Du 9 au 12 juin prochain, Pierre Lavoie a lancé un défi aux gestionnaires : faire bouger leurs employés dans le cadre de la mission « 1 000 000 de km ensemble ». Le triathlonien dont le nom est devenu synonyme d’activité physique au Québec répond à nos questions sur le leadership.

Qu’est-ce que la mission « 1 000 000 de km ensemble » ?

La mission, c’est de rallier tout le Québec derrière la santé durable. Santé durable, c’est un nouveau mot, mais vous allez en entendre beaucoup parler dans les prochaines années. C’est la pérennité de la santé humaine. Il s’agit ici de faire un million de kilomètres ensemble, de courir, nager, marcher, rouler, faire du canot, faire des kilomètres, ceux qu’on veut. Bouger, tu peux le faire comme tu veux, mais l’important est de le faire au quotidien, toute notre vie. Il faut convaincre la majorité de faire le virage et, pour ça, ça prend des évènements rassembleurs. Avec le web, on peut rejoindre tout le monde. On invite les entreprises à s’impliquer, elles y ont toutes intérêt. Concrètement, c’est un lien web, au www.1000000ensemble.com, ce n’est même pas une application, c’est très simple. À partir de là, tu dis que tu veux participer, tu mets ton profil, ton mot de passe. Quand tu vas aller faire des kilomètres, on te demande juste avant si tu fais partie d’un groupe. Si tu dis que tu fais partie du groupe, par exemple, « Pratt & Whitney », chaque fois que tu vas entrer tes kilomètres, ils vont aller systématiquement à ton organisation, à ton groupe ou à toi individuellement. C’est gratuit.

Croyez-vous que la pandémie et le télétravail ont eu un effet négatif sur la santé et la forme de la population, en général ?

Oui, totalement. Il fallait trouver un moyen de motiver les gens, de s’automotiver à aller bouger. Ils étaient pris chez eux. Le télétravail, ça nous a sauvés le derrière, ç’a sauvé le derrière de bien des entreprises, mais en même temps, être assis toute la journée devant ton ordinateur, tout le monde sait que ce n’est pas bon pour la santé physique et mentale. C’est pour ça qu’il faut que les employeurs deviennent attractifs, ils doivent ajouter dans leur bouquet d’offres à leurs employés la santé physique et mentale. Pour ça, ils doivent leur donner un moment dans la journée. Les employeurs auraient tout intérêt à payer une heure par jour à tous les employés qui décident, durant leur période de travail, d’aller s’entraîner. Un exemple : toi, tu as ton heure de dîner de midi à 13 h, ton employeur te donne une heure si tu veux. Quand tu vas t’entraîner, tu as deux heures sur l’heure du midi. Tout le monde le sait. Quand quelqu’un va s’entraîner, l’employé a rendez-vous avec le premier ministre, il ne faut pas que tu le déranges.

Qu’est-ce qu’une entreprise a à gagner à faire bouger ses employés ?

On parle beaucoup de nouvelle génération. Le marché du travail est en train de se transformer. Les organisations, les entreprises qui veulent garder le modèle Chevrolet 1967, ça ne marchera plus. Si on veut être attractif, ça fait partie de ces éléments qu’on doit ajouter. Premièrement, pour la productivité, pour le bonheur au travail, la qualité de vie et la conciliation travail-famille. Ça améliore le sentiment d’appartenance. Souvent, on le fait en groupe quand on est en entreprise. Ce qui fait qu’une personne décide au quotidien de pratiquer une activité, que ce soit les arts, la musique ou le sport, ce sont deux éléments principaux : le plaisir et les amis. Si tu as du plaisir, en plus d’être accompagné d’amis, tu vas recommencer le lendemain. On a la chance d’avoir nos employés qui sont déjà en groupe, et si on a une souplesse et on fait des activités ensemble, ça donne une couleur particulière. Une couleur que tout le monde devra prendre inévitablement parce que, tantôt, le système de santé va avoir tellement de pression partout que chacun devra apporter sa contribution : les entreprises, les villes, nous. Quand on fait le « 1 000 000 de km ensemble » et qu’on rassemble comme l’année passée tout près de 240 000 personnes, là tu commences à avoir un message public et politique qui dit que maintenant, le Québec est rendu là. On est dans une lancée où la COVID, à cause de deux ans d’arrêt, nous a démontré qu’il faut maintenant s’occuper de la santé mentale de nos employés. Et la meilleure molécule pour la santé mentale, c’est confirmé scientifiquement, c’est de bouger, d’être actif physiquement.