Rien n’empêchera l’Association du transport aérien international (IATA) de réduire son effectif québécois d’environ 10 % dans quatre ans, même si le lobby des compagnies aériennes recevra 20 millions en subventions pour maintenir sa présence à Montréal.

Moins d’un an après avoir annoncé son intention de délaisser la métropole au profit de Genève – où se trouve son autre bureau principal –, l’organisation a changé son fusil d’épaule au terme de négociations avec Québec et Ottawa.

L’entente conclue avec les deux ordres de gouvernement, qui verseront 10 millions chacun au cours de la prochaine décennie, obligera l’IATA à maintenir son niveau actuel de 250 employés, notamment dans les créneaux du droit, de la finance et des technologies de l’information, au cours des quatre prochaines années. Par la suite, rien n’empêchera l’effectif de se contracter de 25 postes.

« Ce sont quand même des emplois qui amènent une contribution extraordinaire à Montréal », a défendu la ministre des Relations internationales et de la Francophonie, Nadine Girault, lundi, en point de presse dans les bureaux de l’organisation qui représente quelque 290 compagnies aériennes.

Accompagnée de Pascale St-Onge, responsable de l’Agence de développement économique du Canada, du directeur général de l’IATA, Willie Walsh, et du président-directeur général de Montréal International, Stéphane Paquet, Mme Girault a officialisé l’entente conclue avec le lobby aérien.

Le siège social de l’IATA est à Montréal dans la Tour de la Bourse, au centre-ville, à proximité de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). L’an dernier, l’Association avait fait part de son intention de déplacer du travail vers Genève. Il ne s’agissait pas d’une menace, selon Mme Girault. Le patron de l’IATA a abondé dans le même sens, affirmant que les restrictions sanitaires avaient pesé dans la balance.

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Willie Walsh, directeur général de l’Association du transport aérien international

« Nous estimions que la répartition des tâches entre deux bureaux était inefficace, a affirmé M. Walsh. C’était particulièrement le cas lors des confinements pendant la pandémie. Cela rendait les affaires extrêmement difficiles. »

Conserver l’empreinte

Depuis le début de la pandémie, l’IATA a critiqué à plus d’une reprise le gouvernement Trudeau parce qu’il maintenait en place des protocoles sanitaires jugés trop rigides par l’organisation pendant que d’autres pays procédaient à des allègements.

Les subventions de Québec et d’Ottawa serviront essentiellement à préserver les acquis des installations montréalaises de l’IATA. La haute direction de l’organisation demeurera en Suisse. L’unique promesse formulée par M. Walsh consiste à visiter la métropole plus fréquemment puisque les règles sanitaires le permettent.

Pour conserver un siège social, les gouvernements sont souvent pris entre l’arbre et l’écorce, souligne le professeur au département de management de l’Université Laval Yan Cimon. Ces derniers sont contraints de jouer le jeu des organisations internationales dans un contexte de forte concurrence.

« Beaucoup d’endroits n’hésitent pas à trouver des mécanismes ou des incitatifs financiers pour attirer des bureaux de cette importance, souligne-t-il. Montréal a l’avantage d’avoir un écosystème remarquable avec l’OACI, mais il ne faut pas négliger l’impact de la concurrence internationale. »

L’IATA, qui compte environ 1400 employés, avait déjà sabré environ 10 % de ses effectifs internationaux dans le cadre d’une restructuration.

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    En plus de Montréal, l’IATA exploite des bureaux dans six autres villes à travers le monde.