Les choses vont bien à la Banque Laurentienne, au point que sa PDG dit avoir bon espoir de voir l’organisation dépasser ses cibles financières pour 2022 « malgré l’incertitude qui règne sur le marché ».

L’institution financière montréalaise a dévoilé mercredi une performance financière trimestrielle supérieure aux prévisions des analystes et bonifié de 2 % son dividende versé aux actionnaires.

En réaction, l’action de la banque s’est appréciée de 9 %, à 42,05 $, à la Bourse de Toronto.

La Laurentienne a généré des profits ajustés en hausse de 9 % sur un an, à 61,6 millions de dollars, pour les mois de février, mars et avril, l’équivalent de 1,39 $ par action. Les analystes s’attendaient à des profits par action ajustés de 1,15 $.

« Il s’agit du trimestre le plus rentable de la banque depuis 2018 », a dit la PDG, Rania Llewellyn.

La rentabilité s’explique notamment par l’augmentation des revenus, la performance des secteurs des services aux entreprises et des marchés des capitaux, ainsi que la gestion des coûts.

Les dépenses sont toutefois appelées à augmenter durant la deuxième partie de l’exercice financier en raison d’investissements visant à appuyer la croissance.

Le revenu total récolté durant le trimestre a augmenté de 4 % sur un an, à 259,6 millions, ce qui surpasse aussi les prévisions des experts, qui s’articulaient autour de 250 millions.

Durant une conférence téléphonique organisée avec les analystes, Rania Llewellyn a souligné que les services aux entreprises continuent d’être le moteur de croissance de la banque grâce notamment à l’activité générée par le financement d’inventaires.

Elle a précisé que le financement d’inventaires devance significativement les attentes en raison de trois principaux facteurs. Les grands fabricants se relèvent plus rapidement qu’anticipé de la pandémie et sont en mesure de livrer plus de produits que prévu, dit-elle.

La croissance interne du nombre de nouveaux courtiers, en hausse de 20 % sur un an, ainsi que la hausse des coûts des biens attribuable à la demande élevée sont d’autres facteurs évoqués.

La PDG dit s’attendre à une modération de la demande des consommateurs liée au contexte macroéconomique actuel, mais à une reprise graduelle au quatrième trimestre.

Compte tenu du contexte macroéconomique et de l’incertitude en découlant, la direction a décidé de faire preuve de prudence et de mettre son programme de rachat d’actions sur « pause ». La banque a racheté 401 200 actions durant la première moitié de son exercice financier, l’équivalent d’environ 50 % de ce que l’offre publique de rachat d’actions lui permet de réaliser.

Sur la douzaine d’analystes qui suivent la Laurentienne, le seul qui suggérait d’acheter l’action de la banque avant la publication des résultats est Darko Mihelic, chez RBC. Durant la conférence téléphonique, il a demandé à Rania Llewellyn ce qui pouvait l’inquiéter et si elle craignait, par exemple, un retour du syndicat.

La PDG a simplement répondu que la banque tente de s’assurer que les employés sont engagés et heureux.

Contacté par La Presse pour savoir ce qui l’avait amené à poser cette question, Darko Mihelic a dit qu’il est important de se demander ce qui pourrait arriver.

« Les choses vont si bien à la Laurentienne présentement. Je suis très impressionné par le travail que Rania Llewellyn accomplit. La banque performe et, en tant qu’analyste, je tente de savoir ce qui peut mal tourner. »

Approche de « télétravail d’abord »

L’accréditation syndicale couvrant environ 600 employés de la banque a été révoquée le printemps passé.

« Depuis que les employés de la Banque Laurentienne ont décidé de se désaffilier du SEPB-Québec, nous n’avons entrepris aucune démarche afin de les réintégrer à notre groupe, mais notre syndicat sera toujours prêt à les accueillir », a pour sa part indiqué Pierrick Choinière-Lapointe, directeur exécutif du SEPB-Québec.

Rania Llewellyn a par ailleurs souligné aux analystes que la banque vient de poser plusieurs gestes pour ses employés en adoptant notamment une approche de « télétravail d’abord » qui permet de réduire le temps de déplacement et les dépenses (essence et vêtements), et de passer plus de temps en famille. Elle a ajouté que l’organisation offre maintenant à ses employés quatre après-midi de congé de plus ainsi qu’une journée de congé le jour de son anniversaire, ce qui équivaut à trois congés additionnels par année.

La PDG note que les salaires subissent une pression à la hausse avec l’inflation, mais que dans la « guerre » pour recruter des talents, la banque considère les salaires comme un « petit » aspect seulement de l’expérience employé et de la rémunération globale. Elle dit que la banque se démarque notamment avec son approche de télétravail d’abord, « qui donne de la flexibilité aux employés et renforce le niveau d’engagement et le sentiment de fierté ».