Les difficultés à obtenir des pièces donnent un coup de frein à la performance de BRP en l’empêchant de profiter pleinement de l’engouement pour les véhicules récréatifs. Il y aura des obstacles à contourner au moins jusqu’à la fin de l’année, prévient la multinationale québécoise. Si le constructeur des Ski-Doo, Sea-Doo et Can-Am demeure optimiste, les investisseurs voyaient la chose d’un autre œil, vendredi, après la publication des résultats du premier trimestre. Survol.

Qu’est-ce qui s’est passé ?

Si les revenus sont restés stables au cours des trois mois ayant pris fin le 30 avril, BRP a vu ses profits fondre de moitié. L’une des principales raisons : les perturbations de la chaîne d’approvisionnement ont empêché l’entreprise d’accroître les livraisons chez ses concessionnaires. Cela concerne notamment les motomarines et les motos à trois roues.

BRP préfère voir le verre à moitié plein. Si les ventes chez ses concessionnaires nord-américains ont fléchi de 9 % au premier trimestre, le recul est d’un peu plus de 20 % à la grandeur de l’industrie, fait valoir l’entreprise établie à Valcourt.

« Le recul ne reflète pas l’absence de la demande des consommateurs, mais plutôt la disponibilité limitée des produits », a expliqué son président et chef de la direction, José Boisjoli, en conférence téléphonique avec les analystes.

Cela n’a pas semblé convaincre les investisseurs. À la Bourse de Toronto, vendredi à la clôture, l’action de BRP retraitait de 10,4 %, ou 10,43 $, pour se négocier à 90,15 $.

Plus long que prévu

À l’instar de la plupart des entreprises, BRP n’a pas échappé aux pénuries de semi-conducteurs – composantes que l’on retrouve dans des puces électroniques essentielles au fonctionnement de certains modules – et de pièces comme des cadrans et des capteurs. Au printemps, elle s’attendait à voir les choses progressivement rentrer dans l’ordre.

Les longs confinements imposés pendant plusieurs semaines en Chine – notamment à Shanghai, capitale économique du pays – pour stopper la recrudescence des cas d’infection à la COVID-19 ont changé la donne.

« Ce qui nous a surpris, c’est la tolérance zéro en Chine, a dit M. Boisjoli. Cela crée plus de perturbations pour nous, mais aussi pour certains fournisseurs. Nous pensons que ce sera difficile toute l’année. »

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

José Boisjoli, président et chef de la direction de BRP

La situation empêche BRP de regarnir les stocks chez ses concessionnaires. Si les précommandes affichent une progression de 80 %, les stocks sont en recul de 67 % par rapport au niveau d’avant la pandémie.

Et l’économie ?

Avec l’économie mondiale qui montre des signes d’essoufflement et le fait que les taux d’intérêt continuent de grimper parce que les banques centrales tentent de freiner les poussées inflationnistes, la demande pour les véhicules récréatifs pourrait-elle s’estomper ? Il n’y a pas encore de voyant jaune, répond BRP aux analystes.

« Nous avons discuté avec toutes nos divisions, nous leur avons posé beaucoup de questions et nous n’anticipons pas de ralentissement pour le moment, a dit M. Boisjoli. Peut-être que c’est parce que nos clients ont un revenu familial plus élevé que la moyenne. On ne ressent pas cet impact. »

Quant à la montée des taux d’intérêt, qui font grimper les coûts de financement, le patron de BRP estime que le contrecoup financier reste limité. Le prix d’un produit construit par l’entreprise oscille entre 15 000 $ et 20 000 $, affirme-t-il. Le contrecoup est moins notable que pour une résidence, par exemple.

De bons mots

Malgré une séance boursière plus tumultueuse vendredi, certains des analystes continuaient d’être encouragés par les perspectives de BRP.

« L’entreprise continuera d’être confrontée à des défis d’approvisionnement au cours des prochains trimestres, mais nous croyons que ces défis, ainsi que les préoccupations du marché, se reflètent déjà dans le cours de l’action », estime Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, dans un rapport.

Du côté de Valeurs mobilières Desjardins, Benoit Poirier se réjouissait de voir l’entreprise relever sa prévision en ce qui a trait au profit ajusté par action pour l’exercice. Le bénéfice devrait osciller entre 11 $ et 11,35 $ par action, comparativement à la fourchette précédente de 10,75 $ à 11,10 $ par action.

En savoir plus
  • 20 000
    BRP dit compter plus de 20 000 employés dans le monde.
    Source : BRP
    910 millions
    Si tout se déroule comme prévu, les profits de BRP pourraient se chiffrer à 910 millions à la fin de l’exercice, prévoit l’entreprise.
    Source : BRP