La santé mentale des entrepreneurs a été mise à mal par la gestion de deux années de pandémie. Près des deux tiers des propriétaires de PME affirment qu’ils « sont plus proches de l’épuisement professionnel que jamais ».

C’est la conclusion d’une série de sondages menés par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) auprès de ses membres depuis le début de la pandémie. Les résultats sont analysés dans le rapport « Au bord du gouffre : la santé mentale dans les PME canadiennes », dévoilé mardi.

La situation est inquiétante, estime Jasmin Guénette, vice-président aux affaires nationales de la FCEI. « C’est déjà très épuisant, en temps normal, de gérer sa propre petite entreprise, souligne-t-il en entrevue. Le propriétaire d’une PME, c’est souvent lui qui s’occupe de toutes les opérations à l’intérieur d’une organisation. »

La pandémie a ajouté un stress supplémentaire pour les entrepreneurs, constate la FCEI, qui sonde ses membres sur leur santé mentale depuis 2018. Bien des entrepreneurs ont dû s’endetter pour passer au travers de la crise. En moyenne, les PME canadiennes ont contracté près de 160 000 $ en dettes en raison de la pandémie.

PHOTO FOURNIE PAR LA FCEI

La situation est inquiétante, estime Jasmin Guénette, vice-président aux affaires nationales de la FCEI. « C’est déjà très épuisant, en temps normal, de gérer sa propre petite entreprise, souligne-t-il en entrevue. Le propriétaire d’une PME, c’est souvent lui qui s’occupe de toutes les opérations à l’intérieur d’une organisation. »

Les propriétaires de PME se trouvent à travailler de très longues heures pour garder leur entreprise à flot dans des conditions qui sont très difficiles.

Jasmin Guénette, vice-président aux affaires nationales de la FCEI

Sans surprise, le rapport démontre que la santé mentale des propriétaires est plus fragile dans les entreprises qui se trouvent dans une posture plus difficile en raison de la pandémie. Les propriétaires qui se disent le plus près de l’épuisement professionnel sont moins nombreux à diriger une entreprise qui a complètement repris ses activités, à avoir rappelé tous ses employés ou à avoir retrouvé un seuil « normal » de revenus.

Propriétaires et employés se trouvent souvent dans un même état d’esprit au sein d’une même entreprise. Parmi les entrepreneurs « proches de l’épuisement professionnel », ils sont 75 % à se dire conscients qu’au moins un de leurs employés avait une santé mentale « précaire ».

Pour l’ensemble des propriétaires de PME, ce taux est de 54 %. En 2020, seulement 35 % des propriétaires de PME avaient cette préoccupation.

Les problèmes de santé mentale liés à la pandémie nuisent à la productivité des entreprises, croient 54 % des répondants. Cette hypothèse est particulièrement prévalente dans les domaines de la finance et de l’assurance (65 %), des services sociaux (64 %) et des arts, des loisirs et de l’information (61 %).

Des tabous qui tombent

M. Guénette voit tout de même de bonnes nouvelles dans les réponses des propriétaires. Il note que les entrepreneurs et les employés sont de plus en plus ouverts à l’idée de parler de santé mentale.

Sept propriétaires d’entreprises sur 10 se disent à l’aise de discuter du sujet avec leurs employés. Les barrières tombent aussi chez les employés tandis que six sur dix se sentent à l’aise d’aborder le sujet avec leur patron.

Faire preuve d’ouverture ne veut pas dire qu’on se sent bien outillé pour accompagner ses employés. Seulement 31 % des propriétaires de PME jugent être bien préparés à prendre en charge les problèmes de santé mentale de leurs employés, contre la moitié qui pensent être mal préparés.

« C’est sûr que c’est un défi pour les propriétaires de PME : ce ne sont pas des spécialistes de santé mentale. »