Alimentation Couche-Tard a refilé aux consommateurs la facture de la hausse des prix du carburant tandis que ses marges demeuraient « relativement stables », malgré un choc inflationniste à la pompe.

« Ce n’est pas une bonne nouvelle pour les consommateurs quand on parle d’un choc de prix, a reconnu mercredi le président et chef de la direction, Brian Hannasch, lors d’une conférence téléphonique visant à discuter du plus récent résultat trimestriel. La hausse était tellement importante que l’industrie n’avait pas le choix de la faire suivre. »

La flambée des prix à la pompe est un phénomène mondial et tous les marchés (Canada, États-Unis, Europe) de l’exploitant de dépanneurs et stations-service ont été touchés.

Sans mentionner les critiques qui accusent l’industrie de pratiques anticoncurrentielles, M. Hannasch a dit que le secteur des stations-service demeurait « très » concurrentiel. « Nous sommes les seuls qui affichons nos prix à la vue de tous. »

La semaine dernière, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a accusé les pétrolières de s’entendre sur les prix, ce qu’il a comparé à un « vol qualifié ». Quelques jours plus tôt, le gouvernement fédéral avait annoncé avoir saisi le Bureau de la concurrence afin de surveiller le marché du carburant, lui demandant de s’assurer qu’il n’y ait pas de collusion dans la détermination du prix de l’essence, tandis que la guerre en Ukraine fait bondir le prix du pétrole. Le chef péquiste a toutefois accusé le Bureau de la concurrence de ne pas en faire assez.

Il est encore trop tôt pour dire si les consommateurs réduiront leurs déplacements pour s’ajuster à la hausse des prix, a dit M. Hannasch. Il note que les prix du baril et de l’essence se sont tempérés depuis le sommet de la semaine dernière. « Si ça reste un choc de courte durée, je ne crois pas que ça amènera un changement des comportements », a poursuivi le dirigeant, qui croit que la réponse à la question sera plus claire lors des prochains résultats trimestriels.

Les marges du carburant au renfort

Couche-Tard a dévoilé, la veille après la fermeture des marchés, des résultats supérieurs aux attentes des analystes, grâce à des marges plus importantes que prévu pour les stations-service aux États-Unis.

Au troisième trimestre (terminé au 31 janvier), la société a affiché une progression de 22,9 % de son bénéfice net tandis que ses revenus ont bondi de 41,2 %.

Dans l’ensemble, les résultats démontrent la force du modèle de Couche-Tard, malgré l’effet de la hausse des cas de COVID-19 sur la demande de carburant et pour les produits dans les dépanneurs.

Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux

Chris Li, de Desjardins Marché des capitaux, souligne que plusieurs projets visant à soutenir la croissance de l’entreprise sont « sur la bonne voie ». Il donne en exemple le déploiement des aliments frais dans 3200 dépanneurs à travers le monde, un segment qui affiche une forte croissance, l’installation de près de 1000 bornes de recharge électriques en Europe et l’utilisation de données locales dans les stratégies de marchandisation.

La chaîne de dépanneurs et de stations-service a vu son profit atteindre 746,4 millions US, soit 70 cents US par action, pour le trimestre clos le 30 janvier, alors que celui-ci avait été de 607,5 millions US, ou 55 cents US par action, lors de la même période un an plus tôt.

Les revenus de l’entreprise lavalloise ont totalisé 18,58 milliards US au plus récent trimestre, alors que son chiffre d’affaires avait été de 13,16 milliards US un an plus tôt.

Le bénéfice ajusté, qui exclut les éléments non récurrents, s’est chiffré à 70 cents US par action, contre 56 cents US par action de la même période l’an dernier.

Les analystes s’attendaient en moyenne à un bénéfice ajusté de 63 cents US par action, ainsi qu’à un chiffre d’affaires de 17,89 milliards US, selon les prévisions recueillies par la firme de données financières Refinitiv.

En attendant une potentielle acquisition, Couche-Tard a amplement de marge de manœuvre pour retourner de l’argent aux actionnaires sous forme de rachat d’actions, a indiqué le chef des finances de l’entreprise, Claude Tessier. Le ratio dette nette/bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de l’entreprise est « très bas » et inférieur à un niveau « confortable » de 2,25 fois.

Mercredi, l’action a gagné 2,91 $, ou 6,1 %, à 50,82 $, à la Bourse de Toronto.