(San Francisco) Malgré une perte nette de 2,6 milliards de dollars américains au deuxième trimestre, Uber a plus que doublé son chiffre d’affaires d’avril à juin et a largement dépassé les attentes du marché.

À Wall Street, l’action du géant des locations de voitures avec chauffeurs et de la livraison de repas à domicile s’envolait de près de 19 %, à 29,25 $, en fin de séance.

« Nous continuons de bénéficier de l’augmentation de la demande pour le transport des gens et des objets ainsi que de la transition d’un modèle de dépenses en magasin vers un modèle de dépenses pour des services », a déclaré le patron d’Uber, Dara Khosrowshahi, dans un communiqué.

« Nous avons l’intention de continuer à profiter de ces facteurs favorables à notre croissance », a-t-il ajouté.

Les revenus trimestriels du groupe, qui se sont établis à 8,1 milliards US, ont été en partie dopés par un changement dans le calcul des recettes des courses au Royaume-Uni, a indiqué l’entreprise.

Le chiffre d’affaires lié aux trajets en voiture a progressé de 120 %, à 3,6 milliards US, et celui lié aux livraisons de repas (Uber Eats) est monté de 37 %, à 2,7 milliards US.

Uber a aussi réalisé 1,8 milliard US de revenus grâce au transport de marchandises.

L’entreprise a par ailleurs affiché, pour la première fois, un flux de trésorerie disponible positif, de 382 millions US.

Cette mesure est suivie de près par le marché, car elle donne des indications sur la capacité d’une entreprise à réaliser de nouveaux investissements.

M. Khosrowshahi s’est également réjoui du fait qu’Uber comptabilise désormais près de 5 millions de chauffeurs et coursiers sur sa plateforme, une hausse de 31 % par rapport à l’année dernière.

Nous avons observé une accélération du nombre de chauffeurs, qu’ils soient déjà en activité ou nouveaux. Dans un contexte mondial de prix de l’essence élevés, c’est une preuve retentissante de la valeur que les chauffeurs continuent d’attribuer à Uber.

Dara Khosrowshahi, PDG d’Uber Technologies

Lors d’une conférence téléphonique avec des analystes de Wall Street, le dirigeant a précisé que plus de 70 % des nouveaux chauffeurs avaient cité l’inflation comme l’une des raisons les ayant conduits à s’inscrire sur la plateforme.

« Le coût de la vie joue un rôle », a reconnu M. Khosrowshahi, qui a vanté la « flexibilité » offerte par Uber.

La plateforme permet de « gagner de l’argent quand vous voulez, où vous le voulez et immédiatement, et les niveaux de rémunération sont assez intéressants », a-t-il détaillé.

Uber a dû faire face à des poursuites judiciaires dans plusieurs pays pour son refus d’accorder un statut d’employé à ses chauffeurs, privilégiant le statut de travailleur indépendant.

En 2021, la justice britannique a imposé à l’entreprise de garantir un salaire minimum et des congés payés à ses chauffeurs, une première mondiale.

Des participations qui font mal

Le groupe californien a cependant continué à perdre beaucoup d’argent entre avril et juin.

Uber attribue cette perte principalement à sa participation dans plusieurs entreprises à la santé financière chancelante, dont la plateforme singapourienne VTC Grab, la jeune pousse américaine de véhicules autonomes Aurora et l’agrégateur de restaurants indien Zomato.

M. Khosrowshahi a prévenu à cet égard que la rentabilité du groupe pourrait « continuer de connaître des variations de trimestre en trimestre en raison de la taille importante des participations dans [le] bilan financier ».

Au prochain trimestre, Uber s’attend à ce que la valeur totale des réservations faites sur sa plateforme s’établisse entre 29 et 30 milliards US. Cela correspondrait à une augmentation de 25 % à 30 % sur l’ensemble de l’année.

Son bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement (BAIIDA) au troisième trimestre devrait, lui, être compris entre 440 millions et 470 millions US. C’est mieux que les prévisions du marché (384 millions US).

Selon Dan Ives, de Wedbush Securities, le trimestre solide du groupe montre que « malgré une hausse des prix des courses aux États-Unis et en Europe, les consommateurs continuent d’utiliser la plateforme d’Uber, particulièrement au moment où les voyages, le retour au bureau et d’autres tendances d’après-pandémie s’installent dans la durée au niveau mondial ».