Chaque millimètre compte lorsqu’on tente d’améliorer la performance d’une monoplace en Formule 1. Pour niveler le terrain de jeu entre les écuries, c’est vers le savoir-faire québécois que la Fédération internationale de l’automobile (FIA) s’est tournée. Depuis le début de la saison, c’est un logiciel conçu par InnovMetric qui passe les voitures au peigne fin.

Travail de précision

On ne le remarque pas dans les paddocks du circuit Gilles-Villeneuve, mais derrière une des nombreuses portes de garage, il y a un passage obligé pour les monoplaces. C’est là qu’elles passent sous la loupe de l’équipe pilotée par Nuria Encinas, commissaire technique permanente du chien de garde de l’application des règlements.

« Notre travail, c’est d’essayer qu’elles [les écuries] ne trichent pas », raconte-t-elle, au cours d’une entrevue dans les paddocks. « Si elles trichent, c’est parce qu’on ne l’a pas bien fait. »

Mme Encinas a offert une visite guidée de l’endroit à La Presse.

Traditionnellement, c’était avec des gabarits physiques — des outils conçus sur mesure — que la FIA mesurait les ailerons, le châssis, la garde au sol et la distance entre les roues, pour s’assurer que tout était conforme.

photo fournie par innovmetric

Nuria Encinas, commissaire technique permanente de la Fédération internationale de l’automobile

Difficile de voir les différences à l’œil nu, mais dans la catégorie reine du sport automobile, tricher d’un millimètre peut changer la donne quand on cherche à doubler ses rivaux sur la piste.

« C’est beaucoup ! », s’exclame Mme Encinas.

La saison actuelle marque une rupture avec le passé. Avec tous les changements en matière d’aérodynamisme, la FIA a décidé de ranger pour de bon les gabarits physiques. Le travail de haute précision a été confié à un capteur laser.

« Chaque voiture est différente, raconte la commissaire technique permanente de la FIA. On ne pouvait pas avoir un gabarit pour chaque monoplace. Désormais, tout peut être mesuré. »

Comment ça fonctionne ?

La FIA a adopté la plateforme PolyWorks, vaisseau amiral d’InnovMetric. Essentiellement, ce logiciel permet d’effectuer du mesurage de haute précision.

photo fournie par innovmetric

Le garage de la FIA est un passage obligé pour les monoplaces au circuit Gilles-Villeneuve.

Garées sur un élévateur, les monoplaces sont mesurées grâce à une multitude de réflecteurs sphériques installés à des endroits précis. Aux commandes d’un traqueur laser, les données sont acheminées dans une base de données pour être comparées à un modèle numérique homologué.

L’objectif : en cinq minutes, s’assurer que tout est conforme.

« C’est vraiment très simple pour la personne qui le fait », explique Jean-Sébastien Blais, ingénieur et expert en déploiement de la solution d’entreprise chez InnovMetric. « Avec un ordinateur portable et un traqueur laser, une personne peut réaliser l’inspection. C’est ce que notre plateforme permet de faire. »

Un changement de règlement en cours de saison ? Pas de problème, dit M. Blais. Il suffit d’ajuster les données du logiciel. La FIA n’a pas besoin de commander de nouveaux gabarits, qui sont souvent volumineux et coûteux.

Relation naturelle

Comment la FIA a-t-elle opté pour InnovMetric ?

Dans l’industrie automobile, l’entreprise québécoise est bien connue. Les grands constructeurs automobiles utilisent PolyWorks pour s’assurer que diverses pièces, comme des portes, sont conformes à la réglementation.

L’entreprise affirme que plus de « 80 % » des écuries utilisent la plateforme.

Photo Hugo-Sébastien Aubert, LA PRESSE

Jean-Sébastien Blais, ingénieur et expert en déploiement de la solution d’entreprise chez InnovMetric

« En maîtrisant cette technologie, quand [les constructeurs automobiles] ont une écurie de course comme Ferrari, ils peuvent l’appliquer de différentes façons, dit M. Blais. La FIA s’est rendue à l’évidence que pour être efficaces, il leur fallait ce genre de technologie. »

En apprentissage

Le Grand Prix du Canada est la neuvième épreuve de la saison. Propriétaire d’une licence de PolyWorks, la FIA poursuit son travail afin de peaufiner le logiciel pour l’adapter à ses besoins.

Des améliorations sont donc encore attendues au chapitre de l’exécution.

« Il faut interpréter les données et comprendre comment tout fonctionne, souligne Mme Encinas. C’est plus compliqué pour cela, mais on peut en faire beaucoup plus au chapitre des vérifications. »

InnovMetric compte un réseau de filiales présentes un peu partout dans le monde. En cas de pépins, des spécialistes de l’entreprise sont donc disponibles rapidement. En technologie, « il y a toujours des ajustements à faire », ajoute M. Blais.

InnovMetric en bref 

  • Année de fondation : 1994
  • Siège social : Québec
  • Présence internationale directe : 16 pays
  • Clients : 18 700