(Montréal) Hydro-Québec se lance dans l’aventure éolienne en s’associant avec Boralex et Énergir pour investir jusqu’à 3 milliards afin d’ériger le plus gros parc éolien au pays, et veut continuer ses emplettes avec des appels d’offres à venir de plus de 2000 MW. François Legault est d’ailleurs de passage à Gaspé pour annoncer le développement d’énergie éolienne et renouvelable.

« Devant la croissance des besoins en énergie propre […], Hydro-Québec fait évoluer son rôle de producteur d’énergie renouvelable et deviendra, en partenariat avec les développeurs privés, détenteur de parcs éoliens », explique Caroline Des Rosiers, de la direction des communications d’Hydro-Québec, dans une réponse écrite.

Au matin, la société d’État annonçait une entente inédite pour construire un parc éolien entre Québec et Baie-Saint-Paul avec deux partenaires privés. En février, La Presse a fait le portrait de ce mégaprojet énergétique, situé sur un immense terrain privé qui appartient à une institution catholique, le Séminaire de Québec.

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Le promoteur Boralex voulait y construire 240 éoliennes qui généreront suffisamment d’électricité pour alimenter plus de 216 000 résidences, et si on y ajoute la production actuelle de 364 MW, la puissance installée de ce parc rivaliserait avec le complexe de la Romaine.

Hydro-Québec précise que ce projet s’insère dans un « portefeuille de 3000 MW de capacité éolienne qu’Hydro-Québec souhaite développer avec des partenaires » et « ne remplace pas les appels d’offres ». Il se fera au gré des besoins du géant énergétique.

2000 MW de plus dans les deux prochaines années

En entrevue avec La Presse en février, Éric Filion, vice-président à la distribution, à l’approvisionnement et aux services partagés chez Hydro-Québec, affirmait d’ailleurs que les entreprises éoliennes vivraient une « nouvelle ère de croissance », et qu’il y aurait « chaque année, probablement, de nouveaux appels d’offres ». Il disait s’attendre, dans les deux prochaines années, à des emplettes de 2000 MW en puissance installée, soit l’équivalent de la centrale de Beauharnois, la cinquième du Québec pour la puissance.

Mercredi, le premier ministre François Legault visitera d’ailleurs l’usine de pales d’éoliennes LM Wind Power en Gaspésie, et fera une conférence de presse concernant « la transition énergétique et le développement d’énergie éolienne et renouvelable ».

Mais le projet des Terres du séminaire ne plaît pas à tous. La Fédération québécoise des municipalités (FQM) a vertement critiqué le projet, qui ignore selon elle les communautés. « Pour l’instant, ce qui est sur la table, ce qui est dépeint par Boralex, c’est inacceptable », a dénoncé Michel Lagacé, préfet de la MRC de Rivière-du-Loup et responsable à la FQM du dossier éolien.

Communautés ignorées

La FQM milite depuis longtemps pour que les communautés avoisinantes aux projets éoliens soient actionnaires à près de 50 % et reçoivent donc une part des profits. Ce n’est pas du tout le cas ici. « Ce qui est important, c’est que les communautés soient considérées. Là, ce n’est pas senti, ce n’est pas encadré, il n’y a pas de protocole d’entente », a-t-il déploré.

Le fait que le projet de la Seigneurie de Beaupré soit situé sur une terre privée – la plus grande au pays – ne change rien au fait que les communautés devraient pouvoir y participer, affirme M. Lagacé.

Hydro-Québec rétorque qu’elle est en « discussion au sujet d’une participation au projet avec la Nation huronne-wendat, les communautés innues du territoire, la MRC de La Côte-de-Beaupré, la MRC de Charlevoix, la MRC de La Jacques-Cartier et les municipalités concernées ». La société d’État souligne toutefois que sa participation dans les projets éoliens est en soi « une participation collective ». « Elle sera bénéfique pour l’ensemble des Québécois en raison du caractère public de l’entreprise », note Caroline Des Rosiers.

Quant au Séminaire de Québec, il recevra un loyer pour la location des terres sur lesquelles seront érigées les éoliennes. Les « modalités » de ce bail demeureront toutefois confidentielles.