(Montréal) Après avoir « résisté longtemps » à prendre cette décision, Dollarama va commencer « graduellement » à vendre des articles à un prix fixe de 5 $, a annoncé le détaillant montréalais, mercredi, lors du dévoilement de ses plus récents résultats trimestriels.

Cette première hausse en sept ans devrait débuter vers « juin ou juillet ».

« Notre stratégie a toujours été de procéder graduellement et prudemment », a souligné le président et chef de la direction, Neil Rossy, lors d’un appel téléphonique avec les analystes.

Dollarama a commencé à vendre des articles à des prix fixes plus élevés que 1 $ en 2009 afin d’augmenter la sélection de produits offerts et leur qualité. Les prix maximaux sont passés de 2 $ à 3 $ en 2012, puis à 4 $ en 2015.

L’augmentation annoncée se déroule toutefois dans un contexte inflationniste bien différent des précédentes augmentations, a expliqué M. Rossy. « Par le passé, l’introduction d’un nouveau seuil de prix avait un seul rôle, c’était d’amener de la nouveauté et de l’engouement sur les tablettes [avec de nouveaux produits]. Maintenant, ce sera toujours le cas, mais nous sommes aussi dans une période inflationniste. Ce ne sera pas que des ajustements de prix, il y aura de nouveaux produits. »

Anticipée par les investisseurs, la décision d’introduire des prix plus élevés avait été repoussée par Dollarama, dont la stratégie est d’augmenter ses prix après ses concurrents. « J’ai résisté longtemps contre l’idée d’introduire des articles à un prix de 4,50 $ et j’aimerais attendre encore plus longtemps », avait dit M. Rossy en septembre dernier.

La décision ajoute un outil dans l’arsenal du détaillant, croit Brian Morrison, de Valeurs mobilières TD. « L’introduction d’un prix de 5 $ procure une flexibilité financière autant pour les revenus que pour les marges », indique l’analyste financier dans une note.

L’effet ne devrait toutefois pas être significatif dans les résultats du prochain exercice financier (début de février à la fin de janvier) puisque l’introduction est « graduelle », a prévenu Jean-Philippe Towner, chef des finances. « C’est pris en compte dans nos prévisions de croissance des ventes comparables, mais ce n’est pas un élément qui est matériel. »

L’entreprise anticipe que les ventes comparables [qui ne tiennent pas compte des magasins ouverts depuis moins de 12 mois] devraient progresser de 4 % à 5 % au cours de l’exercice.

La Chine et la chaîne d’approvisionnement

Comme pour la grande majorité des détaillants, la chaîne d’approvisionnement reste un défi de tous les instants pour Dollarama. Le problème ne vient pas de la production, mais du transport de la marchandise qui prend plus de temps, a expliqué M. Rossy.

Au 30 janvier, la valeur des stocks de Dollarama a diminué, passant de 630 millions à la même période l’an dernier à 591 millions. Cette baisse démontre que les réserves du détaillant sont moins garnies.

Questionné sur le sujet, le grand patron de Dollarama a dit que la stratégie de l’entreprise était de commander les articles en avance et de les conserver en stock. Cette approche lui procure un « coussin » pour s’assurer d’avoir les articles saisonniers à temps, malgré les caprices de la chaîne d’approvisionnement. « Ça nous permet de nous en tirer mieux que d’autres. Ça montre les avantages de ne pas uniquement se fier à la livraison juste à temps. »

M. Rossy s’est également fait questionner sur les restrictions sanitaires en Chine, où les cas de COVID-19 progressent, malgré la politique de tolérance zéro du gouvernement. La Ville de Shanghai a d’ailleurs resserré ses mesures sanitaires pour limiter la propagation du virus.

Le grand patron de Dollarama a dit qu’il n’était pas préoccupé pour le moment par la situation dans un pays qui héberge de nombreux fournisseurs, mais que la réponse pourrait changer si les restrictions devaient perdurer. Il a indiqué que peu de ses fournisseurs chinois étaient situés à Shanghai.

Des résultats supérieurs aux attentes

Dollarama a dévoilé plus tôt mercredi un bénéfice supérieur aux attentes tandis que le détaillant a augmenté ses ventes de 11 %.

L’entreprise a réalisé un bénéfice net de 219,9 millions au cours du trimestre qui a pris fin le 30 janvier dernier, comparativement à 173,9 millions au trimestre correspondant de l’année précédente.

Les revenus totaux sont en hausse de 11 % pour s’établir à 1,22 milliard. Les ventes comparables, pour leur part, ont augmenté de 5,7 %.

Le bénéfice net ajusté par action a augmenté de 32,1 % à 74 cents. Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice ajusté par action de 71 cents, selon les données de la firme financière Refinitiv.

Chris Li, de Desjardins Marché des capitaux, attribue cet écart favorable aux activités de l’entreprise montréalaise en Amérique latine, par l’entremise de sa participation majoritaire dans Dollarcity. « Même si Dollarcity demeure une portion relativement petite des bénéfices, c’est un important vecteur de croissance à long terme », croit l’analyste, qui souligne que le nombre de magasins ouverts en Amérique latine au quatrième trimestre a atteint 38 établissements, comparativement à 24 à la même période l’an dernier.

Dans la région, Dollarcity tente de percer le marché du Pérou où elle compte 9 magasins sur un nombre total de 350, situés en Colombie (206), au Guatemala (76) et au Salvador (59). M. Rossy a précisé que Dollarcity était encore dans une période d’apprentissage au Pérou, mais que les signes étaient encourageants dans ce marché.

À la fermeture de la Bourse de Toronto, l’action de Dollarama gagnait 2,47 $, ou 3,59 %, à 71,19 $.