Après six années de recherche et développement et d’essais, Taiga Motors a franchi un important jalon dans sa jeune histoire en générant ses premiers revenus. Le constructeur de véhicules récréatifs électriques accélère le pas du côté des motomarines même si les difficultés d’approvisionnement lui donnent du fil à retordre.

« On a franchi l’étape la plus difficile », s’est félicité le président-directeur général de la jeune pousse québécoise, Samuel Bruneau, lundi, en entrevue téléphonique avec La Presse, après la présentation des résultats du premier trimestre. « Ce sont des années de développement, des milliers de pièces et l’effort de plusieurs centaines d’employés. »

Cofondée par M. Bruneau, Paul Achard et Gabriel Bernatchez, Taiga, qui n’est toujours pas rentable, a livré sept motoneiges Nomad à la fin du premier trimestre, qui s’est terminé le 31 mars dernier. Au total, 28 unités avaient été remises à des clients au Canada – dont la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ) – et aux États-Unis en date du 13 mai.

Les investisseurs semblaient apprécier les progrès réalisés par l’entreprise établie dans l’arrondissement montréalais de LaSalle. Lundi après-midi, à la Bourse de Toronto, l’action de Taiga s’appréciait de 6,35 %, ou 27 cents, pour se négocier à 4,53 $. Cela demeure loin du niveau de 13,25 $ lorsque l’entreprise a fait son entrée sur Bay Street en avril 2021.

Changement de production

Après les motoneiges, Taiga organise sa chaîne de production afin que ses premières motomarines sortent de son usine à temps pour la saison estivale.

Mais à l’instar de la plupart des entreprises, le constructeur de véhicules récréatifs n’échappe pas aux difficultés d’approvisionnement. Ses ambitions de production pourraient être légèrement freinées même si l’entreprise dit avoir trouvé suffisamment de composantes électroniques pour assembler 1000 unités.

« Il y a les microprocesseurs, les délais de livraison, la disponibilité des plastiques et de certains métaux, explique M. Bruneau. On a fait de gros efforts. On ne donne pas un échéancier précis [pour les livraisons de motomarines] pour le moment. On veut les livrer à temps pour que les gens puissent les utiliser cet été. »

Le patron de Taiga affirme que son entreprise avait été en mesure d’emmagasiner, de « manière stratégique », des composantes afin d’atténuer l’impact des délais de livraison. Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, l’un des deux analystes à suivre les activités de Taiga, anticipe peu de soubresauts au chapitre de la production.

« Même si la chaîne d’approvisionnement représente un défi, nous anticipons une augmentation stable de la production au cours des prochains trimestres, écrit-il dans une note. Les installations de Taiga à Montréal peuvent fabriquer 8000 unités par année. »

Toujours dans le rouge

Si Taiga a généré des revenus de 141 000 $ pendant les trois premiers mois de l’année, elle a toutefois creusé sa perte nette, qui est passée de 6,3 millions à 9 millions. Ce résultat est essentiellement attribuable aux ressources déployées pour accélérer la production. Trente personnes se sont ajoutées à l’effectif, qui atteint 216 salariés.

L’entreprise comptait 2886 précommandes à la fin de mars, en hausse de 22 % par rapport au 31 décembre dernier. Celles-ci peuvent toutefois être annulées et sont entièrement remboursables.

En croissance, le constructeur de motoneiges et de motomarines électriques doit puiser dans ses réserves, notamment pour achever la construction de son usine de production à Shawinigan, un projet de 125 millions pour lequel Ottawa et Québec pourraient prêter conjointement jusqu’à 40 millions. Il y avait 71 millions dans les coffres de l’entreprise au 31 mars, comparativement à 86,7 millions au 31 décembre.

« Taiga aura probablement besoin de capitaux supplémentaires pour financier cette expansion, mais nous croyons que d’autres options de financement sont disponibles pour l’entreprise », écrit M. Doerken.

Interrogé sur cette possibilité, le chef de la direction financière de l’entreprise, Eric Bussières, a dit que « n’importe quel » directeur financier « ne ferme pas la porte sur des formes de financement », avant d’indiquer qu’il n’avait rien de plus à ajouter pour le moment.

En savoir plus
  • 70 000
    Lorsque l’usine de Shawinigan sera inaugurée, Taiga pourrait produire jusqu’à 70 000 véhicules récréatifs par année, selon l’analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale
    Source : Banque nationale