Le producteur d’or Yamana était rendu à la croisée des chemins. La société torontoise voulait croître rapidement pour maximiser sa valorisation boursière. La croissance interne aurait pris bien du temps. L’offre d’achat de Gold Fields est arrivée en parallèle à la rencontre stratégique de la société qui s’est tenue en décembre.

C’est ainsi que s’écrit la genèse de la transaction entre la sudafricaine Gold Fields et la canadienne Yamana Gold, copropriétaire de la mine Canadian Malartic, en Abitibi, la plus grosse mine d’or à ciel ouvert au pays.

« Gold Fields nous a contactés il y a 5 ou 6 mois, a expliqué au téléphone Daniel Racine, PDG de Yamana Gold. Des contacts ont ensuite été établis avec d’autres sociétés. Mais c’était Gold Fields qui a manifesté le plus de considération », poursuit le patron de Yamana.

Gold Fields fera l’acquisition de toutes les actions ordinaires en circulation de Yamana, selon un ratio de 0,6 action ordinaire de Gold Fields pour chaque action de Yamana. Sur la base du prix de l’action de Yamana Gold à la Bourse de New York de 5,20 $ US le vendredi 27 mai, et celui de l’action du dépositaire américain (ADR) de Gold Fields de 11,59 $ US, la valeur de la transaction s’élève à 6,7 milliards US.

Contrairement à l’acquisition de Kirkland Lake par Agnico-Eagle en février dernier, cette fois-ci, le prix d’achat comprend une prime de 33,8 % par rapport au cours moyen pondéré en fonction du volume sur 10 jours des actions de Yamana.

« Il était hors de question chez Yamana d’accepter une offre sans prime, soutient Daniel Racine. Dans pareil cas, je vous garantis que les discussions n’auraient pas duré longtemps »

PHOTO FOURNIE PAR YAMANA GOLD

Le PDG de la société aurifère Yamana Gold, Daniel Racine

« Même si la valorisation de Yamana s’est améliorée dans la dernière année. On comprend que la société est encore sous-évaluée par le marché en raison de sa taille, dit M. Racine. Yamana enregistre une production annuelle légèrement inférieure à 1 million d’onces d’or.

Les producteurs majeurs comme Newmont, Barrick et Agnico-Eagle produisent plus de 3 millions d’onces annuellement et se vendent à prime par rapport aux producteurs de taille intermédiaire. La nouvelle Gold Fields ira rejoindre ce club sélect.

Sur une base pro forma, la nouvelle Gold Fields détient 14 mines réparties sur 4 continents. Elle produira 4 millions d’onces d’or par année. Ses réserves dépasseront les 81 millions d’onces.

Selon M. Racine, le changement de propriétaire ne changera rien pour les actifs de Yamana au Québec, que ce soit Canadian Malartic, la mine souterraine Odyssey ou le projet Wasamac, à Rouyn-Noranda.

« Gold Fields va garder ouvert notre bureau corporatif à Rouyn et notre bureau communautaire dans le quartier Evain », assure-t-il.

Pour M. Racine, sur le plan personnel, la transaction change passablement de choses. Il quittera la société après la période d’intégration avec une indemnité en poche. « À 59 ans, je suis trop jeune pour arrêter de travailler. Je connais bien l’Abitibi », dit celui qui a travaillé 25 ans pour la société aurifère Agnico-Eagle et qui s’est joint à l’équipe de Canadian Malartic en 2014.

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  • 714 784 onces
    Production d’or à la mine Canadian Malartic, en Abititi, en 2021