Grandement affaibli par les sanctions canadiennes imposées à la Russie, un important acteur de l’industrie québécoise de l’aluminium est plongé dans l’incertitude alors que ses appels à l’aide lancés à Ottawa demeurent sans réponse.

Avec la pause estivale des travaux parlementaires, STAS se demande combien de temps elle devra encore attendre avant de savoir si le gouvernement Trudeau mettra sur pied un programme d’aide ciblé, comme elle le demande, afin de garder la tête hors de l’eau. L’entreprise saguenéenne fournit des équipements et des solutions de haute technologie aux principaux acteurs de l’aluminium.

« Il y a beaucoup de ralentissement, s’inquiète son porte-parole, Stéphane Tremblay. On ne veut pas mettre notre monde à pied. Il y a des horaires spéciaux qui sont aménagés. Va-t-on être capables de maintenir le rythme ? On veut diversifier les marchés, mais ça prend du temps. »

STAS, présente dans 40 pays, s’attend à perdre 10 millions en revenus cette année. L’entreprise a dû mettre de côté ses projets en Russie et elle est incapable de se faire payer par son client Rusal, le géant russe de l’aluminium.

Sous pression, l’entreprise a officiellement mis la clé sous la porte de sa filière française ces dernières semaines, un autre « dur coup », souligne M. Tremblay. Environ 40 personnes ont perdu leur emploi. M. Tremblay n’a pas voulu chiffrer précisément le soutien financier demandé à Ottawa, mais il se compte en millions de dollars.

« Nous sommes victimes d’une décision politique », affirme-t-il, en prenant soin d’ajouter que STAS appuie les sanctions.

On dit : “Aidez-nous à sortir de la Russie pour punir le pays”, mais on a besoin d’un coup de main.

Stéphane Tremblay, porte-parole de STAS

La pandémie de COVID-19 avait déjà affecté les revenus de l’entreprise, qui sont passés de 60 millions avant la crise sanitaire à 35 millions aujourd’hui. Le nombre d’employés est, quant à lui, passé de 220 à 125.

Député de Jonquière, le bloquiste Mario Simard propose la mise sur pied d’un fonds sectoriel pour les entreprises du secteur de l’aluminium avec les 140 millions de dollars de contre-tarifs imposés aux États-Unis en réponse aux tarifs américains imposés sur l’aluminium canadien en 2020.

« Le gouvernement pourrait au moins envoyer des signaux à STAS qu’il va y avoir du soutien, explique le député. Pour l’instant, c’est une fin de non-recevoir. La compagnie songe à des mises à pied au Québec. »

Cette expertise ne court pas les rues. Il ne faut pas affaiblir l’un des poumons de la grappe québécoise.

Mario Simard, député de Jonquière

M. Simard affirme qu’on lui répond que l’entreprise québécoise n’est admissible « à aucun programme normé ». Si Ottawa a été capable d’agir rapidement avec des mesures de soutien pendant la pandémie, le député bloquiste s’explique mal comment une entreprise comme STAS attend toujours.

Cette dernière devra vraisemblablement s’armer de patience. Par courriel, Laurie Bouchard, porte-parole du ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a indiqué que le gouvernement Trudeau « continuera d’accompagner les compagnies qui le souhaitent à explorer d’autres marchés » par l’entremise de son réseau de délégués commerciaux.

La déclaration de Mme Bouchard ne faisait aucune mention d’une aide financière potentielle.

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    Il s’agit du nombre d’entités russes et de personnes visées par les sanctions canadiennes
    Source : Affaires mondiales Canada