Les Québécois ont perdu un premier trio de rêve en Lafleur-Lemaire-Shutt, il y a plus de 40 ans. En ce début de semaine rempli de souvenirs, un trio de jeunes gens d’affaires se révèle gagnant lui aussi.

Vincent Metcalfe, Joseph de la Plante et Elif Lévesque ont fondé la société Redevances Nomad en février 2020 puis ont levé des fonds pour 483 millions en deux ans. Ces jours-ci, ils viennent d’accepter une offre d’achat de la vancouvéroise Sandstorm, qui valorise leur équipe à 755 millions.

  • Vincent Metcalfe, 38 ans, chef de la direction

    PHOTO FOURNIE PAR REDEVANCES NOMAD

    Vincent Metcalfe, 38 ans, chef de la direction

  • Elif Lévesque, cheffe de la direction financière

    PHOTO FOURNIE PAR REDEVANCES NOMAD

    Elif Lévesque, cheffe de la direction financière

  • Joseph de la Plante, 37 ans, chef des investissements

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    Joseph de la Plante, 37 ans, chef des investissements

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L’actionnaire de détail qui est monté à bord lors du premier appel public à l’épargne a payé 9 $ son action et il en recevra l’équivalent de 11,57 $ (sur la base du cours de fermeture de Sandstorm le 29 avril) à la suite de l’acquisition.

Le rendement obtenu sur papier s’élève à 29 % en deux ans, sans compter le rendement courant sur le dividende, supérieur à 1 % par année. Comme la transaction se fait par un échange d’actions, l’actionnaire bénéficie d’un roulement d’actif, ce qui lui évite le déclenchement d’un gain en capital imposable.

Les termes de la transaction consistent en un échange de 1,21 action de Sandstorm pour chaque action de Nomad. Ce prix représente une prime de 21 % sur le cours de clôture de vendredi et de 34 % sur le cours moyen pondéré sur 20 jours de l’action de Nomad. Il devient donc actionnaire d’une société d’une valorisation boursière de 2,7 milliards de dollars canadiens.

Payer d’abord, encaisser ensuite

Comme son nom l’indique, Nomad est une société de redevances minières. Une telle société s’apparente à une société financière spécialisée dans le domaine minier. Elle offre du financement aux sociétés minières pour qu’elles puissent mener à bien leurs projets en échange de paiements subséquents. Deux outils sont possibles : la redevance ou le flux de métaux.

Dans le cadre d’un financement par redevances, Nomad, en contrepartie du capital versé, reçoit un pourcentage de la valeur future des métaux précieux qui seront extraits du sol. Dans le cadre d’un flux de métaux, le capital versé donne droit à une quantité ou un pourcentage de la production future à un prix avantageux déterminé au préalable.

L’acquéreur Sandstorm est aussi une société de redevances. La transaction, qui inclut une troisième partie : Basecore, doit se conclure au second semestre de l’année, après avoir obtenu l’aval des autorités réglementaires.

La nouvelle Sandstorm se hissera à terme au 4rang des sociétés de redevances aurifères, devant Redevances aurifères Osisko, de Montréal, mais derrière Franco-Nevada, cofondée par Pierre Lassonde, Wheaton Precious Metals et Royal Gold.

« Les actionnaires de Nomad feront partie de la société de flux de métaux et de redevances de niveau intermédiaire qui connaît la plus forte croissance avec une production qui devrait augmenter de 40 % entre 2022 et 2024 et de 73 % entre 2022 et 2025 », écrit Trevor Turnbull, analyste financier chez Scotia Capital.

Nomad détient 20 redevances, dont 8 produisent déjà des revenus. D’autres redevances ou flux commenceront à produire des revenus d’ici 2025.

Notre portefeuille a une des plus longues vies de mine du secteur, d’environ 18 ans. C’est très attirant pour un acquéreur, car il achète des actifs qui vont contribuer à long terme à son propre portefeuille.

Vincent Metcalfe, chef de la direction de Redevances Nomad

Un actif vedette de Nomad est constitué de deux flux de métaux sur le gisement Greenstone en Ontario.

M. Metcalfe, 38 ans, explique avoir vendu sa société pour grossir la plateforme afin d’aspirer à une valorisation comme le leader Franco-Nevada. Le rapprochement avec Sandstorm, pour utiliser le langage d’une téléréalité, s’est produit au mois de mars dernier lors d’une importante conférence minière de BMO en Floride.

Sur une base pro forma, les actionnaires de Nomad détiendront 28 % de la nouvelle Sandstorm, les actionnaires historiques de l’acquéreur contrôleront 67 % de la nouvelle entité et ceux de Basecore, 5 %.

Le revers de la transaction : Montréal perd le siège social de Nomad, situé à la gare Windsor, avenue des Canadiens-de-Montréal, à deux pas du temple du hockey.

M. Metcalfe, ancien analyste financier de BMO et ex-Osisko, quittera l’entreprise dans la foulée de sa transaction. Son contrat de travail prévoit des indemnités en cas de départ à la suite d’un changement de contrôle. Ses deux compagnons de trio et lui-même deviennent en quelque sorte des joueurs autonomes sans restriction.

« L’idée est de garder l’équipe ensemble et de regarder pour construire quelque chose de nouveau. On est encore jeunes. On a encore pas mal d’énergie. On n’est pas prêts à aller dans le Sud ou à jouer au golf », assure-t-il.

Il évoque les métaux essentiels à l’électrification des transports comme le lithium et le cuivre comme objet possible de sa prochaine entreprise. « Nomad est notre première Coupe Stanley », dit M. Metcalfe. Il veut en gagner d’autres, à l’image des Glorieux des années 1970.