Les bénéfices du Groupe SNC-Lavalin ont chuté au dernier trimestre, tombant en deçà des attentes en raison des faibles marges de sa division phare d’ingénierie, alors que l’entreprise s’efforce de combler les fuites de liquidités liées aux contrats de construction à prix fixe.

Même si elle a renoué avec les profits après avoir affiché une perte au quatrième trimestre, la société d’ingénierie a vu la hausse des enchères et des coûts de développement commercial réduire son bénéfice net. Pendant ce temps, les travailleurs malades et les problèmes de chaîne d’approvisionnement ont continué de retarder des projets clés.

Les résultats du premier trimestre ont entraîné une baisse de plus de 13 % du cours de l’action de l’entreprise montréalaise, qui a chuté de 3,84 $ pour clôturer à 24,99 $ à la Bourse de Toronto.

« Une réaction excessive du marché ? Oui. Mais la fatigue des investisseurs est palpable », a affirmé l’analyste Troy Sun, de Valeurs mobilières Banque Laurentienne, dans une note aux investisseurs, faisant référence à la conférence téléphonique des dirigeants à laquelle il participait avec des collègues. « Un autre trimestre désordonné. »

Le chef de la direction, Ian Edwards, a évoqué « une très, très forte demande » pour l’expertise en ingénierie de SNC et un regain d’intérêt pour l’énergie nucléaire au milieu de la déchirure des marchés mondiaux de l’énergie provoquée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie. La société continue de faire de « bons progrès » dans la remise à neuf de certaines parties des projets Darlington et Bruce Power en Ontario, a-t-il souligné.

Sous la direction de M. Edwards depuis juin 2019, SNC-Lavalin s’est concentrée sur les services de conception et d’ingénierie et s’est éloignée des projets clés en main, dits forfaitaires — des contrats à prix fixe en vertu desquels les entreprises doivent absorber tout dépassement de coûts. Mais ces projets continuent de peser lourdement sur les résultats de SNC.

Même si M. Edwards a réduit l’arriéré de ces contrats, la COVID-19 et les problèmes d’approvisionnement ont contribué à entraîner une perte trimestrielle avant intérêts et impôts de 30,5 millions pour ce segment.

Sur l’un de ses deux grands projets ontariens, quelque 62 % des travailleurs sont restés chez eux à un moment donné du trimestre, touchés par le variant Omicron, a expliqué M. Edwards aux analystes.

« De toute évidence, nous avons besoin que les gens soient physiquement au travail », a-t-il indiqué.

Les problèmes de chaîne d’approvisionnement entraînent des retards dans l’obtention de produits fabriqués en Chine, reportant l’achèvement de projets.

« Il y a conséquemment des retards, parce que nous ne pouvons évidemment pas équiper les stations, nous ne pouvons pas les terminer, nous ne pouvons pas faire les travaux mécaniques et électriques. »

Les contrats à prix fixe de SNC comprennent la ligne de train léger sur rail Eglinton Crosstown de Toronto, le prolongement ferroviaire de la ligne Trillium d’Ottawa et le réseau de train léger sur rail REM de la grande région de Montréal. Les trois projets massifs devraient se terminer respectivement en 2022, 2023 et 2024.

Perspectives maintenues

Malgré un trimestre difficile, la société a maintenu ses perspectives de croissance interne des revenus dans ses segments de services de 4 % à 6 % et une marge globale de 8 % à 10 % pour le bénéfice avant intérêts et impôts, conformément à ses objectifs pour 2022-2024.

Plutôt que de générer des flux de trésorerie nets d’exploitation au dernier trimestre, SNC-Lavalin a dépensé 134 millions, laissant reculer ses flux de trésorerie d’exploitation loin dans le négatif. Cette mesure était positive de 5,6 millions il y a un an.

SNC a précisé que son bénéfice des activités poursuivies attribuable aux actionnaires s’était élevé à 24,8 millions, ou 14 cents par action, pour le trimestre clos le 31 mars.

Ce résultat se compare à un bénéfice de 67,7 millions, ou 39 cents par action, au même trimestre l’an dernier.

Les revenus du premier trimestre ont totalisé 1,89 milliard, contre 1,82 milliard au cours des trois premiers mois de 2021.

Les revenus des services professionnels et de la gestion de projet ont grimpé à 1,87 milliard, par rapport à 1,80 milliard l’an dernier, tandis que ceux des activités de capital ont reculé à 16,4 millions, par rapport à 21,7 millions un an plus tôt.

Sur une base ajustée, SNC-Lavalin a indiqué que ses activités de services professionnels et de gestion de projet ont réalisé un profit de 39,4 millions, soit 22 cents par action, en baisse par rapport à celui de 83,4 millions, ou 48 cents par action, de la même période l’an dernier.