Le voyagiste a vu son action perdre 6 %

Air Canada a passé la journée sous pression jeudi à la Bourse de Toronto, au lendemain de l’annonce d’une réduction de 15 % de ses horaires de vols pour les deux prochains mois.

L’action du transporteur montréalais a cédé 6 % de sa valeur, jeudi, pour clôturer à 16,04 $ à Toronto à la suite du plus fort volume de transactions enregistré sur le titre depuis la publication de la performance de début d’exercice de l’entreprise, le 26 avril, qui avait alors été jugée décevante.

Les investisseurs ont fait reculer l’action d’Air Canada à son plus bas niveau des 52 dernières semaines en Bourse. Le titre avait atteint un creux de 9,00 $ au début de la pandémie, en mars 2020, alors que le transporteur était forcé de clouer des avions au sol en raison de la crise sanitaire.

Air Canada a annoncé mercredi soir une réduction de son horaire d’un total de 154 vols en moyenne par jour en juillet et en août.

Essentiellement, la fréquence des vols transfrontaliers et intérieurs est réduite. Les changements ne touchent pas les vols internationaux.

Les investisseurs peuvent s’attendre à ce que la volatilité perdure à court terme, compte tenu des défis opérationnels actuels, des craintes de récession et du prix élevé du carburant.

Aux yeux de Chris Murray, de la firme ATB Capital Markets, l’annonce d’Air Canada ajoute une plus grande incertitude entourant la performance à court terme et le temps qu’il faudra pour voir le retour aux opérations normales.

À la TD, Tim James qualifie de prudente la décision d’Air Canada. « La direction souhaite ainsi améliorer la ponctualité de ses vols et minimiser le besoin d’ajustements inattendus. » Bien que la situation soit inquiétante, il estime que c’est le bon geste à faire pour éventuellement rebâtir la confiance des voyageurs.

Des éléments incontrôlables perturbent la reprise des activités, souligne de son côté Konark Gupta, de la Scotia.

Le facteur clé derrière cette décision d’annuler des vols n’est pas le manque de personnel chez Air Canada, mais plutôt la pénurie d’employés dans les aéroports, notamment chez les douaniers et ceux responsables de la sécurité.

Konark Gupta, analyste à la Banque Scotia

L’analyste Walter Spracklin, de RBC, juge négative la réduction de vols annoncée par Air Canada, mais fait valoir que les défis à relever touchent l’ensemble de l’industrie.

Des défis en Europe

En Europe, le transporteur Lufthansa soulignait dans un message envoyé mardi à ses clients qu’avec le début de l’été dans l’hémisphère Nord et la levée de la quasi-totalité des restrictions de voyage, tous les acteurs de l’aviation dans le monde atteignent presque quotidiennement les limites des ressources actuellement disponibles.

« Et la montée en puissance du système complexe du trafic aérien, qui est passé de presque zéro à près de 90 % aujourd’hui, ne se déroule manifestement pas avec la fiabilité, la robustesse et la ponctualité que nous aimerions vous offrir à nouveau », est-il mentionné.

Lufthansa ajoute dans sa note que de nombreux collaborateurs et ressources font encore défaut chez ses partenaires et dans ses rangs.

Presque toutes les entreprises de notre secteur recrutent actuellement et plusieurs milliers d’embauches sont prévues rien qu’en Europe. Mais il faudra attendre l’hiver prochain pour que le déploiement de ces capacités fasse effet et se stabilise.

Le transporteur allemand Lufthansa, dans une note

La direction précise qu’à cela s’ajoute la guerre persistante en Ukraine, qui limite « fortement » l’espace aérien utilisable en Europe, entraînant des engorgements considérables dans le ciel et donc de nombreux retards.

À l’été 2023, le trafic aérien aura retrouvé toute sa stabilité, prévoit le transporteur allemand.

Chez Transat, la responsable des affaires publiques, Andréan Gagné, indique que la direction garde le cap. « Air Transat n’a pas fait l’objet de demandes de réductions de vols à ce stade et ne prévoit pas d’annulations pour le moment. »

L’action de Transat a néanmoins cédé près de 4 % de sa valeur, jeudi, pour clôturer à 3,58 $ à Toronto.