés pour embaucher des employés, il faut trouver des conditions hors norme. Pour y arriver, il faut mettre le prix.

JP Chauvet, PDG de Lightspeed

JP Chauvet explique que la plupart des embauches chez Lightspeed sont réalisées par l’entremise d’employés qui parlent de Lightspeed à leurs amis. « L’obsession numéro un est donc que nos employés soient heureux pour qu’ils en parlent », dit le PDG.

Il y a des centaines de postes ouverts chez Lightspeed cet été. « Nous devons embaucher des gens, et le seul moyen d’y parvenir est d’offrir des expériences uniques. La nourriture, c’est un élément clé », soutient JP Chauvet.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Le restaurant est toujours en construction au siège social de Lightspeed à Montréal. Son ouverture est prévue le mois prochain.

Il explique que lorsqu’une entreprise a un effectif de plusieurs milliers d’employés — ils sont 3500 chez Lightspeed, dont environ 40 % à Montréal —, l’attrition peut faire perdre des centaines d’employés par année.

Le coût lié à l’embauche et à la formation d’un nouvel employé est énorme, dit-il.

La direction fait le pari que l’investissement dans les conditions de travail réduira l’attrition, que les employés encourageront plus de gens à se joindre à l’entreprise et qu’il en coûtera ainsi moins pour embaucher de nouveaux employés.

« Je suis convaincu qu’une grosse portion de coûts est compensée par la diminution de l’attrition. »

Il mise donc sur la nourriture, la qualité des espaces de travail, un plan de carrière et d’autres avantages comme l’occasion de travailler de n’importe où dans le monde deux mois par année.

« Plus les gens voient des environnements divers, plus ils deviennent performants. On les encourage réellement à travailler à l’étranger deux mois par an », dit JP Chauvet.

Un employé peut aussi prendre le nombre de congés qu’il désire chez Lightspeed. « Tu prends autant de vacances que tu veux, tant que tu fais ton boulot », dit JP Chauvet.

Miser sur les incitatifs

En plus de servir des repas chauds, la direction entend utiliser le restaurant pour organiser des évènements thématiques en soirée pour les employés.

Chez Lightspeed, les employés peuvent déjà depuis un moment consommer gratuitement trois repas par jour, en plus de collations à volonté. Des boîtes repas sont notamment offertes dans des frigos aux différents étages du siège social. On y trouve aussi des garde-manger avec plusieurs marques de céréales, des croissants, du pain, etc.

Un bar à smoothies et un comptoir café avec un barista se sont aussi récemment ajoutés aux services offerts au personnel travaillant au siège social. Le restaurant s’ajoutera aux avantages de travailler en présentiel chez Lightspeed. Une boutique adjacente au restaurant est également aménagée où les produits des clients de Lightspeed seront offerts aux employés.

On ne veut pas forcer les gens à délaisser le télétravail pour revenir travailler au bureau. Par contre, on veut leur offrir suffisamment d’incitatifs pour qu’ils veuillent revenir.

JP Chauvet, PDG de Lightspeed

Si Lightspeed a profité de la pandémie pour rénover et occuper dorénavant les six étages de la gare Viger, l’entreprise pourrait choisir d’agrandir son siège social à l’arrière de l’édifice. « On prévoit réaliser une croissance de nos affaires d’au moins 40 % par an pour les trois prochaines années. Ça va demander beaucoup de ressources », précise-t-il.

« On a rénové nos bureaux, car on était certains qu’il y aurait un besoin de reconnecter avec les collègues dans le monde réel », dit celui qui a pris cet hiver la relève du fondateur Dax Dasilva à la tête de l’entreprise.

En raison de la flexibilité offerte aux employés, la direction dit avoir de la difficulté à chiffrer aujourd’hui le taux de présence des employés au siège social. Toutefois, les dirigeants soutiennent que la « vaste majorité » des employés sont de retour sur une base « régulière ».

« La morale de l’histoire est qu’il faut que le bureau soit une destination pour que les gens reviennent de plus en plus dans le monde physique », dit le patron de Lightspeed.