(Montréal) Après plus d’un mois de grève à son centre de distribution automatisé de Terrebonne, la direction de Sobeys affirme maintenant réévaluer l’ensemble de son réseau d’entrepôts au Québec.

La Presse Canadienne a pu prendre connaissance d’une lettre transmise par la direction de Sobeys à tous les propriétaires, directeurs et directeurs généraux, faisant état de ce « plan de contingence » qui a dû être déployé, à la suite de la grève des quelque 190 travailleurs du centre de distribution de Terrebonne.

« Malgré notre volonté d’œuvrer au Québec, nous réévaluons actuellement l’ensemble de notre réseau d’entrepôts dans la province », écrit la haute direction dans la missive.

L’achat de terrains situés dans d’autres provinces est aussi à l’étude, afin de s’assurer d’un approvisionnement continu des magasins, affirme-t-on dans ce plan de contingence.

« Plusieurs options d’optimisation avec nos réseaux de l’Ontario et des Maritimes, ainsi que l’achat de terrains situés dans d’autres provinces sont à l’étude, afin d’assurer le meilleur niveau de service possible et d’éviter toute interruption de service dans le futur », y est-il écrit aussi.

La haute direction y évoque le fait qu’à la suite du conflit de travail à Terrebonne, elle a déjà dû faire appel à ses autres centres en Ontario et dans les Maritimes, afin de maintenir l’approvisionnement des magasins.

Par courriel, le service des relations médias a expliqué sa façon de voir les choses : « nous cherchons toujours des moyens d’améliorer notre chaîne d’approvisionnement et notre réseau de centres de distribution. S’il y a une chose que la pandémie nous a apprise, c’est qu’un réseau de chaîne d’approvisionnement solide et résilient est essentiel à notre réussite. De nombreux problèmes nous ont poussés à réévaluer notre réseau, et un arrêt de travail en est un autre exemple », écrit-il.

« Pour continuer à soutenir nos magasins et nos clients au Québec, nous tirons parti de nos entrepôts voisins au Québec, en Ontario et dans l’Atlantique », ajoute-t-il.

Du côté du syndicat des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce, section locale 501, l’avocate et négociatrice Kim Bergeron a accueilli l’information « sans surprise », dans un contexte où les relations de travail sont difficiles. « Les menaces, ont est habitué », lance-t-elle.

Elle croit incontournable cet entrepôt de Terrebonne, « le plus compétitif », selon elle, et moderne, « qui a coûté des millions à l’employeur ».

La direction de Sobeys affirme que le salaire de ces employés d’entrepôt atteint près de 30 $ l’heure au sommet de l’échelle. Me Bergeron a confirmé 29,50 $ l’heure.

La direction affirme que les demandes syndicales signifient une augmentation de 25 % dès la première année, ce qui équivaudrait à une somme de 25 millions. Ces demandes « sont nettement supérieures à la moyenne du marché », critique la direction.

« Les demandes du syndicat ne nous permettront pas de rester compétitifs sur le marché québécois », soutient la direction de Sobeys.

Du côté syndical, Me Bergeron réplique que les grévistes de Terrebonne veulent obtenir la parité avec leurs collègues de Boucherville, sur le plan des conditions de travail, et la parité avec ceux d’un entrepôt qui a réglé durant la pandémie, pour ce qui est des salaires. Elle n’a pas confirmé le pourcentage d’augmentation revendiqué.

Sobeys se défend : « nous avons la réputation d’être des négociateurs justes, mais fermes et nous sommes déçus de ne pas avoir pu conclure un accord avec les TUAC 501. En tant que détaillant national, nous négocions environ 50 conventions collectives de travail chaque année. Nous n’avons pas connu de grève depuis plus de dix ans ».

Au Québec, Sobeys est surtout connu pour son enseigne IGA.

Et au Québec, le syndicat des TUAC est affilié à la FTQ.