(Séoul) Le géant sud-coréen Samsung Electronics a annoncé jeudi un bénéfice d’exploitation en hausse de 12,2 % sur un an au deuxième trimestre 2022, porté par des profits records de sa branche semiconducteurs.

Le secteur des semiconducteurs « a réalisé un bénéfice trimestriel record », a expliqué le groupe dans un communiqué, précisant avoir à la fois augmenté sa production et élargi son catalogue de produits.

« Les bénéfices de l’activité mémoire se sont améliorés […] car la société s’est attachée à répondre à la forte demande de serveurs », a ajouté Samsung.

En juin, Samsung Electronics est devenu le premier fabricant au monde à produire en masse des puces avancées de 3 nanomètres, cherchant ainsi à égaler et, à terme, à dépasser le Taïwanais TSMC dans la course à la fabrication des composants les plus avancés.

Les nouvelles puces seront plus petites, plus puissantes et plus efficaces, et seront utilisées dans des applications informatiques de haute performance avant d’être intégrées, plus tard, dans des appareils grand public tels que les téléphones portables.

La grande majorité des micropuces les plus avancées du monde sont fabriquées par deux entreprises seulement, Samsung et TSMC, qui actuellement tournent toutes deux à plein régime pour pallier une pénurie mondiale.

Entre avril et juin, le bénéfice d’exploitation de Samsung s’est élevé à 14 100 milliards de wons (10,6 milliards d’euros) pour un chiffre d’affaires en hausse de 21,3 % à 77 200 milliards de wons, selon le communiqué.

Le bénéfice net (part du groupe) a atteint 10 950 milliards de wons, en hausse de 15,9 % sur un an.

Recul dans les téléphones intelligents

Samsung, leader mondial de la production de téléphones intelligents devant l’Américain Apple, a indiqué que tant la demande que les bénéfices étaient en baisse au deuxième trimestre par rapport au premier trimestre dans cette division.

« La demande globale a diminué par rapport au trimestre précédent en raison des problèmes géopolitiques et des inquiétudes liées à l’inflation », a-t-il expliqué.

« La rentabilité a diminué par rapport au trimestre précédent, dans une certaine mesure, en raison de l’augmentation des coûts des composants et de la logistique, ainsi que des effets négatifs des fluctuations des taux de change », a poursuivi le groupe.

La faiblesse du won par rapport au dollar a toutefois profité à l’entreprise, qui a enregistré un effet de change favorable de 1300 milliards de wons par rapport au trimestre précédent.

L’activité mobile de Samsung « devrait s’améliorer au second semestre par rapport au deuxième trimestre, qui a été fortement affecté par des éléments extérieurs comme la guerre en Ukraine », a estimé à l’AFP Park Sung-soon, analyste chez Cape Investment & Securities.

Pessimisme pour les semiconducteurs

Toutefois, selon lui, la baisse de la demande pour les semiconducteurs liée aux craintes de récession mondiale entrave les perspectives de bénéfices de l’entreprise.

« Ce qui détermine le bénéfice global de Samsung, c’est son activité de semiconducteurs. Vu la baisse de la demande attendue, les ventes pourraient faiblir au second semestre de l’année », a-t-il prédit.

La demande mondiale de puces « entre dans une période de faiblesse, qui persistera jusqu’en 2023 », a estimé pour sa part Richard Gordon, analyste de la société de recherche Gartner, dans un rapport cité par Bloomberg.

« Nous constatons déjà une faiblesse sur les marchés finaux des semiconducteurs, en particulier ceux qui sont exposés aux dépenses de consommation » du grand public, a-t-il ajouté.

Les puces mémoire sont au centre ces derniers mois de tensions géopolitiques mondiales, chaque État cherchant à sécuriser coûte que coûte son approvisionnement.

En mai, le président américain Joe Biden a ainsi entamé symboliquement un voyage en Corée du Sud en visitant l’usine de semiconducteurs géante de Samsung à Pyeongtaek, près de Séoul.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a « mis davantage en évidence la nécessité de sécuriser nos chaînes d’approvisionnement critiques », avait déclaré M. Biden à cette occasion, soulignant l’importance de renforcer les partenariats technologiques entre pays alliés.