(New York) Twitter a publié vendredi des résultats trimestriels inférieurs aux attentes, un raté qu’il a attribué, pour partie, à l’incertitude liée à son rachat potentiel par Elon Musk.

Le groupe, qui tente d’obtenir en justice que l’entrepreneur tienne son engagement, a vu son chiffre d’affaires reculer sur un an (-1 %), à 1,18 milliard de dollars.

Il est aussi retombé dans le rouge, avec une perte nette de 270 millions de dollars, selon un communiqué publié vendredi. Rapportée par action, un indicateur très suivi par Wall Street, la perte est près du triple de ce qu’attendaient les analystes.

Ce repli est attribué à des « vents contraires » dans le secteur de la publicité, aux craintes qui pèsent sur la conjoncture économique, mais aussi à « l’incertitude liée à l’acquisition en cours de Twitter » par Elon Musk.

« Twitter est dans une chaloupe en pleine tempête », a commenté Jasmine Enberg, analyste d’Insider Intelligence, qui a rappelé que le groupe était « habitué aux contre-performances ».

Dans un contexte de durcissement des conditions de crédit et de ralentissement économique, les sociétés dont le modèle est entièrement basé sur la publicité souffrent d’une diminution des budgets des annonceurs.

Jeudi, Snap avait ainsi ouvert le bal des réseaux sociaux et affiché une perte plus importante que prévu et un chiffre d’affaires inférieur aux attentes, ce qui lui a valu de perdre plus de 39 % en Bourse sur la seule séance de vendredi.

Côté Twitter, les analystes ont néanmoins bien accueilli la progression de 8,8 millions du nombre d’utilisateurs actifs quotidiens dits « monétisables », c’est-à-dire exposés à de la publicité sur la plateforme, pour un total de 237,8 millions.

« C’est mieux que ce qu’on craignait et les chiffres restent relativement solides en considérant le contexte actuel », a réagi, dans une note, Dan Ives, de Wedbush Securities.

« Comparé au cauchemar de Snap, on voit que la publicité ne s’est pas effondrée », a ajouté l’analyste.

À contre-courant des autres réseaux sociaux, laminés en Bourse vendredi, l’action Twitter a fini en hausse de 0,81 %.  

L’ombre de Musk

Au-delà d’une conjoncture défavorable à l’ensemble du secteur, Twitter est aussi fragilisé par la saga de son rachat hypothétique par Elon Musk.

Après le renoncement de l’entrepreneur, début juillet, le dossier s’est déplacé sur le terrain judiciaire, où les dirigeants entendent obtenir que le milliardaire soit contraint à acquérir Twitter.

Mardi, une juge d’un tribunal spécialisé du Delaware a ordonné la tenue d’un procès resserré sur cinq jours, en octobre.

La magistrate a ainsi accédé à la demande de Twitter, qui réclamait une procédure accélérée pour limiter les dégâts de cette saga sur le groupe, et a écarté, en revanche, les arguments des avocats d’Elon Musk, favorables à ce que les débats ne s’ouvrent pas avant 2023.

L’homme d’affaires accuse les dirigeants de Twitter d’avoir menti sur la proportion des comptes automatisés et de messages non sollicités sur la plateforme et de ne pas lui avoir fourni suffisamment de données pour vérification.

Le groupe à l’oiseau bleu conteste ces assertions et reproche à Elon Musk de les utiliser pour faire diversion.

« Les résultats [publiés vendredi] apportent des preuves supplémentaires qu’Elon [Musk] a eu un impact préjudiciable sur les fondamentaux de la compagnie, ce qui devrait renforcer la position de Twitter en justice », a réagi, dans une note, Angelo Zino, de CFRA Research.

Les investisseurs considèrent, pour beaucoup, que Twitter a repris la main, ce qui a permis au prix de son action de rebondir.

Il est désormais au-dessus de son cours du 4 avril, veille de l’annonce d’une prise de participation d’Elon Musk au capital, premier pas avant le dépôt d’une offre sur l’ensemble de la compagnie, dix jours plus tard.

Pour autant, le réseau social « se trouve désormais dans la situation peu enviable de devoir convaincre les annonceurs que son activité publicitaire est solide, quelle que soit l’issue de sa bataille judiciaire avec Musk », a expliqué Jasmine Enberg.

Comme lors de la publication du premier trimestre, Twitter n’a pas organisé vendredi la traditionnelle conférence téléphonique de présentation des résultats.